Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
E-Pôle-Art
Derniers commentaires
Archives
9 janvier 2015

Dracula (1992)

 

0

 

Catégorie : Cinéma

Genre : Fantastique, Horreur, Epouvante

Année : 1992

Public : Interdit aux moins de 12 ans

Durée : 2H03

Nation : USA

Réalisateur : Francis Ford Coppola

Acteurs : Gary Oldman, Winona Ryder, Anthony Hopkins, Keanu Reeves, Sadie Frost, Monica Bellucci

Synopsis : En 1492, le seigneur Vlad l’Empaleur, plus connu sous le nom de Comte Dracula part combattre les turcs au nom de l’Eglise. Mais lorsqu’il rentre victorieux de bataille, il découvre que sa bien aimé Elisabeta est morte. Cette dernière s’est suicidée suite à une rumeur qui prétendait que Dracula était mort. Le Comte renie sa foi et se damne en faisant appel aux pouvoirs maléfiques. Il gagne la vie éternelle mais se transforme en un Vampire assoiffée de sang. Quatre siècles plus tard, il découvre Mina, qui est la réincarnation d’Elisabeta.     

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Il faut bien l’avouer, si Francis Ford Coppola a été un réalisateur à succès et le roi d’Hollywood dans les années 70, on ne peut pas en dire autant pour les années 80 qui furent désastreuses pour sa carrière. Pourtant le réalisateur faisait encore des films de très bonne qualité mais trop personnels ou hors jeu pour toucher le public. Même le troisième épisode du Parrain fait en 1990 et qui devait l’aider à relancer sa carrière fut boudé par beaucoup de fans des deux premiers.

Pour Coppola, tout semblait perdu. Et pourtant, il faut croire que le réalisateur a plus d’une corde à son arc. Pour rebondir et remettre à flots sa carrière, il choisit d’adapter un classique, Le Dracula de Bram Stoker. Un film fantastique de vampires et une nouvelle adaptation de ce livre culte. Autant dire que le cinéaste semble aller pour la première fois vers du commercial. Mais en réalité Coppola reste un artiste et veut signer un film artistique qui pourra marcher au Box-office. Le défi est de taille, mais le réalisateur aussi.

1

En 1992, Coppola se lance alors dans sa nouvelle version de Dracula. Des versions cinémas il y’en a eu des tas, les plus célèbres étant : Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau, Dracula de Tod Browning, Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher et Nosferatu, Fantôme de la Nuit de Werner Herzog.

Coppola ne veut pas signer un film dans la lignée des précédents, mais bien quelque chose de nouveau.

2

Pour réaliser ce film, il revoit toutes les versions de Dracula mais aussi des œuvres telles que Citizen Kane et Falstaff d’Orson Welles ainsi que  Ivan le Terrible d’Eisenstein. On voit donc déjà l’ambition du cinéaste avec cette nouvelle version. Ambition qui éclate surtout à l’écran.

Coppola signe une réalisation magistrale comme d’habitude. Il nous introduit en premier lieu avec un superbe Flash Back qui annonce déjà le vernis fantastique du film. L’esthétique baroque vient magnifier les images, la bataille étant montrée comme un spectacle d’ombres chinoises sur toile rouge. 

3

Après cela le cinéaste nous amène vers l’Angleterre dans une ambiance lumineuse et rigoureuse qui n’en reste pas moins fantastique. On arrive ensuite dans une Transylvanie cauchemardesque. Coppola est bien dans la tradition du film fantastique qu’il exploite avec son génie visuel. Il crée une atmosphère vraiment sombre et prenante. L’apogée est atteinte lorsqu’on pénètre dans le château du Comte Dracula. C’est là qu’on sent l’inspiration de la seconde partie d’Ivan le Terrible. On sent également l’amour du cinéaste pour les films d’époque. Certaines images nous renvoient aux chefs d’œuvres des années 40-50.  Je pense que les images et l’atmosphère que le cinéaste met en place ont largement influencé le cinéma fantastique qui viendra après. Mais je me demande parfois aussi si Coppola ne s’est pas parfois inspiré de La Belle et La Bête de Jean Cocteau quand je vois certaines images et ambiances. Le réalisateur parvient à créer un univers gothique et puissant qui n’a au final quasiment rien à voir avec le travail d’un Tim Burton par exemple. Il semble plus se référer aux vieux films d’époque, tout en apportant son style personnel. Le résultat est incroyable, rien que pour cette première partie jusqu’en Transylvanie le film vaut le coup d’œil.

4

On retiendra des scènes comme la chevauchée à travers un pays de cauchemar. Les scènes dans la demeure de Dracula et notamment celle où notre héros se fait sucer le sang (et pas autre chose bande de filous !) par les vampiresses de Dracula. Cette scène est absolument incroyable, mêlant horreur et érotisme, elle est absolument hypnotique. On a là une représentation de la beauté fatale. Coppola filme ces femmes comme de véritables plantes vénéneuses. Belles mais très dangereuses.     

La seconde partie se déroule à Londres et reste dans le domaine fantastique tout en nous offrant une ambiance différente. En revanche ici, par moment le style de Coppola peut évoquer parfois celui de Burton. Mais dans l’ensemble le cinéaste reste fidèle à lui-même avant tout et nous pond des images superbes.

5

Là encore on retiendra les scènes qui font évoluer les relations entre Dracula et Mina, la transformation du comte en monstre ou encore le final terrifiant.

Travailler dans le domaine du fantastique est quelque part une aubaine pour Coppola. En effet je dirais que le réalisateur peut laisser libre court à son goût d’une mise en scène spectaculaire et très élaborée, sans risquer d’en faire trop et de franchir les limites du réalisme. Et une fois encore le cinéaste s’en sonne à cœur joie. J’espère que les images que je choisis seront de bons témoins. Coppola joue sans cesse avec les ombres dans la tradition du théâtre chinois comme il sait si bien le faire.

6

J’ai d’ailleurs envie d’évoquer le nom de Garrett Lewis qui nous offre des décors somptueux qui contribue énormément à la tonalité du film. Evoquons aussi les magnifiques costumes d’Eiko Ishioka.

Mais dans l’ambiance du film il faut également citer la musique. Coppola fait appel à Wojciech Kilar qui signe une superbe BO. Sa musique qui peut paraître certes un peu classique colle très bien aux images et à la tonalité du film.

Pour ce qui est du casting, là encore le cinéaste a su bien s’entourer.

7

Pour le rôle principal de Dracula il choisit Gary Oldman. L’acteur jouissait déjà à l’époque d’une bonne réputation et s’était fait remarquer aux USA pour son rôle de Lee Harvey Oswald dans le film JFK d’Oliver Stone. Il reste donc, dans cette période des années 90 accoutumé aux rôles de méchants (enfin est-il vraiment méchant ici ? nous en reparlerons plus loin…). Oldman signe tout simplement l’une de ses plus belles prestations, si ce n’est la plus belle à mes yeux. Premièrement l’acteur se voit proposer plusieurs transformations physiques impressionnantes. On pensera notamment au Dracula du château du début où l’on reconnaît bien les traits d’un Oldman pourtant monstrueux d’apparence. Par la suite, il représente admirablement bien le charme maléfique de ce comte Dracula qui est prêt à tout pour retrouver sa bien-aimée. La prestation d’Oldman n’a plus rien à voir avec les Draculas glacials des anciennes versions. Son personnage s’humanise. Oldman est donc plus que convaincant et sa performance représente une bonne partie de la qualité du film.

9

Ensuite pour interpréter Elisabeta/Mina, on a la magnifique Winona Ryder. Elle s’était déjà faite remarquée chez Tim Burton (Beetlejuice et Edward aux Mains d’Argent). Elle aussi est parfaite pour ce double rôle. Passant de la clarté à la folie avec talent. Elle paraît à la fois innocente et diabolique. Ryder dévoile l’étendue de son jeu d’actrice.

Le superbe couple formé par Oldman et Ryder est l’un des piliers central de cette nouvelle adaptation. Entre les deux comédiens la fusion semble fonctionner à merveille. Une sorte d’amour malsain et maléfique.

11

Mais outre  le couple, il y’a Anthony Hopkins dans le rôle d’Abraham Van Helsing. L’acteur qui s’est rendu mondialement célèbre l’année précédente de par sa prestation d’Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux est lui aussi taillé pour ce rôle. Sa prestation vient concurrencer celle d’Oldman. A l’image du personnage, elle est complètement folle. Hopkins était clairement l’homme de la situation, l’acteur s’en donne à cœur joie pour notre plus grand plaisir.  

On a également Keanu Reeves pour interpréter Jonahan Harker. On peut reprocher au jeu de l’acteur d’être un peu trop classique dans la première partie mais il se dévoile sur la seconde, alors qu’il est prisonnier des vampiresses et qu’il doit s’enfuir pour aller secourir Mina.

12

On notera également un petit rôle de Vampiresse pour la sublime Monica Bellucci.     

Vous l’aurez compris, cette nouvelle version de Dracula est une totale réussite. Coppola semblait être l’homme de la situation pour apporter du sang neuf (sans mauvais jeu de mots) à cette histoire. Son Dracula rejoint les versions de Murnau, Browning, Fisher et Herzog au panthéon.

16

En réalité, avec cette nouvelle version, Coppola n’a fait que suivre le schéma logique des autres adaptations au fil du temps. En effet plus on avance dans les versions de Dracula, plus le personnage est humanisé. Mais en l’occurrence le réalisateur semble ici sauter plusieurs marches. Il ne cherche pas à être tellement fidèle à l’histoire d’origine, mais plutôt à apporter sa vision du mythe de Dracula. L’histoire d’un homme prêt à vendre son âme au diable par amour. Là encore, on pourrait y voir un film sur le temps ce qui semble être une obsession chez Coppola. Dracula n’est donc plus un banal méchant mais bel et bien un homme brisé.

17

A sa sortie, Dracula rencontrera un énorme succès. Chose qui n’était pas arrivé à Coppola depuis des années. Après avoir passé des années 80 très dures, les années 90 s’annoncent sous les meilleurs auspices.

Le film recevra un bon accueil critique, et touchera même 3 oscars en 1993. Mais il recevra également un très bon accueil public.

18

En tout, Dracula totalisera des recettes au box office d’environ 200 millions de dollars, ce qui en fait l’adaptation de l’œuvre de Stoker la plus rentable de l’histoire du cinéma.

Coppola se remet donc à flot avec ce film. Les excellentes recettes lui permettront de rembourser totalement l’échec de Cotton Club qu’il traînait derrière lui depuis près de dix ans. Sa carrière est relancée.

On ne peut qu’admirer ce que représente ce film, car Coppola a su mêler commercial (pour espérer survivre) et art avec beaucoup de talent.

19

Personnellement je considère Dracula comme le dernier grand chef d’œuvre du cinéaste. Un superbe film à voir pour tous les amateurs. 

 

Note : 17/20

Publicité
Publicité
Commentaires
V
à Borat: Comme quoi même pour les commandes l'artiste reste artiste
B
Une superbe adaptation avec des fulgurances visuelles baroques au possible. Et puis quel casting. Et dire que ce film est une commande acceptée par Coppola pour renflouer ses caisses.
A
à james: "le remake de Nosferatu par Herzog" la 2nde meilleure version à mes yeux !
J
J'ai toujours tendance à lui reprocher une certaine lourdeur visuelle (des incrustations parfois too much à mon goût), mais effectivement, on a là la version la plus fastueuse de Dracula, et vraiment un beau film qui soigne ses effets (je me rappelle d'un faux raccords qui passait le crible au film, la séquence où dracula rattrape la fiole pour la redonner à Mina témoigne du soin du détail (m'enfin, dans le tourbillon d'audace visuelles, c'est simplement un détail). Quant au meilleur Dracula, j'hésite pour ma part entre The horror of Dracula (le premier avec Christopher Lee) et le remake de Nosferatu par Herzog (avec un Klaus Kinski hypnotique).
T
Je l'ai vu il y a super longtemps et je dois avouer que je m'étais un peu fait chier. Mais faudrait que je le revois pour être honnête, histoire d'avoir un regard neuf dessus, j'étais peut-être un peu trop jeune pour le voir à l'époque.
E-Pôle-Art
  • E-Pole-Art est un blog qui propose de traiter des différentes œuvres d'art que ce soit dans le Cinéma, la Littérature, la Peinture, le Dessin, la Musique, les Performances, la Scrulpture, le Design, la Poésie et bien d'autres
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité