Bernie

Catégorie : Cinéma

Genre : Comédie Noire, Comédie Dramatique

Année : 1996

Public : Interdit aux moins de 12 ans

Durée : 1H32

Nation : France

Réalisateur : Albert Dupontel

Acteurs : Albert Dupontel, Claude Perron, Roland Blanche, Hélène Vincent

Synopsis : Bernie, un orphelin jeté à la poubelle à sa naissance, a dépassé l’âge adulte depuis longtemps. Il décide de quitter l’orphelinat et de mener une vie normale. Mais plus que tout, Bernie veut savoir d’où il vient et qui sont ses parents. Sa quête l’entraîne dans les pires délires.  

Analyse critique :

(Attention Spoilers !)

Nous continuons notre petit cycle d’ « humour années 90 » avec aujourd’hui non pas un spectacle mais un film. De l’humour au programme certes, mais de l’humour noir et bien trash dans le fond. Et oui, je vous propose d’aborder Bernie, film culte sorti en 1996, réalisé et interprété par Albert Dupontel.

Albert Dupontel s’inscrit bien dans ce cycle car il a d’abord commencé en tant qu’humoriste. J’ai d’ailleurs à un moment pensé aborder ses spectacles, mais ça sera peut être pour une autre fois. Au début des années 90, Dupontel s’est en effet fait remarquer avec ses Sales Spectacles. L’humoriste pouvait déjà donner parfois dans un humour noir assez trash.

Mais visiblement, l’artiste est surtout intéressé par le cinéma et il a déjà réalisé un court métrage intitulé Désiré en 1992. En 1996 il se lance alors dans son premier long métrage Bernie. Pour le coup Dupontel porte la casquette de réalisateur et d’acteur.

Bernie raconte donc l’histoire d’un orphelin qui, devenu adulte, va chercher à en savoir plus sur son passé et à retrouver sa famille. Au final, notre joyeux luron déjanté va carrément s’inventer une vie fantasque.

Ne tournons pas autour du pot, Bernie est un vrai coup de maître. Dupontel réussit son film aussi bien devant que derrière la caméra. Sur ce dernier point, il signe clairement une très bonne réalisation, jouant admirablement des techniques et des effets de l’époque. Tout est bien filmé et le montage remarquablement géré. Je pense notamment aux divers fondus enchaînés que nous proposent le film et qui sont absolument superbes. Mais le rythme est également à l’image du comportement et de l’enthousiasme de son personnage principal. Dupontel crée également une ambiance à la fois glauque et déjanté typique des années 90. Evidemment l’humour noir est présent dans chaque ingéniosité visuelle de Bernie.

Certaines scènes font désormais partie du patrimoine français, notamment celle de l’oiseau mais surtout celle du carnage dans la villa. Après l’avoir visionnée, vous ne regarderez plus jamais une pelle de la même façon. On peut aussi évoquer les disputes musclées et trash du couple formé par les parents de Bernie.

Oui Dupontel ne fait pas non plus dans la dentelle et le film est assez trash et violent par moment. Mais le tout est toujours accompagné d’un humour noir irrésistible. Une fois encore j’en renvois aux « scènes de ménages » des parents de Bernie qui, selon moi, évoquent le mieux cet humour noir et trash. A cet humour noir, Dupontel sait parfois allier l’absurde, notamment dans la centrale désaffectée. J’espère qu’après ça vous aurez compris qu’il ne faut pas s’amuser à pisser sur les générateurs ! Ça peut vous plomber un rencard !

Pour sa première réalisation long-métrage, Dupontel fait du très beau travail et on sent qu’il a une très bonne culture cinématographique ainsi qu’un talent naturel.

Devant la caméra, l’acteur est également superbe. On aurait pu s’attendre à le voir jouer comme il le faisait plus ou moins sur scène, mais il sait justement se montrer beaucoup plus subtil sans pour autant oublier de rendre son personnage déjanté. Il parvient à nous rendre Bernie à la fois drôle, pathétique, flippant, touchant et toujours attachant. Autant dire qu’il livre une vraie performance d’acteur qui lui va comme un gant.

Mais Dupontel n’est évidemment pas le seul acteur.

On a Claude Perron dans le rôle de Marion, l’amour de Bernie. Une junkie blasée de la vie qui tente de survivre et de faire plus ou moins quelque chose de son existence minable. Claude Perron est elle aussi parfaite dans ce rôle qui contraste avec celui de Bernie. Son personnage est plus le témoin d’une certaine réalité sociale française.

Roland Blanche absolument hilarant et trash dans le rôle de Donald Willis, soit le père de Bernie. Une sorte de gros bourrin, chtarbé, opportuniste, déglingué, prédateur sexuel et psychopathe increvable. Ce personnage est probablement le plus barré du film et donc le plus drôle.

Pour finir, on ne manquera de noter la superbe prestation d’Hélène Vincent. Cette dernière qui interprète la mère de Bernie est l’inverse de son mari sur la forme. Une bourgeoise d’apparence un peu coincée et tétanisée par la situation dans laquelle l’entraîne son fils. Mais elle saura également se montrer coriace et implacable dans les moments forts avec son mari. Là encore l’actrice est absolument géniale.

Les seconds rôles qu’on trouve dans Bernie remplissent également très bien le quota.

La musique est quant à elle plus ou moins aussi déjantée que le film. Une musique enfantine pour commencer, puis on aura droit à quelques morceaux de la culture populaire. De même que certaines musiques plus émotionnelles.

Qu’en est il donc de Bernie ? Au final Dupontel réalise une comédie noire mais aussi une comédie dramatique qui raconte la tragédie de Bernie, un orphelin privé d’une belle vie qu’il cherche à retrouver. Mais la vie de Bernie n’est pas rose, ses parents ayant voulu s’en débarrasser par le vide-ordure à l’époque. Pourtant, Bernie s’imagine qu’ils sont des êtres attachants victimes d’un complot mafieux imaginaire. En premier lieu, on pense que Bernie est tellement atteint qu’il est devenu complètement naïf et farfelu, mais plus on regarde le film, plus on réalise qu’il semble avant tout s’imaginer volontairement un monde plus beau qu’il ne l’est. Il se voile la face sur la réalité pour se donner une chance de bonheur. En ce sens, si Bernie est un film trash et drôle, c’est également un film assez émouvant

Le génie de Dupontel (aussi bien derrière que devant la caméra), c’est d’avoir su lier cette humour noir à ce côté vraiment touchant. Dans le film, l’un ne va pas sans l’autre. A ce titre d’ailleurs, la fin est vraiment magnifique. Bernie est donc une œuvre émotionnelle au final, oscillant entre rires et larmes.

Quelque part, ce premier long métrage d’Albert Dupontel tient un peu du cinéma belge des années 90 qui était également assez décomplexé.

Ce premier coup d’essai pour l’humoriste/acteur/réalisateur est un véritable coup de maître. D’ailleurs, à sa sortie Bernie sera nommé aux Césars dans la catégorie « Meilleure Première Œuvre » bien qu’il ne remporta pas la récompense. Ce fut également un véritable carton auprès du public. C’est le genre de film qui devient culte dés l’avant première.

D’ailleurs au fil du temps, la réputation de Bernie n’a pas démenti. Il traverse les générations françaises et continue de fasciner, de faire rire et d’émouvoir. Cette totale réussite va permettre à Dupontel de prouver son talent de cinéaste et de faire carrière dans le milieu.     

Bernie est donc un petit chef d’œuvre d’humour noir et un film culte indémodable.

Note : 16,5/20

Comments

[Alice In Oliver]

à vince: faudrait vraiment que je le revoie, mais ce n'est clairement pas une priorité

[Vince12]

à Inthemood: Une tuerie en effet. C'ets vrai qu'au final je regrette de ne pas avoir inclus les spectacles de Dupontel dans ce petit cycle, je le ferai surement un jour.

[inthemoodforgore]

Du très grand Dupontel période trash dans la lignée de ses sketches de l'époque. Ça c'est du vrai culte made in 90's. A grand coup de pelle dans la tronche!

[borat8]

Du grand cinéma de genre français terriblement fun et délirant. Pour un premier film Dupontel casse la baraque!

[Alice In Oliver]

Ca fait longtemps que je ne l'ai pas revu. Je me souviens que je l'avais trouvé un peu surestimé à l'époque. Faudrait que je le revoie, mais pas une priorité...