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6 janvier 2015

Le Parrain 3

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Gangsters, Drame, Polar

Année : 1990

Public : Interdit aux moins de 12 ans

Durée : 2H43

Nation : USA

Réalisateur : Francis Ford Coppola

Acteurs : Al Pacino, Andy Garcia, Diane Keaton, Sofia Coppola, Talia Shire, Eli Wallach, Joe Mantegna, Franco Citti, Bridget Fonda, Richard Bright.

Synopsis : New York 1979. Les années se sont écoulées pour Michael Corleone, puissant mafieux âgé désormais de soixante ans. Depuis le meurtre commandité de son frère Fredo, Michael est désormais en quête de rédemption. Il veut rattraper ses erreurs et œuvrer pour des bonnes causes et a bien l’intention de mettre fin à ses activités illégales. C’est pourquoi il conclut une affaire avec le Vatican. Mais cette affaire pourrait bien ne pas être aussi blanche qu’elle n’en a l’air. De plus, par ce choix, Michael se met à dos les autres familles New-yorkaises. Il devra compter sur son jeune et fougueux neveu Vincent Mancini pour espérer sauver la famille Corleone.

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Coppola a lancé sa carrière avec Le Parrain en 1972. Ce succès devait par la suite lui permettre d’ouvrir toutes les portes et de devenir le roi d’Hollywood durant les années 70. Il avait rechigné à l’idée de faire un second épisode en 1974, mais avait finalement accepté pour nous livrer ce qui est considérée comme la meilleure suite de tous les temps. Cette suite semblait d’ailleurs clore définitivement l’aventure du Parrain avec son plan final. Coppola avait donc fait une croix sur les Corleone.

Mais à la fin des années 70, le réalisateur n’était plus le roi d’Hollywood. Son premier film de cette période fut Coup de Cœur qui pour sa carrière fut une catastrophe, car il se retrouva endetté pendant dix ans. Par la suite il enchaîna sur des films plus personnels qui eux aussi n’allait pas servir sa cause auprès des studios. Trois de ces films (Rusty James, Cotton Club et Jardins de Pierre) furent des échecs cuisants.

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Le réalisateur n’est plus en position de dicter sa règle comme il avait pu le faire dans les années 70 pour Apocalypse Now. Il a besoin de regagner de la crédibilité. Mais Coppola est un artiste et veut continuer à faire des films d’auteurs personnels. Il pense réaliser Megalopolis, un projet de film de Science Fiction trop ambitieux qui ne verra jamais le jour. Il a alors en tête un film de famille qui serait selon ses propres mots « dans la lignée du Parrain ». Mais les studios sont intéressés par un film qui serait carrément Le Parrain. Coppola qui s’était promis de ne pas donner de troisième épisode renie son serment. Il comprend que dans la situation où il se trouve, il a besoin d’un succès. Ce succès serait un nouveau Parrain qui pourrait qui plus est s’accorder parfaitement avec sa volonté de faire un nouveau film de famille personnel.

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C’est ainsi que naît le projet du Parrain 3. Pour ce film, Coppola pense réunir les deux fils restants (même si l’un des deux n’est que le fils adoptif) des Corleone. Ce qui implique de refaire appel bien évidemment à Al Pacino et Robert Duvall. Pas de problème avec le premier, mais avec le second en revanche… En effet Duvall exige le même cachet que Pacino. Coppola décide donc de se passer de lui. On peut comprendre pourquoi Duvall a eu les dents longues. Car à la base Coppola voulait faire tourner le film sur la relation conflictuelle entre les deux héritiers des Corleone. Ce qui aurait sans doute donné un film bien meilleur.

Mais le réalisateur se rabat plutôt sur une histoire consacrée à la rédemption de Michael Corleone. Pour information, Le Parrain 3 divise beaucoup les fans de la saga. Certains préfèrent oublier ce troisième épisode et d’autres le défendent. Mais généralement le film ne séduit pas vraiment les amateurs des deux précédents volets. Pourquoi ? C’est à cette question que je vais tenter de répondre au cours de cette chronique tout en apportant mon avis sur ce troisième opus.   

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Pour ce qui est de la réalisation, on se retrouve avec des différences par rapport aux deux précédents. Certes, les deux premiers Parrains, était déjà différent sur leur ambiance, mais dans l’ensemble on pouvait plus ou moins retrouver le même style de réalisation. Or, dans Le Parrain 3, Coppola oublie les plans larges pour au contraire les resserrer sur ses personnages et notamment celui de Michael. On comprend que le réalisateur veut signer un film plus intimiste. Ce qui n’a rien d’étonnant quand on connaît son projet de départ, de faire un film vraiment dédiée à la famille. Mais personnellement je trouve que le film y perd beaucoup et ne retrouve jamais la puissance visuelle et stylistique des deux premiers opus.

Pour autant Coppola reste Coppola. Entendez par là que le maestro sait toujours manier la caméra admirablement bien. Là encore avec ce troisième épisode, il change d’ambiance. On est désormais à New York dans les années 70, mais aussi et beaucoup en Europe et notamment au Vatican. Le Parrain 3 est donc sans conteste celui qui tranche le plus au niveau de l’atmosphère avec les autres épisodes. C’est sans doute pour cela que le film a autant de détracteurs. Le Parrain est avant tout une saga bien américaine, son sujet est par essence américain. Or la plus grande partie de cet épisode se déroule en Europe. Le Parrain c’est aussi l’ancienne époque, les années 40-50. Or ici on se retrouve plongée à la fin des années 70. L’univers paraît très différent.

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Mais bon, restons sur la réalisation. Coppola signe une fois encore une très belle mise en scène. On retiendra évidemment la séquence d’ouverture comme souvent dans cette saga. On retrouve d’abord la villa du Nevada en ruines, avant de découvrir que Michael est reparti vivre à New York. La cérémonie du Vatican est remarquablement bien foutue, la scène de l’attaque en hélicoptère qui reste véritablement spectaculaire, les meurtres crapuleux, la confession de Michael, l’avènement de Jean Paul 1er . Mais on retiendra surtout la purge finale (qui là encore est la tradition de chaque épisode). Une purge qui finira très mal pour les Corleone cette fois. Comme je l’avais évoqué dans les précédentes chroniques, Le Parrain ressemble à un opéra dans sa mise en scène, un véritable opéra sanglant plein de meurtre. Or, ici, le réalisateur pousse le phénomène très loin, puisque les meurtres sont montrés en parallèle d’une scène d’opéra où chante le fils de Michael. On pourra aussi y voir un clin d’œil à la purge du premier film qui se déroulait en parallèle d’un baptême.

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 Bref en ce qui concerne la mise en scène, Le Parrain 3, bien qu’étant une fois encore moins puissant que les deux précédents, s’impose comme une véritable leçon.

Mais venons-en au casting.

On retrouve donc Al Pacino dans le rôle de Michael Corleone, le personnage principal de la saga. Autant dire que Michael est méconnaissable, trop même. Le protagoniste est sur une période de rédemption ce qui explique ce changement. Pacino incarne donc un autre homme. Premièrement l’acteur a vieilli et physiquement il a changé (sans parler du maquillage destiné à le faire paraître plus âgé qu’il ne l’est déjà). Ce Michael Corleone semble se rapprocher de son père Vito. C’est une sorte de vieux mafieux assagi par les années. Il parle désormais avec une voix cassée comme son père. Pacino interprète très bien ce nouveau Michael, mais le problème réside dans le fait que le personnage paraît trop différent des précédents. Une fois encore, je suis conscient que le sujet de ce nouvel épisode est la métamorphose de Michael rongé par la culpabilité du meurtre de son frère et qui tente de racheter ses erreurs du passé. Mais personnellement, j’ai du mal à me dire que c’est le même personnage. Le changement est trop gros et le protagoniste n’a au final  plus rien à voir avec Michael Corleone. Je pense que c’est là encore un aspect qui a rebuté les fans de la première heure. Ceci s’explique sans doute par le fait qu’à la base, cette histoire de famille n’était pas, comme je l’ai précisé plus haut, faite pour être un épisode du Parrain. Pour autant, Pacino n’est pas n’importe qui et sa performance est excellente bien qu’inférieure à celle du second épisode. L’acteur exploite littéralement son talent sur la fin du film lors du meurtre de sa fille. Le personnage entre alors dans une crise d’hystérie et de tristesse. C’est peut être la scène la plus intense que Pacino est jamais tourné dans Le Parrain.

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Pour le reste, on a droit à un nouveau personnage qui est celui de Vincent Mancini neveu de Michael et fils de Sonny. Coppola a eu l’idée d’en faire une synthèse des fils Corleone. Ainsi, Vincent a l’impulsivité de Sonny, la bonhommie de Fredo et le côté calculateur de Michael selon le réalisateur. C’est Andy Garcia qui interprète le rôle. Ce dernier s’était déjà fait repérer sur un autre film culte de policier/gangsters de 1987, Les Incorruptibles de Brian De Palma. Pourtant au début Coppola ne voulait pas de Garcia qui  n’avait pas d’origines italiennes mais cubaines. Mais au final, le réalisateur sera conquis. Garcia est donc la nouvelle star du Parrain. L’acteur s’en sort plus que bien et signe même une des meilleures performances de sa carrière. Il sera d’ailleurs nominé pour l’oscar du meilleur second rôle. Cependant, malgré son talent, il a bien du mal à passer après les têtes d’affiches du Parrain qu’étaient, Marlon Brando, Robert De Niro, Al Pacino…

 

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Dans ce nouvel opus on retrouve cependant Diane Keaton déjà présente dans les deux films précédents. Après sa relation conflictuelle avec Michael dans le second film, le personnage de Kay semble prêt à enterrer la hache de guerre face à un Michael changé. L’actrice reste égale à elle-même et livre une bonne prestation.

Talia Shire retrouve le rôle de Connie.  La seule fille sur Don. Plutôt dépendante de ses frères et ne se mêlant pas des affaires de la famille lors des précédents opus, on la retrouve comme une femme bien mûrie (Le personnage allait déjà un peu dans cette direction lors du second épisode). Ici elle semble assez indépendante et surtout s’implique plus que jamais dans les affaires des Corleone. Elle a même tendance à prendre en main  la famille. Elle jouera également un rôle actif dans la purge finale. Talia Shire apparaît donc elle aussi dans un personnage changée qui aujourd’hui soutient un vieux Michael.   

 

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Mais l’autre grande nouveauté du casting avec Garcia, c’est Sofia Coppola qui interprète la fille de Michael. Pour info, elle avait déjà un petit rôle dans le premier Parrain, elle était le bébé de la scène du baptême. Pour ce qui est de son rôle dans ce troisième chapitre, autant annoncer la couleur, l’actrice s’est faite défoncer pour sa prestation. Personnellement je ne pense pas que son interprétation mérite tant de haine, mais clairement on ne la retiendra pas. Son « dad » (ou « papa » en VF) avant de mourir sonne faux. Pourtant je trouve que l’actrice livre une performance honnête.

Pour rester sur les nouvelles têtes, on sera heureux de voir Eli Wallach s’ajouter au casting. Cet acteur Italo-américain méritait sa place dans la saga. Il interprète ici le chef mafieux Don Altobello. Quelque part ce rôle reste dans la lignée des rôles de bandits auquel est accoutumé Wallach. L’acteur sait parfaitement ce qu’il doit faire et signe une très bonne prestation.

 

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On retrouvera cependant aussi des têtes connus. Franco Citti le très grand acteur italien reprend son rôle du premier opus. Et puis bien-sûr Richard Bright jouant Al Neri, l’éternel homme de main des Corleone.

A noter aussi la présence de Bridget Fonda.

 

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Concernant la musique, le réalisateur reprend les partitions de Nino Rota. Cependant la BO est supervisée par son père Carmine Coppola qui avait déjà participé à la musique du Parrain 2. Il reprend également la musique Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni, ce qui n’était pas forcément une bonne idée puisque le thème était trop lié au cinéma par le Raging Bull de Martin Scorsese.

Au final, Le Parrain 3 est un film qui aborde des thématiques passionnantes. La difficulté d’un homme à se défaire du milieu criminel. Comme on dit souvent « plus facile d’y entrer que d’en sortir ». Michael ne parvient pas à se débarrasser de son passé qui revient sans cesse le hanter depuis la mort de son frère. Le film traite également d’un amour interdit intéressant entre cousin-cousine au sein d’une famille italo-américaine traditionnelle et mafieuse.

 

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Cet opus se veut également être le plus politique de tous. Il suit donc le sens logique de la saga puisque Le Parrain 2 était déjà plus politique que le premier. Coppola nous montre donc un système ravagé par les magouilles et la corruption. Même l’institut saint du Vatican est corrompu. Bien évidemment, ce que Coppola vise à travers cette histoire, c’est le fameux scandale du Banco Ambrosiano. Scandale qui impliquait la Mafia et la banque du Vatican.    

Mais Le Parrain 3 semble avant tout tourné autour de son personnage principal Michael et de ses actions passées. Mais il y’a comme une malédiction qui s’attache à lui. Le passé revient le hanter et il n’arrive pas à s’en détacher (ce qui est représenté par son impossibilité de quitter le milieu du crime). Cette malédiction semble même le condamner à souffrir indéfiniment. Pour info Coppola pensait réellement faire mourir Michael assassiné à la sortie de l’Opéra à la fin de ce troisième opus mais il préfèrera le laisser « brûler en Enfer », selon ses propres mots et vivre dans la douleur de la mort de sa fille. Cette scène a également quelque chose de très personnel pour Coppola, car il la réalise en pensant à la mort de son fils Giancarlo trois ans plus tôt. La malédiction qui s’attache à Michael semble faire écho au meurtre de son frère qu’il a commandité.

 

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Au final la dernière image montrant la mort de Michael, peut rappeler celle du Don (qui mourrait lui aussi dans un jardin), mais surtout la dernière image du Parrain 2.

A sa sortie Le Parrain 3 ne fera pas l’unanimité auprès des critiques. Bien que le film soit nominé à sept oscars en 1991, dont celui du meilleur film (il n’en remportera aucun), certains lui reprocheront le fait d’être inférieur aux précédents et railleront la prestation de Sofia Coppola.

 

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Quant au public, il sera encore moins enthousiaste. Le Parrain 3 qui devait relancer la carrière du cinéaste, sera au final un semi-échec. Aujourd’hui encore, le film est boudé par les certains fans qui préfèrent voir Le Parrain comme un diptyque.

Pourquoi ces réactions ? Personnellement je pense, comme pas mal de personnes d’ailleurs, que Le Parrain 3 est un très bon film qui a seulement été mal compris. Le changement radical du ton peut décontenancer, de même que les changements radicaux au niveau des personnages. Mais Coppola propose ici quelque chose vraiment nouveau et ne se contente pas de nous resservir la même recette. Il réalise un film beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît avec des thèmes passionnants (même si celui de la rédemption peut paraître trop classique). Le public n’attendait certainement pas un tel film et a, à mon avis, été décontenancé.

 

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Mais il y’a aussi peut être le fait qu’en 1990, le film de gangsters change de visage. C’est notamment l’année de sortie des Affranchis de Martin Scorsese qui offre une fresque sur la Mafia qui est l’antithèse totale du Parrain et qui par son univers collera mieux à la réalité de l’univers du grand banditisme et aux critères de l’époque, s’imposant comme l’une des étapes majeures du genre (ce qui n’est pas le cas du Parrain 3). Mais là encore on en revient à un malentendu, car Coppola l’a répété depuis le début, Le Parrain c’est avant tout un film de famille.

Au cours de la chronique, on a aussi pu voir que le film souffrait de la comparaison avec les deux précédents. Et c’est là la faute majeure de ce film (qui en fait n’en est pas une) : c’est de passer après deux monuments trop excellents.

 

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Malgré tout, Le Parrain 3 reste un film sous estimé qui bien qu’il ne se montre pas à la hauteur pour clore la saga, se révèle être un excellent film personnel et profond.     

  

 

Note : 15/20

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Commentaires
A
indéniablement
V
à Oliver: Comme on l'avait déjà dit sur naveton, il a le malheur de passer après deux gros chefs d'oeuvres
A
un peu sous estimé par ailleurs
V
à Borat: Oui je suis d'accord, d'ailleurs je le dis dans la chronique, mais je trouve que la volée qu'elle a reçu à la sortie du film était tout de même disproportionnée .
B
Peut être pas mais bon elle ne joue pas terrible quand même.
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