La Cravate
Catégorie : Cinéma
Genre : Fantastique, Comédie Musicale
Année : 1957
Public : Tous Publics
Durée : 20 minutes
Nation : France
Réalisateurs : Alexandre Jodorowsky, Saul Gilbert, Ruth Michelly
Acteurs : Alexandre Jodorowsky, Denise Brossot, Rolande Poyla, Saul Gilbert, Raymond Devos.
Synopsis : Un jeune homme tente de séduire une femme. Cependant cette dernière est attirée par son corps mais pas par son visage. Le jeune homme se rend alors dans une boutique étrange où l’on échange les têtes, en espérant trouver un faciès adéquat.
Analyse critique :
(Attention SPOILERS !)
Nous continuons notre cycle Panique avec un premier film. En l’occurrence, un court métrage intitulé La Cravate et réalisé par Alejandro Jodorowsky (crédité Alexandre Jodorowsky pour le film), Saul Gilbert et Ruth Michelly en 1957.
La Cravate ne fait pas vraiment parti du mouvement Panique, puisqu’il fut réalisé cinq ans avant que celui-ci ne soit fondé. Mais j’ai choisi de parler de ce film pour évoquer les racines de l’art de Jodorowsky.
A l’époque, le jeune chilien né de parents émigrés russes, était en France et plus précisément à Paris. Artiste dans l’âme, Jodo s’était retrouvé dans une troupe de théâtre. Il mettait lui même en scène des pièces et jouait également.
En 1957, avec son ami Saul Gilbert, il décide de s’essayer au septième art avec ce court métrage qu’est La Cravate. A cette époque là, Jodo venait tout juste de faire la connaissance d’Arrabal, dont il avait mis en scène dans son théâtre, la pièce Fando et Lis.
Jodo tente donc de nouvelles expériences à travers la cinématographie.
La Cravate raconte l’histoire d’un jeune homme qui se rend dans un étrange magasin où une jeune femme échange les têtes de ses clients. Le jeune homme cherche une physionomie qui lui permettrait de séduire une femme riche.
La Cravate se présente donc comme une œuvre totalement fantastique. Quelque part, on peut penser en voyant ce film à Un Homme de Tête de George Méliès. Ceci dit, les enjeux et les méthodes sont absolument différents. Là où Méliès misait sur la technique et les effets spéciaux, La Cravate fait le contraire en se voulant être une œuvre basée sur la mise en scène, sans « effets industriels » (comme pourrait les appeler Jodorowsky) mais surtout très théâtrale. Car oui, au final ce film est avant tout du théâtre et clairement Jodo ne sort pas tellement de son registre. Tout est théâtral dans ce film. Premièrement les décors qui sont en cartons et en papiers. Les costumes qui sont des déguisements folkloriques et les visages des acteurs qui sont sur-maquillés.
Clairement, La Cravate s’apparente avant tout à une pièce de théâtre filmée. La mise en scène elle-même est ultra théâtrale, de même que le jeu des acteurs. A ce niveau là, il se base avant tout sur les expressions faciales et les mimes, puisque La Cravate est un film muet. En ce sens, Jodo aborde le cinéma en remontant à ses racines. Pour être parfait, il aurait fallu qu’il fasse un film en noir et blanc, mais cela nous aurait privés de la belle esthétique que lui a procurée la couleur.
Et puis une fois encore, La Cravate est une œuvre purement théâtrale. Mais au niveau de la réalisation et de la façon de filmer, Jodo se place dans un point de vue assez classique. A part dans la scène où le personnage observe la foule. Là, le réalisateur joue bien avec sa caméra et l’exploite au mieux.
Outre la mise en scène, parlons des interprétations que j’ai plus ou moins évoquées plus haut. La Cravate est donc un film muet et comme je l’ai précisé, la prestation des acteurs se base avant tout sur le mime.
Alejandro Jodorowsky tient donc le rôle principal. Il a clairement un talent d’acteur et de mime. Sa prestation est probablement la meilleure du film. Il est d’ailleurs amusant de voir ce jeune Jodorowsky en véritable gringalet.
Du reste, les interprétations de Denise Brossot, Rolande Poyla et Saul Gilbert sont pleines de charme et apportent beaucoup à l’œuvre.
La musique est également très bien choisie et rappelle celle des vieux court métrages. Elle est simple, gentille mais très entraînante et elle contribue largement à maintenir le charme voulu pendant les vingt minutes de film.
Concernant le fond de l’œuvre, La Cravate n’en a pas vraiment. Elle s’apparente avant tout à un exercice de style et un premier essai au cinéma pour Alejandro Jodorowsky. De ce point du vue là, difficile en fait de dire si l’œuvre est concluante puisque s’il est clair qu’elle est très bien foutue et mise en scène, il faut avouer que Jodo ne sort pas vraiment de son cadre habituel, à savoir le théâtre.
Mais pour en revenir au fond du film, on peut toujours en trouver un. Personnellement, je vois La Cravate comme une petite fable sur la société moderne de consommation où le corps humain est devenu une pure marchandise. Les têtes humaines s’échangeant en magasin. C’est cependant une interprétation purement personnelle et d’un autre côté, il n’est fait aucune référence à l’argent dans La Cravate et le ton reste beaucoup trop léger pour avoir la prétention de véhiculer une quelconque critique. Cela dit, à la fin, le personnage réalise qu’on est jamais mieux que quand on est soit même.
La Cravate est donc un court métrage très intéressant qui permet de mieux cerner les racines de l’art d’Alejandro Jodorowsky. On y retrouve l’aspect théâtral et fantastique propre au cinéaste. De même que certains types de personnages qui seront récurrents dans son œuvre.
Certes, une fois encore, l’artiste ne sort pas vraiment de son cadre de base, à savoir le théâtre, mais La Cravate reste un très bon court métrage.
Note : 15/20
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F12%2F45%2F1299180%2F106650191_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F88%2F21%2F1299180%2F106604516_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F78%2F47%2F1299180%2F106425270_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F61%2F93%2F1299180%2F106316855_o.jpg)