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8 mai 2015

Le Manuel du Savoir Mourir

 

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Catégorie : Littérature

Genre : Inclassable, humoristique

Année : 1963

Nombre de pages : 125

Nation : France

Auteur : André Ruellan

Sujet : On ne compte plus les éditions des manuels du savoir vivre. On attache beaucoup d’importance au tact et au politiquement correct dans l’existence mais jamais dans le trépas. Une redoutable lacune selon André Ruellan qui nous propose un véritable Manuel du savoir mourir. Il nous raconte donc les meilleures manières pour mourir à travers l’histoire de Basile.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Aujourd’hui, pour continuer sur notre cycle Panique, je vous propose d’aborder une véritable curiosité totalement improbable. Le Manuel du Savoir Mourir d’André Ruellan rédigé en 1963. Ce petit bouquin aux allures underground est l’un des premiers et des fiers représentants de la tendance Panique.

André Ruellan pratiqua la médecine pendant près de douze ans avant de se lancer dans la littérature et le cinéma. Il rédigea plusieurs ouvrages sous le pseudo de Kurt Steiner. Ses écrits lui permirent d’avoir sa carte d’entrée dans le club des surréalistes représenté par André Breton. Mais à l’aube des années 60, comme certains surréalistes désillusionnés, il rejoint le mouvement Panique fondé par Fernando Arrabal, Alejandro Jodorowsky et Roland Topor.

C’est alors qu’en 1963, il se lance dans l’écriture du Manuel du Savoir Mourir. Ruellan veut livrer un véritable petit OLNI (Objet littéraire non identifié) qui soit aussi détonant dans son écriture que dans ses illustrations réalisées par le très grand dessinateur Roland Topor, soit l’un des piliers du Panique.

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Ruellan nous explique alors qu’on a trop commis l’erreur de rédiger des manuels du savoir vivre au détriment du manuel du savoir mourir. En réalité il nous raconte l’histoire de Basile qui est très préoccupé par sa future mort et veut faire en sorte qu’elle s’effectue dans les règles de l’art. L’histoire de Basile est parallèlement interrompue par des « leçons » écrites par Ruellan. La leçon étant la conclusion de la partie du récit, qui nous explique les points à retenir et les choses à éviter pour une bonne mort.

Ainsi, il nous décrit son propos à travers des chapitres tels : « la Politesse de l’agonie » (éviter d’exacerber votre souffrance), « La Courtoisie du cadavre » (éviter de pourrir en public) « L’Importance des funérailles » (sortez le grand jeu ou faite modeste plutôt), « le choix de l’au-delà » (Paradis, Valhalla, réincarnation, fantôme). Mais aussi les rapports avec les autres morts et les vivants (si vous choisissez de devenir un fantôme, ne vous manifestez pas à tout bout de champs !). La façon de mourir sera également primordiale.

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L’histoire de Basil servira plus ou moins à mettre en application ces leçons, mais nous montrera aussi les erreurs à éviter.

Tels sont les axes principaux de ce bouquin véritablement déjanté. André Ruellan nous dresse un véritable manuel du savoir mourir.

L’un des points forts de son bouquin est évidemment l’humour. Humour noir, cynique et ironique mais irrésistible. L’écriture est également excellente. Le Manuel du Savoir Mourir est rédigé de façon synthétique et directe. Cela le rend ludique à la lecture mais lui confère également une certaine crédibilité de ton. Un ton sérieux et digne des manuels techniques qui tranche radicalement avec le côté loufoque de la situation. 

 

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André Ruellan réussit donc un véritable coup de maître.

Mais son bouquin peut également compter sur de superbes illustrations réalisées par Roland Topor. Ce ne sont sans doute pas les meilleurs dessins de la carrière du bonhomme, mais on reconnaît immédiatement son style. Les dessins de Topor confèrent vraiment une identité au Manuel du Savoir Mourir et appuient bien l’humour noir et ironique des écrits.

Le Manuel du Savoir Mourir est donc une vraie petite curiosité jouissive. On pourrait y voir évidemment une sorte d’exercice de style dans la pure tradition du Panique. Ruellan testant une nouvelle ironie. Mais ce ton ironique va beaucoup plus loin que l’on pourrait le penser. Dans l’intro sur le revers de la couverture du bouquin, l’auteur invite le lecteur à se dire que « Vivant » signifie « Mortel » et vice versa. Et en réalité on comprend que Le Manuel du Savoir Mourir est une parodie totale du Manuel du Savoir Vivre. Ruellan en fait totalement ressortir le ridicule et l’hypocrisie à l’aide de ce petit exercice de style.

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Le Manuel du savoir Mourir est donc une œuvre de style véritablement déjantée qui s’inscrit parfaitement dans la tonalité du Panique. Une œuvre que je trouve assez essentielle pour saisir l’essence de cet anti-mouvement.

Une vraie petite curiosité que j’encourage à découvrir.       

 

Note : 16/20

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Commentaires
A
à vince: ce nom a retenu aussi mon attention en lisant la chronique...
V
à Oliver: Une vraie petite curiosité que j'ai découvert sur un marché aux puces. C'est également le nom de Topor qui m'a fait flashé.
A
Avec Topor derrière les illustrations ? Voilà qui donne très envie d'adhérer à ce livre !
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