Tintin au Tibet

Catégorie : Bande dessinée

Genre : Aventure

Année : 1960

Nombre de pages : 62

Nation : Belgique

Auteur : Hergé

Synopsis : Tintin apprend le crash tragique au Tibet de l’avion qui emmenait son ami Tchang vers l’Europe. Suite à un rêve concernant le drame, Tintin est persuadé que Tchang est vivant et qu’il doit être sauvé. Il part donc accompagné de Milou, du Capitaine Haddock et du Sherpa Tharkey vers les dangereuses montagnes du Tibet afin de sauver son ami.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Nous arrivons donc à l’un des albums les plus cultes d’Hergé, souvent cité comme la meilleure aventure de Tintin. Il s’agit bien évidemment de Tintin au Tibet.

Album culte car très réussi, il est vrai mais aussi car très personnel pour l’auteur. Premièrement parce qu’il l’aurait écrit lors d’une période de dépression totale, mais également parce qu’il y fait part de sa relation avec son ami Tchang Tchong-Jen. Cet ami chinois qu’il a connu en Belgique dans les années 30, lors de la rédaction du Lotus Bleu. Album dans lequel il introduisait déjà un personnage du nom de Tchang en hommage à son ami.

Cependant les évènements historiques séparèrent les deux hommes. La seconde guerre mondiale dans un premier temps puis surtout la révolution communiste en Chine en 1949.

Ainsi Hergé regretta cet ami qu’il ne pouvait plus voir. On le sait depuis toujours, et ça transparaît d’ailleurs dans ses albums, pour Hergé : l’amitié est un sentiment sacré. Ainsi le créateur de Tintin rêvait de retrouver son ami Tchang et il raconte que dés qu’il rencontrait un chinois, il lui demandait s’il connaissait un certain Tchang Tchong-Jen. Ce rêve là, Hergé va l’illustrer à travers cet album qui relève parfois un peu du monde de l’imaginaire.

Car ce qui frappe évidemment dans Tintin au Tibet, c’est l’esthétique de ce nouvel album. On est bien dans le registre de Tintin, mais plus on évolue et plus on sent une volonté de réalisme chez Hergé. Notamment dans la petite ville de Katmandou et son marché. Les détails pullulent et renforcent le côté crédible de l’histoire.  Mais on sera surtout happé par les montagnes enneigées du Tibet, tel un désert blanc plein de pics. Là encore Hergé a su reproduire des détails réalistes comme les chörtens ou la lamaserie qui est vraiment magnifique. Mais ce paysage est tellement folklore et fantastique qu’il en devient surréaliste pour l’occidental qu’est Hergé (et aussi Tintin). Ce Tibet mystique et merveilleux représente donc l’univers du rêve, ce rêve où Hergé va chercher son ami Tchang qu’il a perdu.

Pour les paysages tibétains, et notamment le cercueil de l’avion, l’auteur se serait inspiré du film LaNeige en Deuil d’Edward Dmytryk sorti en 1956.

Quoiqu’il en soit, une fois de plus Hergé a énormément travaillé cet album en se renseignant sur la culture tibétaine et le visuel qui s’en dégage.

Sur le plan artistique c’est le ou l’un des albums les plus aboutis de l’auteur.

Concernant les personnages, nous retrouvons donc nos héros et un Tintin plus humain et sentimental que d’habitude (alors qu’il était très stéréotypé jusqu’à présent).

On découvrira également le personnage de Tharkey, un sherpa courageux qui va accompagner Tintin dans sa quête pendant un long moment.

Puis nous retrouverons avec plaisir le personnage de Tchang.

Mais c’est aussi l’occasion d’introduire un nouveau protagoniste animal : Le Yéti. Le légendaire « Abominable homme des neiges » est ici présenté de façon plus humaine et à contre courant de la légende.

On retiendra aussi les moines de la lamaserie et notamment « Foudre Bénie » qui possède le don de vision dans l’au-delà.

Tintin au Tibet est donc un album totalement réussi sur le plan graphique et sur le plan scénaristique également.    

Sur le fond, c’est un album sur l’amitié, sentiment qui, une fois encore, était très cher à Hergé. Mais on peut aussi y voir une allégorie de la réalité. Hergé cherchait son ami Tchang inatteignable et ainsi ces dangereuses montagnes tibétaines pourraient très bien représenter la Chine Communiste maoïste dans laquelle était prisonnier Tchang Tchong-Jen.

Tintin au Tibet est donc une fois encore un chef d’œuvre de son auteur. Avec le temps, c’est même devenu l’un des albums les plus cultes de la série Tintin. Ce livre a également largement contribué à faire connaître le Tibet et sa culture à travers le monde. Si bien qu’en 2006 le Dalaï-Lama a remis à la fondation Hergé le prestigieux prix « Lumière de la Vérité » pour cet album.

Tintin au Tibet reste souvent cité comme l’une des meilleures BD  au monde de même que la meilleure aventure du reporter à houppette.

Un chef d’œuvre immanquable tout simplement !                  

Note : 19/20

Comments

[Vince12]

à Borat: Oui c'est le grand retour de Tchang et effectivement un album plein de beaux sentiments.

[borat8]

Un très bel opus, pétri d'humanité et permettant de retrouver le personnage Tchang sous forme de macguffin.

[Vince12]

à Inthemood: Content alors que la chronique t'ait donné cette envie. C'est effectivement un album très apprécié.

[inthemoodforgore]

C'est certainement l'album favori de beaucoup de tintinophiles. Perso, c'est mon préféré de peu devant L'affaire Tournesol.

à vince: d'ailleurs, ta chronique m'a donné envie de le relire...

[Alice In Oliver]

Un album quasi sacrificiel en l'occurrence !