Lost: Les Disparus (Saison 2)
Catégorie : Série Télévisée
Genre : Aventure, Survival, fantastique, initiatique
Année : 2005
Public : Tous Publics
Durée : 16H00 environ (24 épisodes)
Nation : USA
Réalisateur : J.J.Abrams
Acteurs : Matthew Fox, Evangeline Lilly, Terry O’Quinn, Michelle Rodriguez, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Dominic Monaghan, Naveen Andrews, Josh Holloway, José Garcia, Emilie De Ravin, Harold Perrineau, Malcolm David Kelley, Maggie Grace, Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Cynthia Watros.
Synopsis : Après avoir ouvert la trappe, le groupe de Jack, Locke et Kate décide de pénétrer dedans. A l’intérieur, ils découvrent un véritable bunker aménagé en appartement. Un homme vit à l’intérieur condamné à appuyer sur un bouton toutes les 108 minutes afin de « sauver l’humanité ».
En mer, après l’explosion du radeau et l’enlèvement de Walt ; Sawyer, Michael et Jin, tentent de survivre. Les courants les ramènent vers l’Île où ils font une rencontre inattendue avec d’autres personnes : les survivants de la queue de l’appareil du vol Oceanic 815.
Analyse critique :
(Attention SPOILERS !)
Nous continuons notre cycle dédié à la série Lost. Après avoir abordé la saison 1, l’heure est venue de parler de la saison 2. La première saison de Lost avait obtenu beaucoup de succès créant une véritable communauté de fans et une nouvelle mythologie dans l’univers des séries américaines. Déjà, la saga montrait une capacité incroyable à mélanger les différents genres pour créer une histoire atypique et vraiment pleine de mystères. Cependant, si la saison 1 fut très appréciée, certains lui reprochèrent le fait de poser beaucoup d’énigmes et de ne pas apporter de réponses. Personnellement, cet aspect ne m’avait pas gêné, en étant conscient qu’il s’agissait seulement de la saison 1 et que tout ne pouvait pas être dit. Mais les scénaristes entendront l’appel du public et décideront de commencer à dévoiler quelques réponses, mais aussi à poser des énigmes nouvelles. C’est d’ailleurs l’un des points de Lost sur lequel je me suis toujours posé des questions. Les scénaristes prétendent avoir eu dés la saison 1 un aperçu assez précis de ce que la série allait devenir. Personnellement, tout au long de la saga, j’ai parfois eu l’impression que l’histoire s’écrivait en fonction du public.
Mais au final, tout ça pour dire, que cette saison 2 est attendue au tournant. La saison 1 nous avait laissé un goût de mystère et le spectateur se demandait ce qu’il y’avait derrière la trappe. Nous aurons la réponse dans une formidable introduction. Car oui l’ouverture est superbe.
La série commence toujours sur un œil s’ouvrant. Ici, c’est celui d’un homme que l’on ne connaît pas qui suite au retentissement d’une alarme tape un code sur un ordinateur et appuie sur un bouton pour stopper l’alarme. Ensuite, notre inconnu se met de la musique, nettoie la vaisselle de la veille, fait de la muscu, prend une douche, prépare son petit déjeuner, bref des tâches du quotidien dans un appartement. On note cependant un élément illicite, l’homme s’injecte une étrange substance dans l’avant bras. Mais à part ça, on se dit que l’on est dans l’un des flashs backs récurrents de la série, même si on ne voit pas de qui il peut d’agir. Puis soudain, un tremblement de terre fait sauter le vinyle. Notre homme éteint alors toutes les lumières, enfile une combinaison, s’arme d’un fusil d’assaut et d’un pistolet et se dirige vers l’entrée où a l’aide d’un dispositif de sécurité ultra sophistiqué, il tente de voir ce qui se passe à l’entrée de chez lui. C’est alors qu’on découvre que « l’entrée » débouche en fait sur un gigantesque tunnel vertical qui remonte à la surface de la terre où se trouvent Jack et Locke qui viennent de faire sauter l’entrée de la trappe. On comprend alors que ce qu’on aurait pu prendre pour un flash back était en fait l’intérieur de la trappe au moment présent. Une intro fantastique qui vous laisse littéralement sur le cul.
Lost saison 2 commence donc très bien. Nous verrons ensuite bien évidemment ce qui est arrivé au radeau. On continue donc à suivre ce groupe humain toujours confronté à l’Île et à ses mystères. Cependant à cette palette de personnages déjà connus, viennent s’en ajouter de nouveaux venants de la queue de l’appareil. Je propose de vous les présenter :
- Ana Lucia Cortez : Personnage principal des membres de la queue de l’appareil, elle est interprétée par Michelle Rodriguez.
Son passé : Ana Lucia est d’origine mexicaine. Elle vient de reprendre son service de flic à Los Angeles après une absence due à une affaire qui a mal tourné. Ana Lucia s’était en effet fait tirer dessus lors d’une banale intervention. Depuis, son comportement a changé et elle a du mal à contrôler ses nerfs durant les missions. Sa vie privée semble également bien terne. Elle est en conflit permanent avec sa mère qui est la commissaire principale. Ana Lucia recherche secrètement l’homme qui lui a tiré dessus et qui lui a fait perdre le bébé qu’elle attendait. Elle a également été garde du corps pour Christian Sheppard le père de Jack.
Sur l’Île : Ana Lucia, de par sa mentalité de flic se met rapidement à diriger les opérations lors du crash sur l’Île et devient naturellement le leader du groupe. Son comportement expéditif lui fera cependant commettre beaucoup d’erreurs qui coûteront la vie à plusieurs personnes.
Le personnage d’Ana Lucia n’est pas vraiment nouveau. En réalité, on pouvait déjà la voir apparaître à la fin de la saison 1 dans l’un des flashs back de Jack à l’aéroport. Michelle Rodriguez campe donc une aventurière qui est une sorte de garçon manqué, qui ne fait pas dans la dentelle mais qui a aussi un certain sens du devoir. Ana Lucia fait clairement penser à une guerrière au vu de son tempérament et de ses capacités physiques. Ce personnage devait donc en quelque sorte lancer la concurrence à celui de Kate et apporter un souffle nouveau. Mais au final, Ana Lucia sera immédiatement pris en grippe par les fans. Cela ne vient pas à mon avis forcément de Michelle Rodriguez ou de son interprétation mais bien du personnage en lui-même qui est assez antipathique et donc peu attachant. Sans compter qu’Ana Lucia par sa façon d’agir et son comportement va causer la mort de pas mal de rescapés. Face à l’hostilité des fans envers Ana Lucia, les créateurs de la série prendront les mesures qui s’imposent.
-Mr Ecko : Interprété par Adewale Akinnuoye-Agbaje.
Son passé : Ecko a passé son enfance dans un petit village du Nigéria. Il tua son premier homme très jeune pour sauver la vie à son petit frère. Mais Ecko sera embarqué par des guérilleros qui achèveront de détruire son innocence. Il deviendra par la suite un puissant chef guérilleros qui se lança dans le trafic d’héroïne. Il se fit prêtre pour faire passer l’héroïne dans des convois humanitaires. Mais lorsque tout échoua, Ecko garda l’identité de prêtre pour échapper aux autorités mais aussi pour se repentir de son passé. Cela le mènera en Angleterre où il sera appelé à être le témoin d’un miracle.
Sur L’Île : Après le Crash, Ecko a aidé à sauver des passagers de la noyade. Cependant le soir même, il fut attaqué dans la jungle par deux membres des « autres » et les tua en se défendant. Ayant renoué avec une violence qu’il avait décidé d’enfouir, il fit vœu de silence pendant 40 jours. Après cela il devient le pisteur des rescapés de la queue de l’appareil et un pilier du groupe. Conseillant parfois Ana Lucia dans ses choix. Après la rencontre avec les autres rescapés, il porte beaucoup d’intérêt à l’Île et sympathise avec Charlie. Ensemble ils décident de construire une église.
Avec Mr Ecko, On tient le meilleur personnage des rescapés de la queue de l’appareil. Ce colosse nigérien au physique inoubliable est un personnage totalement à part et assez mystique. Quelque part, il est un peu le John Locke de l’autre groupe, apparaissant lui aussi comme un prophète par moment. Ecko semble être étrangement en symbiose avec l’Île. Là encore, il se rapproche de John Locke dans le sens où, comme lui, il est l’un des rares conscients du caractère unique de l’endroit où ils se trouvent. Ecko et Locke ont d’ailleurs réagi tous deux de la même façon face au Monstre. Cependant, là où ça devient jouissif, c’est qu’Ecko finit par dépasser littéralement John Locke dans sa compréhension de l’Île et dans son aspect mystique. C’est ce qui rend le personnage génial. Ecko a un savoir incroyable acquis on ne sait comment. Il semble tout savoir de chacun des personnages. Je renvois notamment à sa discussion avec le prisonnier Henry Gale, où encore quand il ressort à John Locke la phrase culte de ce dernier « Ne me dites pas que je ne peux pas faire quelque chose ». Ecko est donc encore plus prophétique que John Locke et son côté gourou, chaman allié à son côté force de la nature, amateur de coup de boules en font un personnage réellement fascinant.
-Elizabeth « Libby » Smith : Interprétée par Cynthia Watros
Son passé : On sait seulement qu’elle a été interné à l’hôpital psychiatrique de Santa Rosa où se trouvait Hurley. On sait aussi qu’elle est veuve et qu’elle a fourni à Desmond Hume, le bateau qui l’a amené sur l’Île.
Sur L’Île : Libby aide au début à soigner pas mal de blessés du crash et participe assez activement dans le groupe. Elle est également toujours volontaire pour remonter le moral de ses compagnons de fortune. Après avoir rejoint les autres rescapés de l’avant de l’avion, elle a une aventure amoureuse avec Hurley.
Le personnage de Libby est assez étrange. Sur l’Île c’est un personnage très ouvert qui raconte même des anecdotes sur son passé et pourtant ce passé reste justement très mystérieux. C’est le seul personnage principal qui n’aura pas droit à son flash back. En fait, elle apparaît seulement dans les flashs des autres. Cela aurait pu renforcer l’intérêt autour de son personnage mais Libby ne sera visiblement pas apprécié par les fans, vu le traitement que lui réserveront les créateurs.
Cette saison 2 voit également apparaître quelques personnages secondaires :
-Bernard Nadler: interprété par Sam Anderson.
Son passé : Bernard était dentiste et s’est marié avec Rose. Il apprit un jour qu’elle était atteinte d’un cancer incurable. Il l’avait alors amené en Australie pour voir un guérisseur
Sur L’Île : Bernard fut séparé de Rose car il était allé aux toilettes, situé à la queue de l’appareil, au moment du crash. Sur l’Île, Bernard apporte son soutien du mieux qu’il peut et participe notamment à la pêche. Lors de la rencontre avec les gens de l’avant de l’avion, il retrouve Rose. Par la suite il est consterné par le fait que les rescapés ne fassent rien pour tenter de s’enfuir de l’Île. Il a alors l’idée d’écrire un gigantesque S.O.S sur la plage mais finira par y renoncer
Bernard reste un personnage assez anecdotique, cependant intéressant car terriblement proche du quotidien par sa bonhomie.
-Desmond Hume: interprété par Henry Ian Cusick.
Son passé : On sait que Desmond a été dans l’armée et qu’il a été arrêté. A sa sortie, il rencontre Charles Widmore, le père de Penny, son ex petit amie. Pour reconquérir le cœur de cette dernière, Desmond accepte de participer à une course à la voile sponsorisé par Widmore. Le voilier lui sera fourni par Libby. Lors de son périple, Desmond est pris dans une violente tempête et échoue sur l’Île.
Sur L’Île : Il est recueilli par un certain Kelvin, qui l’amène dans un bunker où se trouve un ordinateur doté d’un bouton sur lequel il faut appuyer toutes les 108 minutes pour « sauver l’humanité ». Après la mort de Kelvin, Desmond se retrouve seul, jusqu’à ce que la trappe soit ouverte. Après que l’ordinateur fut endommagé, Desmond disparut dans la jungle. Il tenta sans succès de quitter l’Île avec le voilier.
Le personnage de Desmond ouvre donc le début de la série. C’est un protagoniste assez charismatique qui semble avoir été aliéné par sa vie dans le bunker. Il apparaît seulement au début et à la fin de la saison. Sur la fin, le flash back que les créateurs lui accordent, confère plus d’humanité et de relief à son personnage.
-Henry Gale: interprété par Michael Emerson.
Son passé : Henry Gale aurait été le riche propriétaire d’une compagnie minière dans le Minnesota. Il était marié avec une certaine Jennifer. Ensemble ils décidèrent de faire un tour du monde en ballon et s’écrasèrent sur l’Île.
Sur L’Île : Henry Gale se retrouve dans un piège de Rousseau. Cette dernière affirme qu’Henry est un des « autres ». Sayid l’amène dans le bunker et le torture pour savoir la vérité à son sujet. Henry reste séquestré dans le bunker, le doute planant sur son identité. Ce dernier ne cesse d’affirmer sa bonne foi.
Un personnage intéressant sur lequel le doute plane. Henry est-il celui qu’il prétend être, ou bien l’un des autres comme l’affirme Rousseau ? La série sera vous faire tourner en rond concernant ce protagoniste. Mais surtout, l’interprétation de Michael Emerson est géniale. On avait déjà pu le remarquer dans Saw de James Wan. Son physique suspect et son regard inquiétant en font un acteur idéal pour le rôle. Emerson parvient à conférer une totale ambigüité au personnage d’Henry et franchement il est difficile de deviner la vérité le concernant.
Quant aux personnages déjà présents dans la saison 1, certains restent les mêmes et d’autres évoluent. C’est notamment le cas de John Locke. Alors qu’il apparaissait comme une sorte de prophète élu de l’Île dans la première saison, il devient ici progressivement un leader. Au début, on peut être conquis par cet élément car Locke qui s’apparentait à un guide semblait être plus à même que Jack pour diriger le groupe. Mais il finit par entrer dans une guerre de pouvoir avec ce dernier et devient même un chef autoritaire et peu sympathique (voir son attitude avec Charlie). Le personnage de Locke se démystifie quelque peu et finit par perdre sa foi en l’Île, et par prendre les mauvaises décisions. Locke est donc remplacé par Ecko en tant que « prophète de l’Île ».
Le personnage de Michael évolue lui aussi énormément. Obsédé par l’idée de retrouver son fils, il va constituer l’un des maillons essentiels de cette saison 2. L’interprétation d’Harold Perrineau est par ailleurs magistrale.
Charlie qui combat toujours son addiction à l’héroïne et qui va faire malencontreusement sauter son couple avec Claire.
Jin qui va se montrer plus ouvert aux autres et dévoiler une facette plus sympathique de son personnage.
Du reste la plupart des personnages restent les mêmes. Cependant les relations dans le triangle Jack-Kate-Sawyer semblent évoluer.
Parlons maintenant de l’Île, notre personnage principal. Elle était pleine de mystères dans la première saison. Ici elle en dévoile quelque uns.
Premièrement la trappe, qui était devenue l’énigme principale de la saison 1. Ici on sait enfin ce qu’elle abrite. Un bunker très bien aménagé, au cœur duquel se trouve une salle étrange avec un ordinateur au centre, relié à un compte à rebours. Toutes les 108 minutes, un code doit être entré dans cet ordinateur et un bouton pressé pour « sauver l’humanité ». En explorant les profondeurs du bunker, les rescapés découvrent des structures semblables à celle du dispositif de sécurité de Tchernobyl. Ils réalisent également que de l’autre côté de ces murs semble régner une puissante source électro magnétique. C’est ce qui les incitera à continuer d’appuyer sur le bouton. Pour autant des questions se posent. Peut-on vraiment sauver l’humanité en appuyant sur un bouton ? Tout ceci n’est-il pas un simulacre ? Dans le doute les survivants appuieront encore longtemps sur le bouton. Le bunker devient donc le cœur de cette saison 2. Les rescapés y découvrent également un film explicatif sur l’importance d’appuyer sur le bouton. Ce film permet de nous faire découvrir le Projet Dharma. Une étrange organisation scientifique qui semble avoir exploité l’Île entre les années 70 et 80 comme terrain pour des expériences en tout genre. C’est donc ce projet qui a construit le bunker qu’ils ont d’ailleurs baptisé la station « Le Cygne ». Les rescapés finiront par en découvrir deux autres dans la jungle. Tous différents du premier. On ignore ce qu’il est advenu du Projet Dharma et il ne nous est représenté que par la présence d’un mystérieux et inquiétant scientifique asiatique apparaissant dans les films et se faisant appeler Docteur Marvin Candle. Bref la réponse à la trappe engendre d’autres questions. Des mystères hantent ce bunker. Des bruits étranges circulent dans les hauts parleurs ainsi qu’une tâche de sang sur le plafond qui serait le résultat du suicide d’un certain Razinsky.
Mais l’une des énigmes les plus fascinantes de l’Île depuis le début de Lost, c’est bien évidemment le Monstre. Cette immense créature déracinant les arbres sur son passage et qui a déjà tué des rescapés. Dans la saison 1, Le monstre était seulement suggéré, comme le requin des Dents de la Mer. Dans cette seconde saison, il est enfin dévoilé au public. En réalité, on constate que l’on pouvait déjà le voir dans la saison 1 sous une forme rétrécie. Car en effet, le monstre est en fait un étrange nuage de fumée noire se déplaçant de façon autonome, émettant des sons étranges et des flashes lumineux. La première fois que j’ai découvert le monstre, j’avoue avoir été très déçu. Je m’attenais à un vrai monstre tel un dragon avec des mâchoires, des tentacules... Au final j’ai vite fini par apprécier le parti pris de la série. Les créateurs avaient d’ailleurs annoncé que le monstre n’aurait rien de classique. Lost se démarque des clichés pour livrer un monstre sorti de nulle part qui confère une fois de plus à la série une vraie mythologie qui lui est propre. A partir de ce moment, on comprend que ce que les survivants ont pris pour un monstre n’en est peut être pas un. J’avais déjà fait la comparaison entre l’univers de Lost et celui de Stalker dans ma chro de la saison 1 et je trouve que ça s’applique bien ici. Le monstre pourrait être sorti tout droit de Stalker (surtout du jeu Shadows of Tchernobyl). En effet, il s’apparente à une véritable anomalie telle une tornade qui se déplace sur l’Île tuant tout ce qui entre dans son champ d’action.
Des théories très intéressantes vont d’ailleurs naître parmi les fans de Lost. On suggéra que le monstre était un nuage rempli de particules ferromagnétiques (ou nano robotiques) qui réagiraient à l’électromagnétisme présent sur l’Île et que le bunker semble contenir. D’ailleurs, les survivants de la queue de l’appareil n’ont jamais été confrontés au monstre, ce qui signifierait que ce dernier ne peut se déplacer que sur une partie de l’Île. Cependant, les fans acharnés passeront également la scène de la rencontre entre le monstre et Ecko au peigne fin et découvriront que les flashes vus à travers la fumée noire sont en fait des souvenirs du passé d’Ecko. Le monstre semble donc scanner la mémoire des gens. C’est pour cette raison qu’il n’attaquerait pas systématiquement l’homme si ce dernier ne prend pas la fuite devant lui. A partir de là, les fans développeront également des théories concernant les apparitions étranges sur l’Île. Ainsi, le père de Jack, le Cheval Noir qui a sauvé Kate il y’a des années et Dave l’ami imaginaire d’Hurley, seraient en fait des apparitions du monstre qui prendraient leur apparence après avoir scanné la mémoire du sujet. Là encore, il n’y a encore aucune preuve à l’époque de la saison 2. Mais les théories étaient fascinantes. Le monstre serait donc une anomalie un peu comme dans Stalker. Une sorte de tornade électromagnétique tuant toute forme de vie sur son passage mais également capable de scanner la mémoire des gens. On peut alors penser que le monstre serait le fruit d’une expérience (du Projet Dharma ?) qui a mal tourné. Et peut être même qu’il serait contrôlé à distance par quelqu’un. Mais par qui ?
Outre le Monstre, il y’a aussi l’énigme des « autres », le peuple autochtone de l’Île qui s’en est déjà pris violemment aux rescapés. Dans la saison 1, ils ne nous étaient apparus que sous formes de murmures menaçants dans la jungle et sous la forme du personnage d’Ethan. Mais également sous l’aspect des gens du bateau qui ont enlevé Walt comme nous le confirme cette saison 2 (car on s’en doutait). Tout comme le monstre, on les découvre dans cette saison. Des hommes de la jungle, sales, vêtus de vêtement déchirés, pieds nus, à moitié primitif. Ils vont se faire beaucoup plus présents dans cette saison. Ils s’en sont notamment beaucoup pris à ceux de la queue de l’appareil. Leur but semble simple : enlever des enfants. Pourquoi ? Là encore bien des théories peuvent naître. Mais les « autres » semblent étudier les enfants ? Dans quel but ? Le mystère plane autour de cette étrange communauté visiblement hostile aux rescapés. Plus la saison avance, et plus ces êtres mystérieux prennent de la place. Mais on ne sait toujours pas qui ils sont. D’où viennent-ils ? Sont-ils des rescapés du projet Dharma ? Le mystère plane.
Nous avons ensuite les nombres qui réapparaissent. Ils font partie intégrante du Bunker, puisque le code pour remettre le compte à rebours à zéro est justement composé par les nombres. Mais nous ne savons toujours rien sur leur nature.
Les ours polaires n’apparaissent pas dans cette saison, mis à part sur un film du projet Dharma. Ce qui pourrait laisser supposer que c’est eux qui les ont amenés ici.
Malgré quelques révélations, l’Île reste toujours une énigme, ce qui est normal, nous n’en sommes qu’à la saison 2. Mais elle continue de fasciner.
Pour ce qui est de cette saison en général, le fil conducteur en sera l’intérieur de la trappe une fois encore, c'est-à-dire le bunker. En ce sens, pendant certains épisodes, la série va prendre des allures de huit clos. On se retrouvera donc dans un décor bétonné qui tranche pas mal avec l’esthétique de la saison 1, bien que la jungle et la plage soient toujours là. Ce bunker va également concentrer une bonne partie des enjeux finaux de cette saison 2. Tout va se jouer là.
L’un des axes majeurs de cette saison 2, c’est également le destin des survivants de la queue de l’appareil. Nous verrons qu’eux aussi ont été confrontés à pas mal de difficultés et que leur situation fut même plus critique que ceux de l’avant. Malheureusement le public ne s’attachera au final pas beaucoup à certains de ces nouveaux membres.
Voir l’autre côté est intéressant, mais au final ce n’était peut être pas une des meilleures idées qu’aient eu les créateurs. Car en effet, le public s’était familiarisé avec les personnages de Lost et n’a pas forcément apprécié voir des nouveaux s’incruster dans la bande. Pour ma part, je trouve que seul le personnage d’Ecko est vraiment essentiel. Les autres ressemblent davantage à des bouches trous et ont d’ailleurs un passé peu intéressant. Ensuite, c’est créer une intrigue supplémentaire à la série, alors qu’il y’en a déjà tant en suspend.
Et ça va être un peu le problème de cette nouvelle saison, créer des intrigues peu utiles et parfois peu passionnantes. Je pense notamment à la relation entre Hurley et Libby. Tout y ‘est raté. Le régime de Hurley, l’amour qui naît entre les deux. On nage là dans les purs clichés du genre, et les dialogues sont dignes des Feux de l’Amour. On pensera notamment aussi à la répartition de la réserve de nourriture du Bunker qui prend beaucoup trop d’importance. Même certaines idées qui étaient à la base bonnes ne sont pas exploitées (comme l’église qu’Ecko veut construire par exemple). Cette saison 2 a donc tendance à dériver par moment. On a parfois l’impression de stagner dans des péripéties inutiles qui ne font pas avancer le cours d’une histoire déjà très riche en intrigues et en mystères. Cependant on se rendra compte que c’est au final l’un des partis pris de la saga.
Pour autant, à mes yeux, ces défauts sont largement rattrapés par les surprises que nous réserve la saga. En l’occurrence, on a déjà une intro d’enfer que j’ai évoqué plus haut mais également une fin en twist qui vous laisse sur le cul.
Sur cette saison 2, les scénaristes ne se fixent plus trop de règles et s’en donnent à cœur joie, notamment en faisant mourir de façon totalement inattendue plusieurs personnages. Certes, les détracteurs pourront rétorquer qu’au final, les personnages qui meurent dans la saison 2 étaient les ceux qui avaient été pris en grippe par le public et que les scénaristes les ont éliminé de façon tranchante pas tant par volonté d’effets de surprise que par facilité. Là encore je suis d’accord, mais au final les obligations commerciales quant à l’élimination des personnages qui ne plaisent pas, sont bien gérées et retournées en avantages par les scénaristes qui créent des twists incroyables. On pourrait parfois se croire dans une émission de téléréalité où le public choisit qui doit quitter la série. L’un des points culminants reste la trahison de Michael qui constitue l’un des meilleurs aspects de cette saison 2.
Pour ce qui est de la réalisation, elle est toujours bonne mais semble moins jouer sur l’atmosphère et le suspense que la saison 1. Rien d’étonnant car au fil de l’avancement, la saga prend d’autres directions. On note aussi quelques baisses de rythme mal venues, ce qui n’était pas le cas de la saison 1. Pour autant, on retrouve globalement l’ambiance de la première saison. Ainsi les images quasi-subliminales et les symboliques visuelles sont toujours là. Vous pouvez vous amuser à mater la série au ralenti et vous découvrirez plein de petit « Easter Eggs cinématographiques ». On retrouve le même système de flash back qui montre davantage le passé des personnages. Malheureusement sur certains protagonistes, ce concept commence aussi à montrer ses limites. De plus, le rapport flash-back/présent est moins bien géré que dans la saison 1. Pour autant il permet à la saga de continuer de jouer sur le phénomène des connexions, que j’évoquerai plus bas.
La musique est toujours aussi superbe notamment grâce aux partitions de Michael Giacchino.
Sur le Fond, cette saison 2 complète bien la première dans le sens où elle continue à suivre l’évolution psychosociale du groupe de rescapés. Comment est ainsi gérée l’arrivée de nouveaux membres ? Certains, arrivant avec de mauvais atouts, vont créer des tensions. Des tensions qui vont se développer dans cette saison 2. Ainsi on va assister à une vraie guerre de chef entre Locke et Jack. Si vous vous amusez à bien analyser l’évolution de l’histoire, vous verrez que ce conflit qui sépare plus ou moins le groupe en deux va avoir des répercussions à grande échelle. Et c’est sur ce point là que la série est fascinante depuis le début, c’est dans son analyse psychosociologique d’un groupe de rescapés. On va également voir que le pouvoir n’est pas uniquement convoité par Jack et John. D’ailleurs que signifie la notion de pouvoir au sein d’un groupe perdu sur une île déserte ? Un des personnages apportera plus ou moins une réponse tout en brouillant la notion de « chef ».
Mais dans cette saison 2, les créateurs poussent également beaucoup plus loin le phénomène des connexions. Un point que j’ai évoqué rapidement plus haut. En réalité la série Lost, depuis son commencement, s’attache à la théorie de la centralité établie par l’écrivain autrichien Frigyes Karinthy, qui est plus communément connue sous le nom de la théorie des « Six Degrés de Séparation ». Le principe est simple, il consiste à dire que si vous, en tant qu’individu, vous désignez une personne au hasard (dans la rue par exemple), vous êtes en réalité obligatoirement relié à cette personne par un maximum de 5 entités ou 5 connexions. Par là comprenez, que la personne, que vous désignez, a un ami qui est l’ami d’un ami, d’un ami, d’un ami d’un de vos amis. Cette théorie a pu faire l’objet d’une expérience à grande échelle avec le phénomène Facebook.La série a beaucoup exploité la théorie des Six degrés de séparation. C’est visible dans les flashs backs. Par exemple, le père de Jack a rencontré Sawyer et Ana Lucia. Dans plusieurs autres flashs backs, vous pouvez voir ou simplement apercevoir très brièvement un autre rescapé. Là encore, un autre exemple, lorsque que dans le passé, Shannon est à l’hôpital pour consulter l’état de son père qui a eu un accident, vous pouvez apercevoir Jack passer rapidement en arrière plan. Mais les connexions sont poussées à un degré extrême dans la série, si bien que même en la visionnant au ralenti vous en manqueriez encore. Par exemple, aviez-vous remarqué que l’une des conquêtes féminines de Sawyer dans un flash-back, était celle qui présentait le tirage de la loterie à la télé lorsque Hurley a gagné ? Personnellement j’adore ce genre de concept qui vous pousse à vraiment regarder la série sous un angle différent et à guetter chaque visage et chaque image. Pour cela, on ne peut que saluer le travail des créateurs qui ont réussi à glisser des connexions partout et à garder un cheminement logique. Car Lost pousse encore plus loin la théorie des Six degrés de séparation en posant la question : Toute rencontre est-elle aléatoire ? Ou est-ce le fruit du destin ?
Le Destin qui semble passionner les créateurs de Lost depuis le début et qui passionne également les fans. Lost émet l’hypothèse que les connexions qui nous relieraient tous, seraient en fait des connexions logiques. Et personnellement j’avoue que je trouve ce débat fascinant.
Le voile est levé sur certains sujets. On va par exemple découvrir comment l’avion s’est crashé sur l’Île, ce qui reste l’une des énigmes majeures. Nous verrons également comment l’avion rempli d’héroïne est arrivé sur l’Île.
Les fans en auront pour leur argent. Personnellement, j’aime beaucoup le passage dans la trappe où Locke après avoir visionné le film du projet Dharma avec Jack déclare « Il faut que nous le regardions encore une fois ». C’est quelque part l’attitude du fan de Lost qui va visionner plusieurs fois un épisode pour tenter d’y déceler un message secret. Ainsi, la série montre sa positon de prendre le spectateur à parti.
On retrouve également le mélange des genres qui quelque part rend presque cette série inclassable.
Cette saison 2 se révèle donc passionnante. Pourtant elle commence déjà à partir dans des directions qui déplairont à certains fans de la première heure. Certes, comme on l’a vu, elle contient pas mal de défauts scénaristiques et rythmiques. Mais à mes yeux la vraie raison de la désertion de certains spectateurs de Lost, est que plus on avance dans la série, et plus elle impose sa mythologie et devient étrange et particulière. Beaucoup commenceront à reprocher l‘abondance d’énigmes, de mystères et d’anomalies dans le décor de Lost. Au final, avec le temps on a pu constater la baisse progressive des auditions, la série sortant trop des sentiers battus pour plaire à la majorité. Mais elle a aussi eu des défauts je le reconnais et nous en reparlerons sur les chroniques des autres saisons.
Ceci dit, cette saison 2 reste globalement bonne malgré l’impression de stagner dans le cheminement de l’histoire et quelques intrigues inutiles.
Note : 14,5/20
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