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18 décembre 2015

Le Crabe aux Pinces d'Or

 

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Catégorie : Bande dessinée

Genre : Aventure

Année : 1940 (noir et blanc) 1943 (couleur)

Nombre de pages : 62

Nation : Belgique

Auteur : Hergé

Synopsis : Tintin aide les détectives Dupond et Dupont qui enquêtent sur la mort mystérieuse d’un marin. Il finit alors par se retrouver sur la piste d’un vaste et puissant réseau de trafiquants d’opium. Ce périple le mènera en haute mer, en plein cœur du Sahara et dans un port marocain.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS)

Continuation du cycle Tintin avec Le Crabe aux Pinces d’Or. Un Album très important parfois cité comme l’un des meilleurs de la série.

Pour l’anecdote, il paraît qu’Hergé pensa un moment nommer cet album « Le Crabe Rouge » pour ainsi créer une continuité avec les albums précédents : Le Lotus Bleu et L’Île Noire. Mais cette idée arriva trop tard, les éditions étaient déjà en cours.

Il faut aussi savoir que cet album a été écrit entre 1939 et 1940, dans une Belgique occupée. Hergé devait donc concevoir une histoire qui soit parfaitement neutre. C’est pourquoi on retrouvera très peu d’allusions politiques dans Le Crabe aux Pinces d’Or voire aucune.  

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Tout part en effet d’une boîte de crabe retrouvée et qui serait la pièce à conviction de la mort mystérieuse d’un marin.

De là, Tintin va s’embarquer dans une folle aventure jusqu’au Maroc pour démanteler un réseau de trafic d’opium.

L’intrigue est au final assez basique et banale. Ce n’est pas la première fois que Tintin suit la piste d’un réseau de trafiquants d’opium, j’en renvoie aux Cigares du Pharaon et au Lotus Bleu. Mais le cheminement de l’histoire est bien amené et le tout remarquablement ficelé.

Mai surtout, cet album marque l’apparition de nouveaux personnages majeurs.

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On aura notamment Allan Thompson, le méchant de l’album qui est le lieutenant du Cargo Karaboudjan et l’un des chefs du trafic d’opium. Il marque ici sa première apparition. Certains me diront que ce personnage apparaissait déjà dans Les Cigares du Pharaon. C’est vrai pour les versions colorisées mais faux pour les versions originales en noir et blanc. Allan apparaît ici comme un farouche adversaire implacable, dur et sans scrupules.

On découvrira également le personnage d’Omar Ben Salaad, moins respectable qu’il n’y paraît.

Mais la grosse apparition de cet album c’est bien sûr celle du capitaine Haddock. Grand officier du Karaboudjan, il a un faible notable pour l’alcool. Faible que son lieutenant Allan exploite à merveille pour faire ce qu’il veut à bord du cargo. Le Capitaine Haddock en découvrant le trafic d’opium qui se déroule dans ses calles à son insu va donc prendre le parti de Tintin et devenir son compagnon de fortune. Evidemment, cette rencontre est absolument mythique. Et à elle seule, elle signifie l’importance de l’album. Désormais il y’aura un avant et un après Le Crabe aux Pinces d’Or dans l’histoire de Tintin.

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Pourquoi le capitaine est-il devenu si mythique et aussi rapidement ? Car en réalité, malgré son folklore verbal et son côté extravagant par moment, le capitaine Haddock n’est pas un stéréotype comme Tintin. C’est certes une caricature, mais une caricature humaine de plusieurs défauts justement tellement humains. Le Capitaine Haddock n’a pas l’esprit chevaleresque de Tintin, il perd souvent son sang froid et pique des colères excessives, il est alcoolique et a souvent du mal à céder à la tentation, il manque de patience… Mais il faut dire aussi qu’il lui tombe pas mal de tuiles sur la tête au final. Quoiqu’il en soit, est-il vraiment nécessaire de présenter encore ce personnage tellement ancré dans la culture populaire ? Haddock est avant tout une bonne grosse dose d’humour en plus apportée à l’univers de Tintin.

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Mais le mythe du capitaine Haddock vient également et énormément de son langage. Un argot très développée et riche en loufoqueries. « Mille millions de mille sabords ! » « Tonnerre de Brest ». Mais surtout ces insultes (qui n’en sont d’ailleurs pas vraiment) : «Bachi Bouzouk, Ectoplasme, Marin d’eau douce, Cyanure, Tchouk-tchouk nougat, Phylloxera, anthropopithèque, bois sans soif, Analphabète, Moule à Gaufres… » Impossible de tout énumérer il doit y avoir plus de deux cents mots propre au capitaine Haddock. Il faut aussi savoir qu’il y’avait dans les versions originales des albums, des insultes qui furent retirées par la suite comme : « Fatma de Prisunic » ou encore « Commerce noir ». Le langage du capitaine fait désormais partie du folklore de l’univers de Tintin mais au final d’où vient-il ? Des fans se sont évidemment posé la question ? Où Hergé a-t-il puisé son inspiration pour le langage si argotique et particulier du capitaine Haddock ? C’est cette question qui a fait surgir de nouvelles polémiques autour de l’œuvre de Tintin. En effet en 2004, Emile Brami dans son livre Céline, Hergé et l’affaire Haddock a établit une théorie pour le moins surprenante. Selon lui, le dialecte loufoque et extravagant du Capitaine Haddock aurait été directement inspiré du célèbre pamphlet du génial Louis Ferdinand Céline, Bagatelles pour un Massacre, livre interdit de publication depuis la fin de la seconde guerre mondiale (et que nous aurons sûrement l’occasion d’aborder ici).

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Une théorie qui sera violemment controversée mais qui pourtant tient largement la route. Si certains mots employés par le personnage d’Haddock peuvent se retrouver dans d’autres œuvres de l’époque, très nombreux sont ceux que l’on retrouve uniquement dans l’œuvre de Céline. Comme par exemple : « Sapajou, Iconoclaste, noix de coco, aztèque, Cromagnons, incas à plumes, Vampires… ». La parution de Bagatelles pour un Massacre précède de peu celle du Crabe aux pinces d’Or. Certains ont déclaré qu’Hergé lisait peu de livres et que par conséquent, il n’aurait jamais lu du Céline. Et pourtant, tous deux avaient un ami commun en la personne de Robert Poulet qui travaillait au journal collaborationniste « Le Soir », où était publié « Les Aventures de Tintin », et où avait été rédigé plusieurs articles sur Bagatelles pour un Massacre par Poulet lui même. Bien évidemment, on a surtout noté le caractère anti-juif de Bagatelles pour un Massacre, c’est de là que vient la polémique. Il faut savoir cependant que plusieurs dessins et caricatures d’Hergé, démontrent que le créateur de Tintin ne portait pas vraiment la communauté israélite dans son cœur, donc le lien est loin d’être surréaliste. Certes, il n’existe aucune preuve formelle, mais c’est une théorie intéressante et loin d’être loufoque. Une fois encore elle tient la route. Quoiqu’il en soit le Capitaine est devenu mythique dés cet album.

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Quant au personnage de Milou, on peut aussi noter une évolution. On l’a vu depuis le premier album, Milou est un chien doué de parole. On l’a même vu avoir de courts échanges avec Tintin. Pourtant plus on avance dans l’œuvre plus sa voix semble devenir intérieure. Milou parle à l’intérieur de lui et Tintin ne semble plus vraiment l’entendre. Le langage de Milou ne paraît désormais accessible qu’au lecteur.

Il faut aussi savoir que l’album sera également censuré par les distributeurs américains. Notamment sur les scènes de beuverie du capitaine Haddock, mais également sur les traits raciaux de certains personnages. Comme par exemple Jumbo, et le bourreau du capitaine qui passeront de peau noire à peau blanche.

De même que lorsque le capitaine poursuit son bourreau la phrase « il faut arrêter ce nègre ! » deviendra : « il faut arrêter cet homme ! ».

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Au niveau du dessin, c’est là encore superbe, notamment dans la version colorisée de 1943.

Depuis lors, Le Crabe aux Pinces d’Or est tout simplement devenu l’un des albums les plus cultes de la série et également celui qui fit l’objet du plus grand nombre d’adaptations sur l’écran. Il est souvent cité comme l’une des meilleures aventures de Tintin.

En tout cas c’est certain, dans l’univers de Tintin, il y’aura un avant et un après Le Crabe aux Pinces d’Or.

A lire absolument !

                        

Note : 18/20

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Commentaires
B
Le tonnerre de Brest arrive enfin, sonnant comme un air de renouveau dans la série des Tintin. Un accolyte de choc et une aventure inoubliable. ;)
I
Évidemment, cet album est primordial par cette rencontre qui bouleversera l'existence de Tintin et du capitaine. Et qui deviendront inséparables jusqu'à la fin.
A
mon personnage préféré personnellement
V
à Oliver: c'est clairement la révélation de l'album, un personnage qui va devenir mythique.
A
en effet, l'une des meilleures aventures du petit reporter et surtout il permet de découvrir un autre personnage récurrence de la série : Haddock.
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