Lost: Les Disparus (Saison 6)
Catégorie : Série Télévisée
Genre : Aventure, Fantastique, initiatique
Année : 2010
Public : Tous Publics
Durée : 12H30 environ (18 épisodes)
Nation : USA
Réalisateur : J.J.Abrams
Acteurs : Matthew Fox, Evangeline Lilly, Terry O’Quinn, Josh Holloway, Michael Emerson, José Garcia, Elizabeth Mitchell, Naveen Andrews, Henry Ian Cusick, Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Ken Leung, Jeff Fahey.
Synopsis : Après l’explosion de la Bombe H, les rescapés se retrouvent plongés dans une autre dimension. Une réalité alternative dans laquelle l’Île n’existe pas et où l’avion ne s’écrase donc pas et atterrit à Los Angeles.
Après l’explosion de la Bombe H, les rescapés retournent à leur époque soit en 2007. Ils sont cependant toujours bloqués sur l’Île et le plan de Jack n’a pas marché. Au même moment, après le meurtre de Jacob, l’Île semble sombrer dans les ténèbres. Le groupe de « Locke » s’apprête à la quitter définitivement.
Analyse critique :
(Attention SPOILERS !)
Voici venue l’heure d’aborder la sixième et dernière saison de Lost : Les Disparus. Une aventure commencée en 2004 avec le crash d’un avion sur une Île déserte. Depuis, les rescapés ont fait du chemin et l’histoire a beaucoup évolué. A tel point qu’elle a en fait analyser tous les dérivés du mot « Lost » (« Perdu »).
Depuis 5 saisons, Lost a accumulé les énigmes, les intrigues et les mystères. Les personnages ont également suivi des évolutions incroyables. Cette ultime saison est donc attendue au tournant par les fans en quête de réponse.
La première question, c’est évidemment : Est-ce que la Bombe H changé le cours des choses ?
Comme d’habitude, on a droit à une intro d’enfer. Tout commence à travers le hublot d’un avion. Le Vol Oceanic 815 dans lequel se trouve Jack. On reconnaît alors le premier flash back de la saison 1. Comme prévu, Jack discute avec Cindy l‘hôtesse puis avec Rose. Des turbulences se font alors sentir. Bref tout se passe comme prévu mais soudain les turbulences cessent et l’avion continue sa route. La caméra quitte l’avion par le hublot et descend vers la mer puis y rentre pour aller en explorer les abysses. Et là, tout au fond on découvre des vestiges évocateurs. L’Île est ici, littéralement engloutie. C’est alors qu’on comprend que tout a marché et que le vol 815 se posera à Los Angeles. Que va-t-il advenir des personnages ?
Mais soudain on se retrouve dans la jungle avec Kate perchée dans un arbre. Bien vite on comprend qu’on est dans une autre version de la réalité. Ici, les personnages ont certes été renvoyés dans leur époque, soit en 2007, mais ils n’ont pas quitté l’Île. Mais cette intro nous renvoie également à l’intrigue qui entoure l’autre groupe, celui dirigé par Locke. Et c’est là qu’on a droit à du lourd.
On se souvenait du twist de cette intrigue où Ben assassinait Jacob sous les ordres de Locke. Puis à l’extérieur de l’antre de Jacob, les gardes du corps de ce dernier amenait un cercueil qui contenait le corps de John Locke. Le Locke de l’intérieur était-il un fantôme ?
Quoiqu’il en soit, ici les gardes de Jacob pénètrent dans le temple et découvrent le corps de leur maître ainsi qu’un Locke triomphant. Ils lui tirent dessus, mais Locke, bien que touché en pleine poitrine a le temps de se cacher derrière une colonne. Lorsque les hommes de Jacob la contournent, ils ne trouvent rien, hormis les balles tirées sur le sol mais Locke s’est volatilisé. Soudain, des bruits étranges et mécaniques se font entendre annonçant l’arrivée du monstre de fumée noire. Ce dernier pénètre dans l’antre et massacre sauvagement tout le monde excepté Ben, l’assassin de Jacob. Après le carnage et le départ du monstre, Ben s’apprête à quitter le temple quand il entend des pas derrière lui. Il se retourne et découvre John Locke qui vient de réapparaître. Locke le regarde et lui dit « Je regrette que vous m’ayez vu sous cet aspect ». Ainsi on comprend que Locke et le monstre sont en fait une seule et même personne. En réalité comme beaucoup de fans l’avaient soupçonné dés la saison 5, Locke est bel et bien mort et le monstre de fumée noire a pris son apparition comme il l’avait fait avec d’autres personnes. Mais qu’est le monstre ? Ou plutôt qui est-il ?
Cette saison 6 se consacre à cette question. Il est temps d’aborder les plus grands secrets de Lost. Cette ultime saison est donc dédiée à l’histoire de l’Île à ses débuts, à Jacob et au monstre de fumée noire.
Pour ce qui est des nouveaux personnages, on en trouve peu, et la plupart sont purement anecdotiques. Le seul qui compte est « L’Homme en noir » qui était déjà apparu dans la fin de la saison 5. Il vit sur l’Île depuis aussi longtemps que Jacob dont il est le frère. Contrairement à ce dernier, il cherche à s’échapper de cet endroit depuis toujours. Il a également la capacité de se changer en un tourbillon de fumée noire. C’est donc lui que les survivants appellent « Le monstre ». Le personnage est incarné en partie par Titus Welliver et aussi Terry O’Quinn, puisque l’Homme en noir a pris l’apparence de Locke en 2007.
Quant aux personnages qui sont dans la série depuis longtemps, ils vont bien évidemment beaucoup évoluer. Mais ce qui est intéressant, c’est leur évolution sur l’Île et celle dans la réalité alternative.
Premièrement Jack l’homme terre à terre et esprit cartésien. Dans la réalité alternative on se rend compte qu’il semble mener une vie aisée due à sa profession et qu’il est aussi père de famille. Pour autant son boulot l’empêche d’être un père attentif et il craint de ne trop ressembler à Christian son propre paternel. C’est même au final un homme triste. Sur l’Île cependant, Jack est devenu « un croyant » et pense que leur destin à tous est lié à l’Île. Il se met alors à tenir des discours dignes de ceux de John Locke autrefois. Il tient clairement la place du « héros » et semble prêt à tout sacrifier pour l’Île.
Mais parlons du personnage de John Locke. Dans la réalité alternative, il semble plus heureux qu’autrefois. Il est en bons termes avec sa femme, mais semble aussi travaillé par un sentiment de culpabilité.
Concernant le Locke de l’Île, il est encore plus intéressant. En réalité il ne s’agit pas vraiment de Locke, puisque c’est en fait l’homme en noir (soit Le monstre de fumée noire) qui a pris son apparence. Ce n’est donc pas le vrai Locke, il en est d’ailleurs l’opposé sur pas mal de points. Le plus clair étant qu’il considère l’Île comme un simple caillou et qu’il veut la quitter contrairement au vrai John Locke. C’est donc pour cela que les créateurs ont eu une idée géniale en proposant de donner à l’homme en noir les traits de John Locke. Cela crée un gros contrepied et court-circuite l’esprit du téléspectateur. Mais il ne s’agit pas là d’un banal effet de style. Car si, comme je l’ai dit, dans l’histoire il ne s’agit pas vraiment de John Locke, c’est quelque part bien lui. En effet, les flash-sideways (flash de la réalité alternative) du vrai John Locke sont mis en lien avec le Locke/Monstre de l’Île. Il ne s’agit pas là à mon avis d’une facilité scénaristique. Une autre preuve étant que l’homme en noir sous les traits de Locke reprend ses expressions, notamment lorsqu’il s’écrie « ne me dis pas que je ne peux pas faire quelque chose ! » soit la phrase culte du personnage. On note aussi que l’homme en noir semble vraiment se sentir John Locke, puisqu’il déclare à Jack au moment de leur descente vers la source que cela lui rappelle la trappe et le bouton. Jack lui répond « Vous n’êtes pas John Locke ». Donc pour moi la relation John Locke/Le Monstre dépasse le contrepied. Il y’a un vrai lien qui est établi. Par ailleurs, le John Locke de l’Île est vraiment charismatique. Même si ce n’est pas le vrai Locke, il n’a jamais été aussi proche de cette image de prophète ou de guide que dans cette ultime saison. Il apparaît là comme un vrai leader qu’on a vraiment envie de suivre même en connaissant sa vraie nature et son côté impitoyable. Terry O’Quinn signe vraiment une performance formidable.
Pour le personnage de Sayid, il a lui aussi droit à son miracle et comme John Locke, il change radicalement. Visiblement atteint par une sorte de malédiction, Sayid devient un serviteur de l’homme en noir et semble dépourvu d’émotions.
Dans la réalité alternative, Sayid a été un homme d’action. Cependant il n’est pas avec la femme de sa vie Nadia qui vit avec son frère. Cependant entre eux, l’ambigüité demeure. Sayid va également se retrouver confronter à des difficultés.
Son personnage finira cependant en héros dans les deux univers.
Quant à Sawyer, sur l’Île, il continue à se rapprocher du statut de héros.
Mais c’est surtout dans la réalité alternative qu’il surprend. Alors que son comportement est le même, il n’est plus arnaqueur mais flic. A ce propos, la façon dont on le découvre est vraiment géniale, puisqu’il joue le rôle d’un arnaqueur. Il fait également équipe avec le personnage de Miles. Dans cette réalité alternative, on apprend cependant que Sawyer traque toujours le responsable de la mort de ses parents.
Parlons maintenant de Desmond. L’importance de ce personnage est soulignée depuis la saison 3. Sur l’Île, il est utilisé par Charles Widmore qui sait qu’il peut résister à une charge électromagnétique très intense.
Dans la réalité alternative, Desmond travaille pour ce même Charles Widmore, avec lequel il entretient d’excellentes relations (là encore contrepied quand tu nous tiens). Desmond mène la belle vie de luxe. Mais lorsqu’il va croiser Charlie, des souvenirs de l’Île vont lui revenir et il va devenir une sorte de guide pour tous les personnages du vol 815. Henry Ian Cusick n’a jamais été autant mis en valeur que dans cette dernière saison.
Quant à Ben, il reste toujours l’un des personnages les plus intéressants. Sur l’Île, il a tendance à aller avec le groupe qui l’arrange. Son opportunisme garde quelque chose d’humain. Ben pourrait avoir l’Île pour lui, mais pour cela il n’est pas non plus prêt à renoncer à tout. Il finit même en véritable « gentil », alors qu’il a été le méchant de la saga pendant longtemps. Il faut aussi dire que depuis la saison 5, le personnage ne semble plus vraiment en position de pouvoir, ce qui lui fait voir les choses différemment.
Dans la réalité alternative, Ben est un professeur d’histoire dans un lycée. L’une de ses plus brillantes élèves est une dénommée Alexandra Rousseau (soit sa « fille adoptive dans l’autre vie »). Ben montre là une facette vraiment humaniste qui tranche avec le personnage qu’il était sur l’Île dans la saison 3 par exemple. Même si on va voir qu’il sait garder un côté calculateur et manipulateur, il a des faiblesses apparentes dues à sa nouvelle humanité. Ainsi il ne sacrifiera pas Alex comme il l’avait fait autrefois. On réalise que son chemin sur le bien ou le mal s’est joué au final à peu de choses. Son évolution est donc vraiment intéressante. Michael Emerson est vraiment superbe et honnêtement son personnage est peut être le meilleur de la série.
Evoquons également le cas de Hurley. Il est devenu de plus en plus important tout le long de la série. Son don pour communiquer avec les esprits des morts se révèlera utile au groupe. Mais c’est surtout en fin de saison qu’on s’apercevra de son rôle majeur vis-à-vis de l’Île.
Dans la réalité alternative, Hurley est toujours le même à ceci près que cette fois ci il n’est plus maudit par les chiffres. Il a bel et bien gagné à la loterie mais a désormais une chance incroyable. Il ne lui arrive que de bien. Cette réalité alternative va également permettre de remettre sur le tapis son histoire avec Libby en la rendant moins « cul-cul la praline » que dans la saison 2.
Quoiqu’il en soit, son personnage, continue d’apporter une touche d’humour malgré la noirceur de cette ultime saison.
Mais ce sixième axe marque aussi le retour de certains personnages, notamment à travers la réalité alternative. On pensera à Charlie, qui va également se révéler important car il va dévoiler le lien entre la réalité alternative et la réalité pure. Dominic Monaghan, l’interprète, nous revient d’ailleurs en grande forme.
On assiste également au retour de Claire disparue vers a fin de la saison 4 et totalement absente de la saison 5. A la base, je trouvais que ce n’était pas plus mal car pour moi Claire n’apportait pas grand-chose. Ceci dit, dans cette saison 6, les créateurs ont su en jouer avec ingéniosité. Sur l’Île, Claire a vécu trois ans plus ou moins seule et a sombré dans la folie. Une vraie femme de la jungle. Son personnage peut rappeler celui de Rousseau mais en différent. Certes, on est quand même dans certains clichés, mais ça fait un drôle d’effet de voir Emilie de Ravin jouer ce type de personnage. Mais ce qui est le plus frappant c’est de constater la différence entre son personnage sur l’Île et dans la réalité alternative. Claire n’a donc jamais été aussi intéressante que dans cette saison 6.
Ce sixième axe approfondit les personnages les plus énigmatiques. C’est notamment le cas de Richard, ce membre des Autres, doté d’une jeunesse éternelle. On découvre que Richard est originaire du XIXème siècle et était un espagnol des Canaries appelé Ricardo. Richard perdit sa femme Isabella et c’est en tentant de la sauver qu’il se retrouva pris comme esclave sur un bateau appelé le Black Rock en route vers les colonies espagnoles des Amériques. On connaissait déjà le destin final de ce navire qui s’échoua sur l’Île. Richard fut l’un des seuls survivants qui échappa au monstre. Ce dernier sous le profil de l’Homme en noir tenta de la faire assassiner Jacob, mais Richard finit par se rallier à ce dernier. Il travailla pour Jacob qui en échange lui offrit la vie éternelle.
Nous découvrirons justement le passé de Jacob et de son frère jumeau L’Homme en noir. Tous deux sont nés sur l’Île d’une jeune naufragée. Après son accouchement, elle fut assassinée par une femme qui vivait sur l’Île depuis longtemps et qui éleva les deux enfants. En grandissant, leurs chemins se séparèrent. En apprenant la réalité sur celle qu’il croyait sa mère, L’homme en noir partit et se joint à un groupe d’hommes qui vivait dans les plaines. Son but était de quitter l’Île mais sa mère adoptive fit tout pour l’en empêcher si bien qu’il la tua. Cela déclencha la colère de Jacob qui pour se venger précipita l’homme en noir dans le « cœur de l’Île », ce qui fit de lui le monstre de fumée noire. Comme les deux frères ne pouvaient pas s’entre tuer (leur mère adoptive avait tout fait pour que cela n’arrive jamais), L’homme en noir chercha pendant tout ce temps un moyen d’éliminer Jacob qui l’empêchait de quitter l’Île.
Le passé des personnages les plus importants de l’Île est donc dévoilé.
On découvre également quelques nouveaux personnages secondaires. Dogen une sorte de Chaman asiatique qui semble avoir une place importante parmi les autres et qui vit au temple. Il est interprété par Hiroyuki Sanada, l’inoubliable acteur de Ring d’Hideo nakata, qui est vraiment génial ici. Ce personnage est assez ludique même si on retombe là encore dans ce que je considère comme l’un des vilains défauts de Lost, à savoir la référence XXL grosse comme un gratte-ciel. Dogen étant dans la réalité le fondateur de l’école Bouddhiste. Quand ce nom est donné à une sorte de Chaman, on se dit que les créateurs ne sont pas allés chercher loin. On retrouve également ce défaut à travers le comparse du personnage de Dogen qui est une sorte de hippie à lunettes ronde qui se prénomme Lennon. Vous comprenez à présent ce que j’entends par référence XXL.
La réalité alternative va aussi permettre de retrouver des personnages secondaires des saisons passées. Ainsi, réapparaîtra Keamy le bad guy inoubliable de la saison 4 qui dans la réalité alternative est désormais gangster, usurier et tueur à gage. Il est d’ailleurs accompagné de son bras droit Omar mais aussi de Mikhaïl le méchant de la saison 3 qui apparaît ici avec les deux yeux. Bref des personnages qui promettent du divertissement, on retrouvera également Minkowski.
Pour ce qui est de l’Île, notre personnage principal, on en apprend évidemment davantage sur sa nature. Pendant plusieurs saisons, des fans avaient avancé l’hypothèse argument à l’appuie que les rescapés étaient en fait tous morts et étaient en enfer. Cette théorie revient ici à travers le personnage de Richard Alpert et son passé. Lui-même a cru être en enfer. Au final on découvre qu’il n’en est bien évidemment rien.
En fait, selon Jacob, l’Île serait en quelque sorte le moyen de contenir le mal de ce monde (qui serait représenté par le monstre de fumée noire). C’est pourquoi l’Île doit être protégée.
On découvrira l’histoire de l’Île (même si au final il restera des questions et même si on ignore tout du commencement de l’histoire de cet endroit et quand il fut peuplé pour la première fois). On verra ce que Jacob tente de protéger de la fumée noire, mais aussi comment le groupe des Autres s’est formé à la base.
On aura également la confirmation que toutes les apparitions de Christian Sheppard étaient des manifestations du monstre.
On découvrira aussi que c’est bien Jacob qui a sélectionné les survivants et les a fait venir sur l’Île dans le but de faire ressortir leur bon côté. Jacob se refuse à leur montrer le bien et veut qu’ils le comprennent d’eux-mêmes.
Après ces révélations, le but des survivants va changer et ils vont tout faire pour protéger l’Île. Ainsi une guerre éclate et le chaos est total. Une lutte farouche entre le bien et le mal s’engage.
Mais l’autre partie intéressante de cette saison, c’est bien sûr la réalité alternative. Quel est ce monde où ont atterri les survivants ? Est-ce un rêve ou même juste une situation irréelle ? Ou bien est-ce une autre dimension parallèle à la réalité ? C’est cette version que l’on semble retenir, car on va découvrir que la « vraie réalité » déborde sur la réalité alternative et les personnages se souviennent peu à peu de leur vie sur l’Île. Serait-elle donc antérieure ? Nous aurons la réponse à la fin.
Concernant la réalisation, cette saison 6 est menée tambours battants. On en revient encore à la structure narrative qui depuis toujours est l’un des points forts de Lost. Après avoir admirablement joué sur le flash back, avoir repoussé les limites avec le flash foward, Lost va au sommet des frontières de la narration avec le phénomène de flash sideways que j’ai évoqué au long de cette chronique. Le flash sideway est en réalité une projection dans une réalité alternative. Ce phénomène est évidemment le clou de Lost.
Sur le fond mystérieux de la série, le monstre dévoile enfin sa nature, et la théorie (intéressante) de l’anomalie électromagnétique part aux oubliettes pour donner naissance à une pure créature fantastique. On apprend aussi d’où viennent les murmures dans la jungle. Par contre on ignore tout du pouvoir des numéros.
Ne nous voilons pas la face, certaines questions restent en suspend (ce qui ne manque pas de charme) et certaines réponses apportées créent des incohérences. C’est donc là que réside les défauts de cette saison 6. Cependant on pouvait s’y attendre vu le nombre d’énigmes et d’intrigues accumulées.
Pour ce qui est de la mise en scène et de la réalisation c’est toujours très bien fait. Dans cette dernière saison, les créateurs ont même tendance à se lâcher. Ils exploitent les décors et également la situation. Le monstre de fumée noire va donc apparaître souvent et ce pour notre plus grand plaisir (bien que le visuel de notre créature n’est jamais été terrible). On peut d’ailleurs faire ce reproche à pas mal de séquences, et notamment celles qui montrent l’Île engloutie. Il faut bien dire que le numérique est vraiment laid sur ces scènes.
Cependant l’ambiance est très bien travaillée. L’esthétique de cette ultime saison est plus sombre et donc à l’image de la noirceur de ce nouveau scénario. Je pense notamment au duel final où encore au massacre du temple par le monstre. A la suite de cette dernière séquence, Le monstre, revenu sous l’apparence de Locke, guide le groupe dans les décombres et les cadavres et il y’a une ambiance qui me rappelle Apocalypse Now.
On peut aussi toujours vanter le savoir faire des créateurs pour mélanger les genres. Cependant, ils exploitent au final moins ce filon que dans la saison 1 par exemple. Alors que la réalité alternative donnait de bonnes occasions de laisser libre cours à ce mélange. Mais il ne faut cependant pas oublier qu’il s’agit de la dernière saison et que la saga d’identifie et se personnalise plus.
On a également droit à beaucoup de moments dramatiques assez forts. Pas mal de personnages cultes mourront. Et le final est très chargé en émotions pour les fans. Je trouve d’ailleurs vraiment belle l’image finale sur laquelle les scénaristes concluent. Avec cette dernière scène on comprend que la boucle est définitivement bouclée avec un parallélisme Kubrickien. Bref J.J.Abrams a su conclure en beauté.
Mais évoquons le fond de cette saison. On a beaucoup parlé de la lutte entre le bien et le mal qui a lieue sur l’Île. A ce niveau là l’histoire paraît assez manichéenne (bien qu’on puisse la trouver plus profonde en la prenant à contrepied). Mais le plus important semble être la réalité alternative qui dévoilera le vrai sens de la série.
ATTENTION GROS SPOILERS ! (Il est conseillé à ceux qui n’ont pas encore vu la saison 6 de sauter les paragraphes suivants et de se reporter à la mention « FIN DES GROS SPOILERS »).
Sur l’Île, Jack deviendra le nouveau Jacob et devra arrêter l’homme en noir. Il y parviendra mais au prix de sa vie, ce qui fera d’Hurley le nouveau « protecteur de l’Île » secondé de Ben.
Pour ce qui est de la réalité alternative, on finit par découvrir qu’en fait les personnages sont tous morts et qu’ils se retrouvent dans une sorte de Paradis. C’est une sorte de monde parallèle qu’ils ont crée pour se retrouver. La série tombe donc définitivement dans le fantastique et confirme le fait qu’elle se base avant tout sur les personnages. Malgré un sentimentalisme franchement exacerbée, ce final parvient vraiment à toucher tant on a suivi ces protagonistes et qu’on comprend qu’on doit les quitter.
Ainsi le cœur de la série est vraiment véhiculé par ses personnages et les rapports qu’ils entretiennent entre eux mais également avec le téléspectateur.
Cela dit, pour en revenir aux évènements de l’Île, j’ai évoqué plus haut une lutte entre le bien et le mal, vraiment teinté de manichéisme. Mais à la seconde vision de la série, il m’est apparu que ceux qu’on nous présente comme les « bons » ne le sont pas, et ce qu’on nous montre comme le mal est en réalité le bien. Dans la saison 5, il y’a une phrase de Lapidus que je trouve bien. Alors qu’un des hommes de Jacob lui dit que lui et son groupe sont « les gentils », Lapidus répond « d’après mon expérience, ceux qui s’évertuent à nous faire croire ça sont toujours les méchants ». Bien vu et totalement applicable à l’ensemble de la série Lost et plus précisément sur cette ultime saison.
En effet, on nous présente Jacob comme le Bien (il a d’ailleurs un nom religieux de patriarche et est vêtu de blanc) et L’Homme en noir comme le mal (il n’a pas de nom et est vêtu de noir). Mais quand on regarde l’histoire, c’est bel et bien le contraire. Au final L’homme en noir s’est un jour rendu compte que la femme qui l’avait élevé était responsable du meurtre sa vraie mère et il a décidé de partir. Il a alors été tabassé par son frère Jacob, mais lui a pardonné et a continué à le voir malgré le fait qu’il vivait ailleurs. Son but était alors de quitter l’Île. Sa mère décida de l’en empêcher et pour cela l’assomma, détruit son moyen de quitter l’Île et tua tout des camarades. Il dût donc la tuer pour pouvoir s’enfuir mais le regretta sincèrement. Cependant, Jacob guidé par la vengeance le précipita dans la source de l’Île et le transforma ainsi en monstre de fumée noire. Tout au long des années, l’homme en noir voulut quitter l’Île (ce qu’il avait toujours voulu) mais Jacob l’en empêcha. C’est pourquoi l’homme en noir cherchait à le tuer, non par haine mais par nécessité.
Donc en fait, on a juste l’histoire d’un homme qui veut quitter une île mais qui est retenu et persécuté par son frère et une femme qui a tué sa mère….
Honnêtement comment considérer un tel personnage comme le méchant ?
Alors certains fans me diront qu’il fallait empêcher le monstre de quitter l’Île car il était le mal incarné et que s’il quittait l’Île « Tout était fini ». Car oui plusieurs personnages du film affirment que si le monstre quitte l’Île, « tout est fini », le monde sombrera dans les ténèbres. Mais à aucun moment on ne nous explique pourquoi ni comment. On peut donc penser qu’il s’agit là d’un pur mensonge de Jacob, car jamais l’homme en noir ne dévoile des projets concernant la destruction du monde extérieur, au contraire il veut le découvrir. C’est pourquoi le tout reste ambigu.
Certes, on pourra me rétorquer que le monstre a tué beaucoup de monde, mais vu la vie qu’il a eu, on peut comprendre. En revanche, Jacob a fait mourir plus de monde en les amenant sur l’Île et tout ça pourquoi ? Pour trouver un candidat qui puisse le remplacer pour empêcher son frère de quitter l’Île.
Donc désolé, mais en étant objectif, L’homme en noir et donc le monstre de fumée noire est le bon et Jacob est le mal absolu.
J’ai d’abord pris cela pour un mauvais scénario mais honnêtement ça m’a paru gros. De même que le fait qu’à aucun moment on explique clairement le danger éventuel que pourrait représenter l’homme en noir s’il quittait l’Île. Est-ce de la paresse scénaristique ? Ou les créateurs ont vraiment voulu laisser planer le doute en restant volontairement ambigus ?
On peut aussi retenir le fait que l’homme en noir a raison quand il dit qu’il n’y a rien dont l’Île ait besoin d’être protégé. Tout ce que fait Jacob ne sert donc à rien. Et tous les sacrifices qu’il fait au nom de ça, sont inutiles et gratuits.
L’homme en noir avait également raison dans les arguments qu’il avait utilisé lors de la saison 5 pour convaincre Ben de tuer Jacob. En effet Ben s’est voué à l’Île et malgré ça, il a eu un cancer et a été condamné à voir sa fille mourir sous ses yeux. Il y’est arrivé pleins d’autres mésaventures, mais en remerciements de tous ces sacrifices il a été banni. Et tout ça pour un homme qu’il n’a jamais pu rencontrer et qui l’a ignoré totalement.
Bref honnêtement je ne vois pas comment on peut sauver le clan de Jacob. Le vrai clan des bons est celui de l’Homme en noir.
De plus dans cette saison, les survivants nourrissent vraiment des idéaux de vengeance implacable qui les rendent peu attachants.
Je me plais à penser que les créateurs ont rendu le tout volontairement ambigu pour laisser le spectateur percer cette vérité. Même si cela paraît très peu probable je le reconnais.
Quelque part, tout cela mériterait une saison 7 pour réhabiliter l’homme en noir.
L’ambigüité qui règne sur cette dualité est-elle révélatrice d’un message caché de Lost ? Pour nous avertir que ceux qui se présentent comme les bons sont en fait le Mal ? Interprétation libre à laquelle j’adhère ainsi que d’autre fans d’après ce que j’ai pu lire.
FIN DES GROS SPOILERS !
Au final, cette saison 6 ne dévoilera clairement pas toutes les réponses aux diverses intrigues. On peut même accuser les créateurs de paresse scénaristique, mais dés la saison 1, on savait que du flou et des incohérences finiraient par naître.
Une fois encore, Lost s’est centré sur ses personnages et leur évolution. La série a analysé tous les dérivés du terme Lost. C’était donc au final une saga beaucoup plus psychologique. Les mystères étaient plus là pour analyser les conséquences psychologiques chez les individus.
Il n’est d’ailleurs pas plus mal que certaines énigmes restent sans réponse claire. Car les créateurs ont tout de même laissé beaucoup d’indices qui permettent aux fans de continuer à construire des théories. Car l’intérêt de Lost c’était aussi et beaucoup ça. Les spéculations des fans qui mataient la série au ralenti image par image. Rarement j’ai vu une série créer des aficionados aussi accros. Les évènements extérieurs à la série ont même fini par la dépasser. Des conférences de fans au niveau international s’organisaient autour des mystères de Lost. Des faux sites détectives publiaient régulièrement des théories. On en finirait pas de tout citer. Mais les créateurs ont su garder une part de mystère pour que la magie opère toujours et pour que la série garde l’un de ses intérêts premier. Et aujourd’hui, sur le net diverses analyses continuent de voir le jour. Comme celle que j’ai citée dans les gros spoilers sur la situation du bien et du mal de la série.
Cette saison 6 achève alors une série très riche. Comme je l’avais précisé, la première vision de Lost m’avait déçu et plus j’ai revu la série plus j’ai été saisi par sa profondeur et son aspect fascinant. Il est même difficile d’analyser cette saga dans toutes ses symboliques.
Toujours est-il que Lost reste une série d’une richesse incroyable.
Malgré des défauts et des ambigüités (qui ne manquent pas de charme), cette saison 6 marque un très beau point final.
Note : 16/20
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