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15 juillet 2015

Médée

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Drame, Tragédie Grecque

Année : 1969

Public : Tous Publics

Durée : 1H45

Nation : Italie

Réalisateur : Pier Paolo Pasolini

Acteurs : Maria Callas, Laurent Terzieff, Giuseppe Gentile, Massimo Girotti, Margareth Clementi.

Synopsis : Médée, Reine magicienne, petite fille du soleil, règne implacablement sur Colchide. Un jour survient Jason l’argonaute. Séduite par l’étranger, elle le pousse à voler la Toison d’or et s’enfuit avec lui à Corinthe. C’est là-bas que Jason doit épouser Glaucé la fille du roi, pour devenir le nouveau maître du royaume. Médée qui semble avoir perdu ses pouvoirs, nourrit cependant des désirs de jalousie et de vengeance envers Jason.  

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

L’année 1969 est décidemment une année prolifique pour Pier Paolo Pasolini, puisqu’il réalise deux grands films que sont Porcherie et Médée. C’est de ce dernier film dont je vais vous parler aujourd’hui. 

Pasolini s’était déjà aventuré dans la mythologie grecque en portant à l’écran Œdipe Roi. Un chef d’œuvre qui lui permettait d’aborder le fameux complexe d’Œdipe défini par Freud. Il était donc également logique de le voir aborder le complexe de Médée. Il revient alors avec cette adaptation de la tragédie d’Euripide. Ce film est donc censé être le second d’une trilogie grecque que Pasolini avait entamé avec Œdipe Roi.

On suit donc l’histoire tragique et terrifiante de Médée et de Jason. L’une des plus célèbres histoires d’Euripide.

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Tout comme pour Œdipe Roi, Pasolini n’a pas du tout l’intention de livrer un péplum et une simple adaptation. Il veut s’approprier l’histoire de Médée pour la fondre dans son propre univers et ainsi livrer une œuvre très personnelle.

Premièrement cela se ressent sur le visuel. Les décors ne sont pas ceux d’un Péplum ou d’un film antique. On remarque même que pour le lieu de culte de Médée, Pasolini prend pour décor la cathédrale de Pise. Il crée donc un univers une fois encore personnel.

Il bonifie également cet univers avec son sens esthétique naturel. On a donc de superbes images des plages, des déserts et de la mer. De véritables peintures en mouvement. D’ailleurs le rythme de Médée est très lent et on a presque affaire à un film contemplatif. Mais le terme n’est pas exact comme toujours chez Pasolini, c’est le personnage qui prime, et le réalisateur s’attarde sur le moindre détail de chaque action. Ce rythme lent peut également être décrit comme rituel et donc à l’image de celui qui est effectué en l’honneur de Médée vers le début du film. 

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Mais ce qui surprend également dans cette œuvre, c’est la poésie dont elle est teintée. Pasolini est un vrai poète cinéaste et ça se ressent dans chacun de ses films. Une poésie visuelle mais aussi littéraire dans les dialogues.

Cela nous amène également à la superbe musique du film composée par Elsa Morante et Pasolini lui-même. Là encore, la musique arabesque éveille aussi bien la tragédie grecque que l’univers pasolinien.  

Parlons maintenant du casting. Là encore, le cinéaste sait bien s’entourer. Il ne reprend cependant aucun de ses acteurs fétiches dans ce film.

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Pour le rôle de Médée, il avait dans un premier temps pensé à Rita Hayworth. Mais il sera séduit par Maria Callas dont de la voix émane puissance et poésie. Un choix remarquable, Maria Callas signe là ce qui est probablement l’une de ses plus belles prestations. Par ailleurs l’actrice et le réalisateur vont s’entendre à merveille. C’est cette symbiose qui va faire que Callas saura instinctivement ce qu’attendait Pasolini. Une fois encore sa prestation est puissante et incroyable. 

Le reste du casting est plus anecdotique. On a Laurent Terzieff dans le rôle du centaure et Giuseppe Gentile dans celui de Jason.

Dans l’ensemble les acteurs signent de très bonnes prestations.

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Médée s’impose donc comme une nouvelle réussite pour Pasolini, sur fond de tragédie grecque. Le réalisateur signe une œuvre dramatique et aborde le complexe de Médée, mais dans quel but ? On se doute que Pasolini est au-delà de la simple adaptation. Au final, ce qui est frappant dans la version du cinéaste, c’est que le personnage de Médée n’apparaît pas forcément comme pleinement maléfique. Pasolini semble même en prendre son parti notamment en modifiant le dialogue final avec Jason. Le réalisateur choisit de donner le dernier mot à Médée.

Cette prise de position semble montrer que Pasolini s’attache à Médée. Médée réagit en fait à l’intolérance d’une population par rapport à ses pouvoirs. Une population qui se laisse aussi pervertir par ses dons. En réalité Médée pourrait être le symbole de Pasolini. A savoir un artiste désillusionné en rage face à un monde moderne de plus en plus déshumanisé et conformiste. Médée châtie donc cette civilisation et en punit les tenants.

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En ce sens, Médée s’inscrit parfaitement dans la lignée de Porcherie sorti la même année. C’est beaucoup plus soft mais ça retranscrit les mêmes inquiétudes et colères d’un penseur et un artiste désillusionné qui se détache de plus en plus du cercle des intellectuels dit « progressistes » dont il a fait parti.    

C’est donc à travers l’histoire de Médée qu’il décide également de le retranscrire. Médée s’inscrivait d’ailleurs dans la lignée d’Œdipe Roi et constituait le second volet d’une trilogie grecque qui n’existera en fait jamais. En effet le troisième film devait être une adaptation de L’Orestie, la tragédie d’Eschyle. Mais Pasolini n’ira jamais jusqu’au bout du projet. Cela lui permettra cependant de réaliser un documentaire intitulé Carnets de Notes pour une Orestie Africaine.

6

Médée reste donc son ultime œuvre de tragédie grecque. Ce n’est pas un des films les plus connus du réalisateur mais ça reste un chef d’œuvre de plus à son actif.   

 

 

Note : 17/20

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Commentaires
V
à Oliver: ce n'est pas mon préféré mais force est de reconnaître que c'est un film superbe
A
Pareil, pas vu celui là, mais je le connais de réputation. J'en prends bonne note en tout cas. Une chronique très dithyrambique en tout cas !
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