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8 avril 2016

Braveheart

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Aventure, Historique, Biopic

Année : 1995

Public : Tous Publics

Durée : 2H51

Nation : USA

Réalisateur : Mel Gibson

Acteurs : Mel Gibson, Sophie Marceau, Patrick McGoohan, Catherine McCormack, Angus Macfadyen

Synopsis : A la fin du XIIIème siècle, l’Ecosse est écrasée par la domination anglaise. William Wallace, un jeune écossais n’ambitionne qu’une chose : cultiver un morceau de terre dans les belles prairies d’Ecosse et vivre heureux avec sa femme. Mais lorsque cette dernière est assassinée par des soldats anglais, Wallace prend conscience de la terreur que fait régner la couronne anglaise. Il prend la tête d’un groupe d’hommes et commence à organiser une rébellion. Il dirige une armée inférieure en nombre aux troupes du roi mais parvient pourtant à repousser les anglais jusqu’à leurs frontières : La Guerre est déclarée !    

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Sur ce blog, nous avons récemment abordé Mel Gibson. Grande star hollywoodienne, il a fait sa réputation d’acteur dans les années 80. Au début des années 90, alors qu’il est au sommet de sa gloire, il tente sa chance en tant que réalisateur en mettant en scène L’Homme sans Visage. Un petit film dramatique honorable qui se veut un très bon premier essai.

Alors qu’il enchaîne les succès en tant qu’acteur, Gibson décide que le moment est venu de passer aux choses sérieuses. Et autant dire que Mel ne craint pas de brûler les étapes. Car pour son second long métrage, il veut s’attaquer à un Biopic de William Wallace sur fond de grande fresque historique de près de trois heures. Il n’a pas froid aux yeux le Mel !

   

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William Wallace n’est ni plus ni moins que l’une des figures les plus mythiques de l’histoire d’Ecosse. Cependant, le but de Mel Gibson n’est pas vraiment de faire un Biopic ultra-réaliste mais une œuvre romancé (un peu trop même). Il s’adresse alors au scénariste Randall Wallace qui écrit le scénario du film à partir d’un poème épique d’Harry l’aveugle. D’ailleurs, lorsqu’on reprochera à Randall Wallace de s’être basé sur des sources trop romanesques plutôt qu’historiques, il répondra : « Est-ce qu’Harry L’aveugle a raison ? Je ne sais pas. Je sais que cela parlait à mon cœur et c’est ce qui m’importait ».

Cependant, la production va être très difficile. Au début, Mel Gibson et sa société Icon Productions ont du mal à trouver des investisseurs dans le projet. Cette fresque historique peut en effet coûter très cher. Même le fait que Gibson soit à l’affiche dans le rôle principal de William Wallace ne suffit pas à donner une garantie. La Warner Bros est prête à apporter les fonds nécessaires si Mel Gibson accepte de signer pour un quatrième opus de L’Arme Fatale ce qu’il refuse (il fera cependant ce quatrième épisode plus tard). C’est finalement la Paramount et le 20th Century Fox qui, main dans la main, vont produire et distribuer le film. Mel Gibson doit cette fois gérer un gros budget et beaucoup d’éléments, si bien qu’il ne veut que produire ce film qui a pour titre « Braveheart » (« Cœurs Vaillants ») et en laisser la réalisation à Terry Gilliam. Ce dernier décline l’offre et Gibson reprend les reines pour notre plus grand plaisir.

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Un long tournage commence alors en Ecosse et en Irlande (d’où est originaire la mère de Gibson). L’acteur-réalisateur voit les choses en grand en faisant intervenir parfois jusqu’à 1600 figurants pour certaines séquences. Il utilisera même des membres de l’armée irlandaise qui auront l’autorisation de se laisser exceptionnellement pousser la barbe. C’est dire si le projet est gros.

On pourrait penser que tout comme Icare, Gibson risque de se brûler les ailes à vouloir grimper trop haut, trop vite. Pourtant, il s’en tire à merveille. Si L’Homme sans Visage était un film plutôt conventionnel, Braveheart permet enfin à l’acteur-réalisateur d’imposer son style qui va marquer le cinéma des dernières décennies.

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Avec ce film, il affirme avoir voulu réaliser une œuvre dans la lignée de Spartacus de Stanley Kubrick (chroniqué ici). Il est vrai que William Wallace peut s’apparenter à une sorte de Spartacus. Il a également évoqué Les Grands Espaces de William Wyler. Gibson a donc réussi à retrouver cette pâte des grands films d’antan. Mais il y mêle également son style radical, sans concessions et brut de décoffrage qui fait parfois penser à du Sam Peckimpah (notamment sur l’utilisation des ralentis).

Braveheart met donc en scène le parcours extraordinaire de William Wallace, un rebelle écossais qui défia l’Angleterre et lui porta des coups sévères en élevant une armée et en remportant de nombreuses batailles.

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Pour évoquer le scénario, c‘est un peu le point négatif du film. Entendons nous bien, il est superbe, très bien travaillé, bien ficelé et ouvert à plein d’émotions. Cela dit, il a parfois tendance à se torcher avec la réalité historique. Certains anachronismes sont grossiers. Le pire étant celui qui présente la romance entre Wallace et Isabelle de France, alors que les deux ne se sont jamais rencontrés puisqu’Isabelle n’était pas mariée au roi d’Angleterre à l’époque. Ensuite, on voit dans le film que l’un des éléments déclencheurs de la révolte des écossais est « le droit de cuissage » dont jouissent les anglais. Le droit de cuissage est en fait un droit autoproclamé qui permet à l’envahisseur de jouir en premier et de dépuceler une jeune mariée de la population autochtone. Au XXIème siècle, il est désormais temps d’en finir avec cette légende : Jamais le droit de cuissage n’a existé ! Et ce n’est qu’une pure invention de l’après révolution ! Mel Gibson reconnaîtra d’ailleurs son tort à ce sujet.

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Après, le film reste cependant un Biopic, car historiquement, il suit bien la progression de William Wallace et la suite de ses batailles contre l’empire britannique. De même que la fin terrible de William Wallace. A ce niveau là, rien à dire et on appréciera particulièrement la phrase de début « je vais vous raconter la vie héroïque de William Wallace. Les historiens anglais me traiteront de menteurs. Mais l’histoire officielle n’est-elle pas toujours écrite par ceux qui ont pendus les héros ? ». Tellement de vérité dans cette phrase…

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Parlons maintenant de la mise en scène du film. Dés le début on est happé par les superbes images des paysages somptueux et fantastiques d’Ecosse, le tout accompagné de la musique de James Horner. D’entrée, on voit que Gibson a l’intention de faire les choses en grand. Face à certaines images on pourrait penser à John Ford. On pourrait avoir tendance à parler de L’Homme Tranquille qui se passe en Irlande. Mais au final, je citerai carrément La Prisonnière du Désert pour certains plans.

Mais quand on parle de Braveheart, on pense évidemment aux scènes d’action et notamment aux séquences de batailles. Et là, il faut le dire, Mel Gibson a réalisé des scènes d’anthologie. On pourrait même aller jusqu’à dire que dans la façon de réaliser des scènes de bataille, il y’a eu un avant et un après Braveheart. Ici, les batailles cherchent un certain réalisme et sont surtout très crues. Membres arrachés, empalement, égorgement, sang coulant à flots… Mel Gibson est sans concessions et encore le montage a revu les séquences de guerre pour les rendre moins trashs que ce qu’elles ne l’étaient à l’origine. Gibson met aussi en scène ces séquences de façon virulente avec beaucoup de mouvements de caméra pour faire comprendre le chaos qui règne sur un champ de bataille. Par la suite, tous les films de ce genre qui suivront seront influencés par Braveheart. Des œuvres comme Gladiator ou Le Seigneur des Anneaux doivent beaucoup au film de Mel Gibson.

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L’acteur-réalisateur sait également se montrer brillant pour les scènes dramatiques et plus émotionnelles. On pensera notamment aux scènes d’amour avec Murron qui sont magnifiques. Mais surtout à la terrible séquence de torture finale bien dans le style du bonhomme, et qui illustre à elle seule ce que beaucoup détestent chez lui. Notamment une « exhibition » de la douleur. En réalité, il n’y a là rien de gratuit, puisque en réalité, William Wallace fut abominablement torturé. D’ailleurs le film a été édulcoré, à la base Gibson avait conçu une scène longue montrant davantage la réalité des épreuves subies par Wallace. Mais la production les fit couper au montage les jugeant trop choquantes. En réalité, Mel Gibson s’inscrit ici dans une vision traditionnaliste catholique qui ne consiste pas à exalter la souffrance comme on a pu le dire, mais qui en réalité est un chemin initiatique semblable au chemin de croix du Christ pour atteindre la rédemption. Non pas la rédemption personnelle mais celle de l’humanité. A travers ses souffrances, Wallace lave la traîtrise de certains de ses fidèles et les erreurs de ses plus proches. Le personnage a donc une dimension mystique et surtout christique. Gibson livre vraiment un travail impressionnant. Son style s’exprime ici littéralement. Et franchement ça fait plaisir ! Gibson fait partie de ses rares personnages du septième art comme un Clint Eastwood qui excelle aussi bien derrière que devant la caméra.

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Et justement, parlons de sa prestation devant la caméra. Là encore il est formidable, il peut compter sur son charisme naturel et on ne l’avait sans doute pas vu avec les cheveux aussi longs depuis Mad Max 3 : Au delà du Dôme du Tonnerre. L’acteur est certes hollywoodien dans sa façon de jouer Wallace mais il est parfaitement crédible. Et une fois encore, sur la séquence finale il est formidable.

Dans le casting, on retrouvera également Sophie Marceau. Ce choix d’actrice permet aussi de dévoiler une grande qualité de metteur en scène chez Gibson. Il cherche l’authentique et confie le rôle d’une française à une française (bon on pourra me rétorquer qu’il est américo-australien et qu’il joue un écossais). Il n’hésite d’ailleurs pas à placer quelques mots de français pour rendre le tout plus crédible. Sophie Marceau, qu’on n’aurait pas forcément vu dans ce genre de film à l’époque, signe là ce qui est peut être l’une de ses meilleures prestations (en même temps l’actrice n’a pas non plus eu une carrière brillante bien qu’assez prolifique).

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Patrick McGoohan incarne quant à lui à la perfection l’impitoyable Edouard Premier.

Mais l’une des performances remarquables est celle d’Angus Mcfayden jouant Robert Le Bruce. Il illustre parfaitement ce mélange de faiblesse et de courage, de fidélité et de couardise, d’honneur et de traîtrise. C’est sans conteste le personnage le plus complexe du film et l’un des plus intéressants, notamment au vu de son parcours. Là encore, à l’instar de William Wallace et de plusieurs autres personnages du film, Robert Le Bruce a réellement existé.

Pour finir, on retiendra Catherine McCormack dans le rôle de Murron, la femme de William Wallace.

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Braveheart est ensuite bercé par la superbe BO signée James Horner. Il avait déjà travaillé avec Mel Gibson sur son film L’Homme sans Visage et avait signé une musique bonne mais vraiment banale et éloignée de tout ce qu’il avait pu faire. Mais il faut dire que le matériau de base n’était pas des plus inspirants non plus. Or, ici, il y’a de quoi faire et James Horner compose ce qui est sans conteste l’une de ses meilleures partitions. Il parvient à véhiculer énormément de sentiments à travers sa musique. C’est vraiment un régal pour les oreilles. De plus, la BO est très riche et comporte un très grand nombre de thèmes.

Braveheart s’impose comme un vrai chef d’œuvre. Pour un second film, c’est incroyable de voir le niveau qu’a atteint Mel Gibson en si peu de temps. Il s’impose déjà comme un très grand cinéaste.

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Braveheart est un superbe biopic certes romancé et prenant des libertés avec l’Histoire, mais terriblement beau. Le film exalte des valeurs telles que le courage, l’honneur, le patriotisme ou encore le sens du sacrifice. Des valeurs totalement oubliées et même condamnées dans nos sociétés modernes pourries. Et c’est de l’exaltation de ses valeurs que vient le souffle épique de Braveheart. C’est pour ça que le film a parlé à autant de monde. Car oui Braveheart sera un énorme succès totalisant des recettes incroyables.

Le succès sera aussi critique et le film sera d’ailleurs couronné de cinq oscars dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur. Avec le temps, Braveheart s‘est imposé comme un film culte et même comme un classique de l’histoire du cinéma. Souvent imitée jamais égalée, cette œuvre a imposé Mel Gibson comme l’un des grands noms du cinéma. On peut même dire que l’acteur-réalisateur atteint ici l’apogée de sa carrière en termes du succès. Tout lui sourit, tout ce qu’il touche devient de l’or et sa popularité est au sommet.

 

Braveheart marque un tournant décisif dans sa carrière et se révèle être un des plus grands chefs d’œuvres du cinéma des années 90.              

       

                 

Note : 18/20

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Commentaires
V
à Vora: Ah oui je crois que j'avais entendu cette anecdote. Effectivement je n'ai pas pensé à la citer. Merci pour tes compliments en tout cas ;)
V
Oui, une oeuvre majeure et déjà les bases des thèmes qui font la pâte de Mel. Rien à rajouter, bon boulot de chronique. Il y avait l'anecdote des chevaux peut être, la production ayant été attaquée par des associations défenseuses des animaux, toutefois les chevaux perforés par des lances étaient des répliques réalistes. Gibson n'est pas Deodatto ou Mattéi :)
T
Quelques grosses libertés historiques mais l'ensemble est si épique et bien mené, finalement on s'en fout de ces "erreurs". Une bonne surprise et heureuse de voir Gibson également bon réalisateur ! :D
B
Un superbe thème romantique. Magnifique même.
V
à Borat: Oui en effet ça fait un an pour James Horner. Il est vrai que sa musique est vraiment superbe et berce remarquablement les formidables images des paysages écossais. Ma partition préférée reste je pense "The Secret Wedding". Après le film este aussi un biopic superbe malgré, effectivement, les grandes libertés prises par le scénariste.
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