Catégorie : Cinéma

Genre : Epouvante, Horreur, Nanar

Année : 1981

Public : Interdit aux moins de 12 ans

Durée : 1H23

Nation : Italie

Réalisateur : Enzo G. Castellari

Acteurs : James Franciscus, Vic Morrow, Joshua Sinclair

Synopsis : Une petite station balnéaire est marquée par la disparition d’un jeune homme adepte de planche à voile. Plus tard, seul son bras arraché est retrouvé sur la plage. Ron Hamer un pêcheur de requin et Peter Benton un ichtyologiste constatent qu’un squale est responsable de cette mort. Ils avertissent le maire pour que ce dernier prenne les précautions nécessaires. Mais le maire craint d’affoler les touristes et surtout il ne veut pas annuler la grande course de planche à voiles qui représente un véritable évènement annuel. Il choisit alors de faire placer des grillages autour de la baie et d’organiser la course. Mais cela ne suffit pas à arrêter le gigantesque requin.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Sur ce blog, nous avons abordé Les Dents de la Mer de Steven Spielberg. Ce film d’horreur culte marqua les esprits et battit tous les records au box office à sa sortie en 1975. Evidemment un tel succès ne pouvait qu’inspirer le cinéma. Nombreux seront alors ceux qui tenteront d’imiter Les Dents de La Mer. On aura donc droit à Piranhas qui proposait le même concept avec un autre monstre tueur et un autre décor. On verra apparaître des films de crocodile. Mais certains ne prennent même pas la peine de trouver un peu d’originalité, ils se contentent de plagier. C’est le cas d’Enzo G. Castellari, réalisateur spécialiste du cinéma bis italien. Ce dernier a d’abord commencé dans le western spaghetti, livrant des œuvres plus ratées les unes que les autres. Il a cependant réussi quelques bons, coups. Comme le bon Keoma ou l’original Inglorious Bastards. Cependant Castellari est un vrai accoutumé des nanars.

En 1981, il se lance alors dans La Mort au Large, un film qui a bien l’intention se s’inscrire dans un cinéma bis jouant sur le succès des Dents de la Mer.

On a donc une histoire de gigantesque requin blanc « de 12 à 15 mètres » selon le personnage de Benton (il doit en faire 7 à tout casser), venant semer la terreur dans une grande course de planche à voile se déroulant dans une petite station balnéaire.

Le scénario reprend donc à très peu de choses près le synopsis du film de Spielberg. On est dans du plagiat pur et simple, notamment en ce qui concerne le personnage de Ron Hamer, qui reprend quasiment la panoplie de Robert Shaw dans Les Dents de la Mer. Bref on est dans de l’escroquerie pure et dure. A noter aussi la scène de l’hélicoptère qui est évidemment reprise des Dents de la Mer 2.

Pour ce qui est de la réalisation. Le film est évidemment mauvais. On sent d’entrée de jeu qu’on est dans du cinéma bis italien très bas de gamme.

Le plus flagrant, c’est lors des attaques de requin. L’équipe de Castellari a, comme l’avait fait l’équipe des Dents de la Mer, construit un requin pour les besoins du film. Mais l’ennui c’est que Castellari n’est pas Spielberg et que le cinéma bis italien n’a pas le même budget qu’Hollywood. En résulte inévitablement un véritable étron flottant qui ne ressemble à rien. Vous aurez la preuve en image. Le réalisateur a d’ailleurs conscience de la faiblesse de son requin, c’est pourquoi il tente de compenser en insérant des images de vrais squales. Et il en utilise beaucoup. Beaucoup plus même que Les Dents de la Mer. Mais il y’a une différence. Dans le film de Spielberg, on a tourné des scènes (peu nombreuses je vous l’accorde) avec des vrais requins. Ici Castellari ne s’est pas fait chier et a seulement repiquer des images de documentaires. Comme vous pouvez l’imaginer, les faux raccords sont nombreux. Mais surtout le contraste est trop visible. Regardez ! Comment voulez vous confondre un tel prédateur :

avec un étron de la sorte :

Mais les gars comme Castellari, ça ne doute de rien ! Sans compter que notre poisson est intelligent et est capable de provoquer volontairement l’effondrement d’une grotte pour tuer ses victimes (donc c’est même pas pour les bouffer, quelle enflure sadique ce requin !). Il pousse même des rugissements.

Venons-en au casting. Les acteurs jouent unanimement comme des pieds. Une vraie catastrophe accrue par les doublages français. Car oui nous avons quelques répliques savoureuses. Le personnage principal s’apparente plus ou moins un sosie de Robert Redford, le talent en moins.

La musique tente d’imiter celle de John Williams sans y parvenir. Mais encore ça peut passer. Certains accords peuvent donner un poil de frissons.

Les conneries, La Mort au Large les accumulent. Ce film est clairement un nanar de haute volée. On peut même dire qu’on tient là l’un des plus grands ancêtres du nanar à requin (genre prolifique en ce moment). Pour autant, la Mort au Large fait partie de ces nanars tellement typiques et traditionnalistes du cinéma bis, qu’ils ont un côté certes très drôle, mais aussi beaucoup de charme.

On sent bien la petite biserie ritale faite maison, avec des acteurs qui ont dû tourner des scènes entre trois apéros. Bref le film donne l’impression d’avoir été fait pour aller se prendre quelques bières entre potes. A mes yeux, La Mort au Large est donc un film tout à fait sympathique avec un petit charme de nanar bis. Je précise aussi que je suis fan de l’affiche que je trouve bien foutue contrairement au film. Pas impossible qu’un jour elle trône sur mes murs.

A sa sortie, La Mort au Large sera évidemment un flop de cinéma bis. Mais personnellement je ne doute pas que ces séances cinéma ne devaient pas manquer de charme. C’était une fois encore une ambiance cinéma bis qu’on a totalement perdu (bien que je ne l’ai pas connu personnellement). C’est pourquoi La Mort au Large aura toujours plus de charme qu’un Skarknado par exemple.

Il faut savoir que ce film ne fut jamais exploité aux Etats-Unis et qu’il y’est introuvable en DVD, en raison du plagiat qu’il constitue pour Les Dents de la Mer. Et pourtant, les images de La Mort au Large feront leur apparition sur les écrans américains quand Bruno Mattéi (un autre réalisateur italien qui est l’un des rois du nanar) reprendra sans scrupules plusieurs images et stock-shots du film de Castellari pour son catastrophique (et le mot est faible) Cruel Jaws qui réalisait l’exploit de surpasser La Mort au Large sur le terrain de la nullité. Bref pas de Jaws 5 sans le film de Castellari.

Certains vont même jusqu’à soupçonner la fin de La Mort au Large d’avoir influencé celle des Dents de la Mer 3 (un autre gros nanar à requin)

Toujours est-il que La Mort au Large reste un de ces nanars hilarant qui nous ramène aussi au charme du cinéma bis italien du pauvre de l’époque.

PS : Attention ! L’escroquerie ne vient pas que des nanars ! Ainsi vous trouverez sur le net un DVD intitulé « La Mort au Large ». Entourloupe ! A l’intérieur du boîtier se cache en réalité Shark Attack (décidemment ils savent plus comment le refourguer).

Note : 02,5/20

Note en Mode Nanar : 17/20

La Mort au Large

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