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1 juillet 2015

Mamma Roma

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Drame

Année : 1962

Public : Tous Publics

Durée : 1H45

Nation : Italie

Réalisateur : Pier Paolo Pasolini

Acteurs : Anna Magnani, Ettore Garofolo, Franco Citti, Silvana Corsini.

Synopsis : Le jour du mariage de Carmine, Mamma Roma fête la fin de son quotidien de prostituée. Elle décide alors de reprendre sa vie en main et notamment son rôle de mère. Elle part chercher Ettore son fils qu’elle avait laissé en pension à la campagne et le ramène à Rome dans l’espoir de lui trouver du travail et lui offrir ainsi un bel avenir. Malheureusement la vie des « borgate » n’est pas idéale et le passé de Mamma Roma ne cesse de la poursuivre.       

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Aujourd’hui nous continuons notre cycle Pasolini avec le second film du réalisateur, j’ai nommé Mamma Roma.

Après le chef d’œuvre qu’a été Accattone, l’artiste se lance dans une nouvelle œuvre. Il part dans cette aventure avec Alfredo Bini le producteur du film précédent et son ami Sergio Citti (frère de Franco) qui l’aidait pour les dialogues.

Ce nouveau film, c’est Mamma Roma, qui raconte l’histoire d’une ancienne prostituée de Rome à la forte personnalité qui décide de reprendre sa vie en main et notamment de permettre à son fils de s’intégrer dans le monde moderne.

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Mamma Roma reste une œuvre particulière dans la filmographie du cinéaste, car ce dernier n’y était pas vraiment attaché. En effet il trouvait qu’avec Mamma Roma il avait fait plus ou moins le même film que son précédent long métrage Accattone. Il considérait que c’était une faute artistique très grave.

Il est vrai que Mamma Roma reprend le même décor et le même milieu qu’Accattone. Il est vrai aussi que ce second long métrage peut ressembler à une suite du précédent. On y retrouve Franco Citti toujours dans le rôle d’un maquereau, mais cette fois ci avec une moustache et plus dur. Ce dernier ayant décidé de se marier avec une famille de paysans abandonne le proxénétisme libérant ainsi Mamma Roma.

Pour autant si l’univers se rapproche beaucoup de celui d’Accattone, on peut dire qu’on est ici dans la situation inverse.

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Premièrement nous ne suivons plus l’histoire du maquereau mais bien de la prostituée. Alors qu’Accattone refusait d’abandonner sa vie de maquereau et de branleur pour aller travailler, Mamma Roma souhaite au contraire faire une croix sur son passé et s’insérer dans la société moderne avec son fils Ettore. Ce sera donc le cœur du débat de ce nouveau film sur lequel nous reviendrons plus loin.

Premièrement parlons de la réalisation. Pasolini n’est pas moins virtuose que dans Accattone. Un œil hyper affûté et des plans magnifiques. Sans parler des mouvements de caméra. Les célèbres scènes en travelling montrant Mamma Roma remonter la rue en pleine nuit et dialoguant avec une multitude d’inconnus font désormais partie du patrimoine italien. Il y’a d’ailleurs un côté quelque peu surréaliste dans ces séquences.

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On pensera bien évidemment aussi à la balade en moto entre Mamma Roma et Ettore.

Mais comme pour Accattone, ce qui frappe le plus c’est la retranscription du réalisme social auquel nous confronte Pasolini. Une fois encore, cette retranscription des bas quartiers de Rome et de ses habitants et bluffante.

Mais on retiendra également la tension dramatique que parvient à créer le cinéaste lors des scènes phares de l’intrigue. Les séquences de la mort D’Ettore sont purement atroces.

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Là encore pour souligner cette tension dramatique, le cinéaste a recours à de la musique classique. C’était du Bach pour Accattone, ce sera du Vivaldi Pour Mamma Roma. C’est par ce procédé que Pasolini parvient aussi à vraiment intensifier ses scènes.

Les décors sont également remarquables et nous renvoient aussi à ceux d’Accattone. Ceci dit on semble ici plus proche de Rome, ce qui pour moi crée déjà une certaine différence.

Ensuite Mamma Roma peut s’appuyer sur d’excellents interprètes.  

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Premièrement Anna Magnani dans le rôle  clé de Mamma Roma. C’est à mon avis le meilleur rôle de cette légende du cinéma italien. Son interprétation est magistrale et pleine de vie. Elle ne joue pas Mamma Roma, elle est Mamma Roma. Sa personnalité colle parfaitement au rôle. Mamma Roma est évidemment l’incarnation de Rome qui est « une vieille prostituée ». Cette forte personnalité et ce caractère très représentatif de la capitale. Mais c’est aussi dans son parcours qu’elle est la représentation de Rome comme nous le verrons. Magnani est donc exceptionnelle.

Puis nous avons Ettore Garofolo, dans le rôle du fils Ettore. Lui aussi est formidable et crédible dans son rôle. Un jeune homme timide mais à la tête dure qui a du mal à supporter une mère qui veut lui tracer une vie qu’il rejette. La prestation de Garofolo est particulièrement hallucinante sur le final.

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Franco Citti est magnifique dans ce nouveau rôle de maquereau désormais plus sombre et moins pathétique.

Quant au reste du casting, il est composé de la plupart des acteurs qui jouait les seconds couteaux dans Accattone. Ces derniers étant issue des « Borgate » sont donc toujours aussi bluffants et crédibles.

Là encore les dialogues écrits par Pasolini et Sergio Citti nous renvoient inévitablement à l’identité sociale des individus, mais également à leur génération.

   

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Tout comme avec Accattone, Pasolini nous montre la misère des « borgate » et nous renvoie au réalisme social qui leur est propre. Le message de ce second film est le même que le premier. Pasolini nous met en garde contre la disparition des classes sociales.

Sauf qu’ici le cheminement n’est plus le même. Mamma Roma est peut être plus explicite dans sa démarche. On pourrait croire qu’il s’agit d’un film sur la rédemption d’une femme qui souhaite une meilleure vie pour son fils que celle des « borgate ». Mais en réalité, le réalisateur semble nous dire que Mamma Roma est dans l’erreur. Elle veut s’intégrer à la société moderne avec son fils, mais par la même, elle renie totalement son origine sociale. Elle ne cesse de se la cacher à elle-même. Par exemple elle reproche à son fils sa délinquance, mais commet pourrait il en être autrement ? Mamma Roma elle-même raconte aux passants sa généalogie composée de voyous, de proxénètes et de criminels en tout genre. Ettore peut il faire omission de son identité sociale ? Mamma Roma reproche également à Carmine son proxénète de vouloir à nouveau la mettre sur le trottoir, plutôt que de travailler honnêtement. Mais Carmine lui rappelle que c’est Mamma Roma qui l’a recueilli dans la rue et que c’est elle qui lui a inculqué cette mentalité et en a fait son maquereau. Mamma Roma est donc totalement dans la négation de son origine et son identité sociale. Pasolini semble nous dire qu’on ne peut rejeter ses origines mais qu’on doit au contraire lutter avec.  

    

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Ainsi la fin tragique d’Ettore nous renvoie une fois encore à une image christique. Ettore a été un sacrifice et il meurt dans d’atroces souffrances les bras en croix dans la même position que Jésus.

Pasolini nous met donc une fois de plus en garde contre l’aliénation d’une société qui perd tous ses repères identitaires et fonce droit vers un monde consumériste et ravageur.

A l’époque, Mamma Roma de par son sujet et son univers lié au proxénétisme et aux bas quartiers sera attaqué en justice pour « outrage aux bonnes mœurs ». Pasolini gagnera cependant le procès et le film sera autorisé à la projection.

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Mamma Roma est rapidement devenu un classique du cinéma italien. Et si Pasolini, sans le renier, ne s’y attache pas trop, c’est une fois encore parce qu’il le trouve trop proche du film précédent. Certes Mamma Roma ressemble parfois à une suite d’Accattone, il un décor similaire et le même message. Mais Pasolini propose un développement différent et peut être plus parlant.

Mamma Roma est donc un chef d’œuvre de plus à l’actif de Pier Paolo Pasolini.   

    

 

Note : 17/20

 

Bonus : La Ricotta (35 Minutes)

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Pour terminer, je décide de vous parler de La Ricotta, un moyen métrage réalisé par Pasolini en 1963. Il s’agit de l’histoire du tournage d’une grande fresque sur la vie du Christ. Fresque dirigée par le grand Orson Welles. Stracci un figurant attend de jouer sa scène mais est pris d’une faim irrésistible.

b

En réalité La Ricotta est le troisième épisode d’un film baptisé ROGOPAG (Films à Sketch de ROsselini, GOdard, PAsolini et Gregoretti). La Ricotta s’est fait connaître car à sa sortie il a déclenché un véritable scandale. En effet le film fut traîné en justice pour « blasphème ». Va alors s’engager une procédure judicieuse longue de 5 ans. Pasolini sera d’abord condamné à quatre mois de prison avec sursis pour « outrage à la religion » (au nom d’une loi aujourd’hui abrogée). Après plusieurs appels il sera finalement acquitté.

c

Mais qu’en est-il vraiment de La Ricotta ? Personnellement j’ai évoqué ce film pour sa réputation sulfureuse, mais honnêtement je n’y vois ni blasphème ni réel intérêt. Je ne comprends pas vraiment ce qu’a voulu nous dire Pasolini. Cela ressemble plus à un exercice de style. Le film vaut surtout pour son aspect déjanté et la prestation non moins loufoque d’Orson Welles. Mais à part ça honnêtement je ne vois nul motif de scandale ni réel intérêt.        

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Commentaires
V
à oliver: tu as bien rison
A
faut voir... Je préfère privilégier mama roma et Accatone
V
à Inthemood: En même temps il est plus facile de trouver des infos sur Mamma Roma que sur Orozco pour alimenter la chro .
I
à vince: Rome ville ouverte? Oui mais il y a longtemps. Par contre, pas vu Mamma Roma. Mais tu me connais, si le pitch me plaît: je commande illico (sauf si le film est trop cher!). Pour le reste, merci, mais ce sont les films chtarbés qui sont énormes; moi, je me contente de retranscrire mues émotions. Toi, tu bosses, c'est un truc de fou.
V
à Inthemood: Merci tes chroniques de films chtarbés sont également énormes. C'est vrai qu'elle joue aussi dans Rome Ville Ouverte l'un des plus grands chefs d’œuvres du ciné italien. Sinon tu as vu ce film ?
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