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14 mars 2016

Le Monde Perdu: Jurassic Park

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Aventure, Thriller

Année : 1997

Public : Tous Publics

Durée : 2H09

Nation : USA

Réalisateur : Steven Spielberg

Acteurs : Jeff Goldblum, Julianne Moore, Pete Postlethwaite, Vince Vaughn, Arliss Howard, Richard Attenborough

Synopsis : Quatre ans se sont écoulés depuis la catastrophe de Jurassic Park. Cependant, le professeur Ian Malcolm est à nouveau appelé par John Hammond. Ce dernier lui apprend l’existence d’un Site B basé sur une autre île où des dinosaures conçus par InGen vivent en toute liberté sans structures technologiques. Hammond veut désormais protéger ces animaux des humains et doit envoyer un groupe sur place pour constituer un dossier. Malcolm apprend alors que sa petite amie Sarah Harding, une paléontologiste est déjà sur place, il décide alors d’aller la sauver.

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Encore un monde perdu, un monde mythique depuis le chef d’œuvre littéraire de Sir Arthur Conan Doyle. Suite à ce bouquin un film avait déjà vu le jour en 1925 s’imposant comme un chef d’œuvre. On a également eu droit à un remake en 1960. Mais dans les années 90, suite au succès Jurassic Park, les dinos reviennent à la mode et Le Monde Perdu de Sir Arthur Conan Doyle ressort. Sur le format télévisé notamment où il fait l’objet de plusieurs séries. Au septième art, ça sera sous la direction de Steven Spielberg dans une version très modifiée !

En réalité en 1993, Spielberg avait tourné Jurassic Park et La Liste de Schindler. Après quoi, il avait choisi de faire un break. Son prochain film ne se ferait que quatre ans plus tard et ça serait Le Monde Perdu : Jurassic Park. En fait, Spielberg avait toujours pensé donner une suite à Jurassic Park qui avait connu un succès formidable, car il savait que le public était demandeur. De plus, il s’était énormément amusé à tourner le premier.

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Lorsqu’en 1995, Michael Crichton auteur du livre, dont est tiré Jurassic Park, écrit une suite intitulée « Le Monde Perdu », il n’en faut pas plus pour que Spielberg se lance dans ce projet.

Pourtant le réalisateur a aussi conscience des difficultés de cette suite, il déclare d’ailleurs à ce sujet : « L’une des pires choses avec les suites, ce sont les attentes qui les accompagnent. Vous êtes sommé de faire mieux que dans l’épisode précédent. Rien n’est plus angoissant ».

Spielberg a parfaitement conscience qu’avec ce second opus, il risque de resservir une recette déjà épurée. Pour autant il compte sur l’histoire de Michael Crichton (retapée par le scénariste David Koepp) qui se différencie du premier.

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C’est notamment le cas en ce qui concerne le décor. Plus de parc d’attraction, cette fois mais une jungle sauvage et sans technologie. Bref un vrai monde perdu. Spielberg applique d’ailleurs à la lettre le principe de son ami George Lucas, pour qui un second opus est toujours le plus sombre. Cela se ressent nettement ici. Le Monde Perdu est plus violent et meurtrier que son prédécesseur et l’esthétique plus noire. Le décor n’a donc plus rien à voir avec le ludisme de Jurassic Park, il est ici sombre et primitif. Très peu de scènes ont été tourné à Kaua’i, à Hawaii (lieu de tournage du premier). A la base Spielberg voulait tourner en Nouvelle Zélande, mais alla finalement sur le site d’Eureka qui correspondait à ce qu’il recherchait.

Pourtant, comme nous l’avons vu concernant le livre, le changement de décor n’était pas forcément des plus judicieux. Car l’une des originalités première de Jurassic Park, c’était justement son décor qui tranchait avec ce qui avait été fait auparavant. On comprend que Steven a voulu éviter de tomber dans la redite du film précédent mais tout comme Michael Crichton à l’écrit, Spielberg en voulant innover est retombé dans le décor classique d’un monde primitif imposé depuis Le Monde Perdu de Conan Doyle et repris par quasiment tous les films de dinosaures. En voulant innover, le film est en fait retombé dans les clichés. Peu original donc.

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Mais au final, ce parti pris est assumé et ce jusque dans le titre de cette suite qui est justement « Le Monde Perdu ». Plus qu’une suite de Jurassic Park, Spielberg a en tête de réaliser une énième version du Monde Perdu. Au fil du temps, on a vu apparaître plusieurs versions du livre de Conan Doyle qui basaient leur intérêt sur le fait d’avoir une nouvelle technologie pour offrir de meilleurs effets spéciaux. Le film de Spielberg s’inscrit parfaitement dans ce cas. Puisqu’il détenait la technologie suprême, il pouvait offrir une nouvelle version à la pointe du réalisme. Cependant là encore, il n’y a rien de novateur, puisque le public avait déjà pu contempler des dinosaures super bien faits dans Jurassic Park. Certes, pour Le Monde Perdu, Stan Winston a encore plus travaillé et les dinosaures sont encore plus crédibles que dans le premier film, c’en est même frappant. Mais pour autant ce ne sont là que des améliorations techniques qui ne suffisent pas à faire un film.

Crichton avait dans son livre tenté quelques nouveautés au niveau des dinosaures en mettant en scène un carnotaure ayant des capacités de camouflage semblables à celles d’un caméléon mais en plus développées. Cette super idée ne sera malheureusement pas reprise par Spielberg.

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Dans ces conditions-là, comment faire mieux que le premier ?

En fait, Steven Spielberg va tout baser sur l’aspect spectaculaire et avec ce film il n’a qu’un seul but : en mettre plein la vue au public. C’est notamment compréhensible quand on voit la séquence des chasseurs dans un champ de dinosaures de tous genres, l’attaque des caravanes par les T-Rex et surtout le final avec le T-Rex dans la ville de San Diego (scène qui renforce le lien avec Le Monde Perdu de 1925).

Spielberg ne cherche plus vraiment à imposer le suspense ou à jouer la subtilité, il mise tout sur l’action et le spectaculaire. Et il faut admettre qu’il y’a des séquences très réussies. Mais pourtant, ce n’est pas aussi bon que le premier. Un fait qui s’explique notamment par l’inactivité du réalisateur avant ce film. Il dit lui-même : « Les deux premiers jours de tournage du Monde Perdu, j’étais passablement rouillé. Mais c’est comme lorsqu’on remonte sur une bicyclette, ça revient vite. Puis le virus prend le dessus et on s’en veut de ne pas avoir tourné de film pendant trois ans ».

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Mais Spielberg n’est pas non plus aidé par un scénario ultra classique et somme toute banal. Le réalisateur avait d’ailleurs en tête des séquences d’anthologie. Notamment une avec des ptéranodons attaquant des chasseurs en deltaplane ainsi que l’hélicoptère qui permet à nos héros de s’échapper de l’île. Mais là encore, il renonça, sans doute au vu de la difficulté technique d’une telle séquence et puis il préféra laisser le final à la star du film (depuis le premier) le T-Rex. En conclusion donc, il prend peu de risques et reste sur ses acquis.

On notera cependant quelques scènes ridicules comme celle de la gymnastique de Kelly avec le raptor (il fallait oser !). 

Mais surtout, si Le Monde Perdu : Jurassic Park est plein d’actions, son action est au final assez linéaire. Spielberg gère beaucoup moins bien le rythme que dans le film précédent.

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Concernant le casting, on peut là aussi être déçu. L’un des points qui est le plus déploré par les fans est l’absence de Sam Neil héros du premier film. Cela dit, même dans le livre de Crichton il n’apparaissait pas.

Jeff Goldblum devient donc le nouveau premier rôle en replongeant dans la veste en cuir du professeur Ian Malcolm. Le personnage a beaucoup changé et est presque méconnaissable. Ce n’est pas un mal en soit, mais il est au final moins attachant que dans le premier où il apportait une touche subtile d’humour. Ici, il est cynique et désillusionné. Au final on est assez troublé par lui car on a presque l’impression d’avoir affaire à un nouveau personnage qui n’a rien à voir avec le Malcolm qu’on connaît (d’ailleurs même physiquement il a changé).  

    

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Julianne Moore, en principe bonne actrice, est elle aussi décevante ici. A l’époque, elle donnait surtout dans le cinéma indépendant et semble être là avant tout pour le chèque et pour le fun de tourner dans un blockbuster de ce calibre. Elle se contente donc du minimum syndical concernant le jeu d’actrice. Son personnage est d’ailleurs bourré de clichés au service d’un féminisme de plus en plus envahissant et bassinant à Hollywood. En gros : c’est la femme intelligente qui a toujours raison sur tout, dans un monde de vilains machos qui croient tout savoir. Et au final ce sont les femmes qui sauveront ce monde d’hommes incapables ou méchants. Plus grossier, on ne peut pas !

Vince Vaughn remplit son quota mais sans plus. De même qu’Arliss Howard l’ancien « Cowboy » de Full Metal Jacket. Quant à Richard Attenborough il sera totalement anecdotique.

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Il y’a aussi l’aspect enfant et à ce titre on se souvient du bon duo que formaient Lex et Tim dans Jurassic Park. Ici nous avons Kelly la fille à Malcolm. Une jeune afro-américaine noire ébène alors que son père est blanc. Le personnage de Nick souligne d’ailleurs cela avec humour dans le film. C’est peut être dû au quota de discrimination positive (qui sait ? Spike Lee était peut être à l’affût). Pour le reste, l’actrice a elle aussi un rôle très bateau, elle doit se contenter de faire la chieuse et de crier. Donc bon, on ne peut pas lui en vouloir, même une excellente performance ne pouvait pas vraiment sauver le personnage.    

Des acteurs peu en forme donc et qui manquent de charisme. Mais surtout leur personnages ne sont pas du tout attachants par leurs actes crétins et malsains.

La palme dans la "filsdeputerie" revient cependant au personnage incarné par Vince Vaughn. Car c'est lui qui a l'idée de saboter le camp des chasseurs semant le chaos et détruisant les moyens de communication. C'est également lui qui aura l'idée géniale de ramener un bébé t-rex causant la perte des caravanes et la mort d'un personnage. Mais c'est aussi lui qui caroterra les vraies douilles du fusil du chasseur lui empêchant de buter un T-Rex qui dans la foulée tuera deux personnes. Et le pire c'est que dans l'hélico qui le ramène, le gars finit par cette phrase: "Eh beh, voilà un souvenir qu'il n'emporteront pas avec eux". Franchement c'est cynique à un point après tous ces morts !    

Le seul qui parvient vraiment à tirer son épingle du jeu en fait c’est Pete Postlethwaite dans le rôle de Roland Tembo : le chasseur gourou et philosophe. Son personnage est lui aussi assez cliché, mais l’acteur lui confère une puissance imposante et électrisante. C’est de loin  le personnage le plus charismatique du film. 

 

 

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Le Monde Perdu : Jurassic Park brillera donc surtout par ses aspects techniques. Car en effet, le fond ou le message ne le sauvera pas.

Il reprend en fait l’aspect écologiste du livre de Crichton mais l’accentue avec ce conflit mettant en scène scientifiques et écolos façon Greenpeace face aux grands méchants chasseurs capturant des dinosaures pour en faire des attractions de foire. On tombe donc littéralement dans le débat cliché écolo absolument insupportable où la nature reprend ses droits pour donner une leçon aux méchants humains. Au passage, John Hammond, le multimilliardaire capitaliste à l’origine de tout, s’est reconverti en naturaliste écologiste très actif. On est pas à une pirouette artistique prêt ! Le problème c‘est que dans son débat enfantin, cliché et d’une stupidité touchante, Le Monde Perdu : Jurassic Park semble se prendre au sérieux.

De plus comme je l'ai précisé plus haut à travers le personnage de Vince Vaughn, le film est parfois idéologiquement douteux, avec nos « héros » sabotant le camp des chasseurs pour permettre l’évasion des dinosaures, ce qui sera la cause de tous les problèmes et conduira à la mort de tas de gens (dans la réalité les protagonistes principaux auraient dû être condamnés après leur évasion de l’île). 

Bref le message est clair: on peut tout se permettre au nom de l'écologie, quitte à y laisser des tas de vies humaines. 

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Vous l’aurez compris on est loin du niveau du premier. Au vu de mes dernières lignes, ceux qui liront sans avoir vu le film penseront peut être avoir affaire à un navet. Disons le nettement : il n’en est rien ! Malgré tous ses défauts, et le fait qu’on nous resserve une recette déjà usée, Le Monde Perdu : Jurassic Park reste un film de très bonne facture techniquement très réussi.

Ensuite, concernant tous les bémols que j’ai cités, ils ne constituent pas l’essentiel du film. Spielberg disait de Jurassic Park : « les gens sont allé voir et revoir Jurassic Park plusieurs fois pour voir des dinosaures, pas parce que le héros a une scène touchante avec des enfants dans un arbre ». Cette phrase résume bien le concept. Et il en va de même pour Le Monde Perdu. C’est pourquoi à la limite Spielberg n’aurait pas dû s’encombrer d’un débat qui n’a fait que rabaisser le film. Cela dit, une fois encore, l’essentiel, à savoir les dinosaures, est bien là et le public en aura pour son argent. Nous aurons d’ailleurs droit à de nouvelles créatures par rapport au premier et nous pourrons enfin voir un tricératops en bonne santé et en pleine action !

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On réécoutera également avec plaisir la BO de John Williams qui reprend les anciens thèmes en ajoutant aussi de nouveaux morceaux composés pour l’occasion.    

Le Monde Perdu : Jurassic Park contentera donc les fans invétérés de dinos (gamin j’étais un passionné de dinos et ce second opus était mon préféré, comme quoi les temps changent…). Cela dit sur le plan cinéphile, il n’y aura pas grand-chose à en tirer. Le film manque cruellement d’originalité et on a l’impression que cette suite est inutile et que finalement le premier se suffisait à lui-même. Reste un divertissement de qualité dont on préférera cependant oublier le fond.

     

     

Note : 13/20

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Commentaires
V
à Borat: Perso je crois que c'est l'épisode que j'aime le moins maintenant. Il est vraiment sans âme.
B
Une excellente suite à mon sens la meilleure d'ailleurs. Une sorte de King Kong avec des dinosaures et puis il y a le retour de Jeff Goldblum. Tout n'est pas parfait mais j'adhère au postulat du film et aux personnages. Pas le même schéma narratif, mais c'est aussi ce qui m'a plu.
V
à Vora: Au contraire j'étais trouvé que JW était l'épisode le plus meurtrier et le plus violent.<br /> <br /> Sinon, je te conseille de jeter un œil aux chroniques de Dino Crisis
V
Oh, je me suis dis qu'une rétrospective ce week end serait du meilleur effet, je me revois les deux premiers à partir de tout à l'heure. Nous verrons si j'y trouve davantage de matière, je ne le pense pas. Je repense à plein de scènes et trouve qu'il y a eu une aseptisation claire sur jurassic world question violence. Jurassic park 3 avait un cadavre squelettique qui nous sautait à la figure (et c'était à peut près tout), nous n'avons même plus ces petites fantaisies dans le nouvel épisode (avec le dino le plus cruel de tous les temps ^^).
V
La moyenne pour moi, mais une fois tous les 4 ans, c'est un régal sur grand écran. Le gros film spectaculaire où on pose le cerveau et on laisse la technique faire tout le boulot. J'aime beaucoup ton concept de filsdeputerie, j'espère qu'il reviendra avec d'autres personnages croustillants qui font passer les vies humaines après les causes qu'ils défendent ^^
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