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20 juillet 2015

Les Contes de Canterburry

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Inclassable

Année : 1972

Public : Interdit aux moins de 16 ans

Durée : 1H45

Nation : Italie

Réalisateur : Pier Paolo Pasolini

Acteurs : Hugh Griffith, Josephine Chaplin, Laura Betti, Franco Citti, Ninetto Davoli, Pier Paolo Pasolini.

Synopsis : Dans l’Angleterre du Moyen-âge, l’écrivain Geoffroy Chaucer se joint à une foule de pèlerins qui va vers la cathédrale de Canterburry. Dans une grande auberge, le patron propose à chacun de raconter des contes les plus divers. Tout cela n’échappe pas à la plume de Chaucer. Se succèdent alors le conte de May et Janvier, le conte du diable, le conte du cuisinier, l’histoire d’Absalon, Alison et Nicolas, le conte des collégiens et du meunier, le conte des trois garçons et de la mort et enfin le conte du moine.        

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Continuation du cycle Pasolini et de la Trilogie de la Vie avec Les Contes de Canterburry réalisé en 1972.

La Trilogie de la Vie avait débuté l’année précédente avec Le Décameron, un chef d’œuvre adapté des écrits de Boccace et dans lequel le cinéaste revisitait l’érotisme et la tradition européenne, et plus précisément de l’Italie du Sud.

Pasolini continue cette revisite, ce retour aux sources, cette recherche des racines antiques européennes avec Les Contes de Canterburry. Il change donc de décor, en passant du sud de l’Italie à l’Angleterre du Moyen-âge, de Boccace à Chaucer.

1

Car en effet, Les Contes de Canterburry, comme son nom l’indique, est une adaptation cinématographique des célèbres écrits de Chaucer.

On a donc une série de récits tous différents et avec leur propre style se déroulant au moyen âge.

Nous sommes donc dans un contexte très différent du Décameron avec ce second opus de la trilogie de la Vie.

2

Premièrement, comme je l’ai dit, le décor n’est pas le même. Alors qu’on se trouvait en Italie dans le sud d’une Europe chrétienne, on va désormais en Angleterre, dans le nord de l’Europe protestante.

Une culture différente et du coup une esthétique différente. On quitte les teintes brunes pour un vert éclatant typiquement anglais. A ce vert vient s’ajouter une couleur rouge là encore très britannique et puissante visuellement. Tout comme Le Décameron, Les Contes de Canterburry est d’une grande richesse esthétique. Pasolini propose une nouvelle fois une imagerie dont lui seul a le secret.

3

Comme d’habitude, la réalisation tient toutes ses promesses. Le réalisateur sait conférer de la magie aux images. Mais on est surtout surpris par sa façon de mélanger les styles et les genres. On passe par le dramatique, la comédie à la Chaplin (sa fille joue d’ailleurs dans le film), l’érotisme, le fantastique, le loufoque, l’historique et le grotesque. Les Contes de Canterburry est donc vraiment un film unique en son genre.

La musique est là encore composée par le génial Ennio Morricone. Elle fut très travaillée pour tenter de soutenir le mélange des styles et en même temps de mettre en valeur le contexte historique. Pour autant je trouve que ce n’est pas l’une des meilleures partitions du maestro.

Pour ce qui est du casting on retrouvera des têtes connues.

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Franco Citti, sur lequel règne toujours une ombre maléfique. En effet, ici il incarne le Diable en personne. Son rôle est assez court mais l’acteur sait comme toujours se mettre en valeur sans en faire des tonnes, loin de là. Son charisme est irrésistible.

Mais en parlant de charisme, on peut aussi parler de Ninetto Davoli, acteur fétiche de Pasolini, qui ici nous sert un hommage critique à Charlot. Comme d’habitude Davoli est plein de vie et il est également fendard. L’acteur est donc égal à lui-même.      

Mais dans les nouvelles têtes, on sera également impressionné par la performance d’Hugh Griffith dans le rôle de ce seigneur anglais cocu. Sa présence en impose beaucoup et il est parfait pour le rôle.

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On retiendra aussi Joséphine Chaplin dans le rôle de son épouse. Comme je l’ai dit plus haut, cette dernière n’est autre que la fille de Charlot en personne. Elle signe elle aussi une très bonne performance.

On a enfin Pier Paolo Pasolini lui-même dans le rôle de Chaucer. C’est un choix à la fois logique et symbolique, puisque Pasolini adapte à l’écran cet écrit de façon fidèle. Pour son montage il s’est d’ailleurs énormément référé à la structure du livre. Le cinéaste a donc conçu ce film en le pensant comme Chaucer.

Les Contes de Canterburry s’impose donc comme le second opus de la Trilogie de la Vie. Esthétiquement c’est toujours sublime et le mélange des genres est incroyable et décapant. Ceci dit je trouve certaines scènes quelque peu grotesques, et mal vues comme les dernières en enfer.

7

Mais on ne peut nier que Les Contes de Canterburry est une œuvre unique. Sur le fond, il est bien entendu question de sexe comme dans Le Décameron. Et Pasolini semble prôner une libération sexuelle européenne et sincère, et non américaine et consumériste.

Mais il n’est pas seulement question de sexe ici. A travers ce décor du moyen-âge anglais, le réalisateur met en scène la société de son époque. Les personnages des étudiants et de Davoli sont à ce niveau là très évocateur. Au final, le décor des Contes de Canterburry n’est paradoxalement qu’un moyen de voir avec à la fois une certaine critique et une certaine naïveté le monde moderne.

Quoiqu’il en soit, le film sera comme souvent chez Pasolini au cœur de polémiques et de plaintes en justice. La plupart émanaient d’associations religieuses. Le film fut d’ailleurs saisi par le procureur dans certaines villes italiennes.

5

Mais Pasolini réussit un nouveau chef d’œuvre qui reste aussi l’un de ses films les plus cultes. Il suit la droite lignée du Décameron en le complétant parfaitement.

Encore une œuvre essentielle de Pasolini.  

 

 

 

Note : 17/20

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Commentaires
V
à Oliver: oui c'est sûr
A
bon après, c'est juste histoire de pinailler un peu...
A
pardon, chronique
A
Le 2nd volet de la trilogie "sexuelle" de Pasolini : encore un indispensable même si certaines séquences tournent un peu au ridicule parfois, comme mentionné dans la chroniqué
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