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9 février 2015

Day of the Fight/Flying Padre/The Seafarers

Aujourd’hui sur E-Pôle-Art, je vous propose un article un peu particulier qui marque le début d’un cycle consacré au génie du septième art Stanley Kubrick. Et pour ce cycle, j’ai choisit de remonter aux racines. C’est pourquoi je vous propose dans cet article, les chroniques de trois courts métrages du génie, alors qu’il était à ses débuts : Day Of the Fight (1951), Flying Padre et The Seafarers.

DAY OF THE FIGHT

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Documentaire

Année : 1951

Public : Tous Publics

Durée : 16 minutes

Nation : USA

Réalisateur : Stanley Kubrick

Acteurs : Walter Cartier, Vincent Cartier.

Synopsis : Walter Cartier, boxeur professionnel prometteur vit une journée quotidienne avant un gros match. Il est en compagnie de son frère jumeau, manager et avocat Vincent. Des moments paisibles en attendant le choc du soir.

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Nous commençons alors avec Day of the Fight qui fut le premier film de Stanley Kubrick.  

Stanley Kubrick est né le 26 Juillet 1926 sur l’île de Manhattan à New York. Il passa son enfance dans le Bronx. Elève moyen et peu assidu à l’école, Kubrick se fascine pour les échecs, la lecture et la photographie. Il n’a que 13 ans lorsque son père lui offre son premier appareil photo.

 

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Dans son adolescence, sa passion pour la photographie ne fait que s’accroître. Il photographie tout ce qui bouge et met même son talent au service du journal du lycée. Mais il se passionne également pour le cinéma et s’intéresse aux images avec minutie. Le jour de la mort de Roosevelt, il prend un cliché d’un marchand de journaux  attristé et entouré d’éditions relatant la mort du président. Il enverra la photo au magazine Look qui lui achètera 25 dollars. Il n’a que 16 ans. Plus tard le célèbre magazine l’emploiera comme photographe. Kubrick effectuera de nombreuses missions. Le 18 janvier 1949, il publie un excellent photo-récit sur le boxeur poids moyen prometteur Walter Cartier. A partir de là, Kubrick deviendra un grand amateur de boxe. Dans ce photo-récit, il montrait les qualités du combattant sur le ring, mais aussi et surtout sa vie en dehors du ring qui se rapprochait tout simplement du commun des mortels.

 

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Au début des années 50, Kubrick fait appel à l’un de ses amis Alexander Singer. Ce dernier qui travaille pour Time Inc lui apprend que les petits films que la société produisait coûtaient 40 000 dollars. Kubrick n’avait pas cette somme mais proposa à son ami de faire un film avec un très petit budget. Et c’est ainsi que Stanley Kubrick à 25 ans se lance dans son premier film.

Son projet est de faire un documentaire qui reprendrait son travail fait sur le photo-récit dédié au boxeur Walter Cartier. Il contacte alors les frères Cartier qui acceptent de le laisser les suivre au long de leur journées. Vincent Cartier qui était le frère de Walter mais également on avocat et son manager, raconte : « Stanley était très stoïque, imperturbable mais très créatif. Malgré sa nature réservée et timide, il imposait le respect. Il était captivant et finissait toujours pas obtenir ce qu’il voulait. Tous ceux qui travaillaient avec lui faisaient tout ce qu’il demandait ».

 

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En effet, peu de gens voyaient Kubrick, ce grand timide et oisif, diriger un film. Mais son ami Alexander Walker disait que lorsque Kubrick passait derrière la caméra, il devenait un autre homme et « il contrôlait le monde ». Kubrick impose déjà sa vision des choses, il veut avoir la main mise sur tout. Ainsi, c’est lui qui se chargera de la réalisation, de la photographie et du montage.

Après avoir suivi un certain moment les frères Cartier, il les filme pour tourner Day of the Fight.

Ce documentaire vise donc à montrer ce qu’est un match de boxe, mais surtout à montrer ce qu’est un boxeur professionnel. Qui il est, et ce qu’il vit au quotidien.

 

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Pour commencer, Day of the Fight nous offre une description résumée et technique de la boxe anglaise et de son entraînement. Mais le documentaire se pose également la question de savoir ce qui pousse les gens à venir voir un spectacle brutal et violent comme la boxe. Le ring représenterait t’il un espace où l’homme renoue avec ses pulsions primitives ?

La démarche de Kubrick est donc assez intéressante, car il décide de nous montrer l’homme derrière le boxeur. Cet homme, c’est Walter Cartier, un pugiliste prometteur en qui nombre de spécialistes voient une future légende du ring. Le réalisateur nous fait alors partager sa vie. Cartier se réveille le jour du combat. Le matin, il va à l’église, déjeune avec son frère, fait toute sorte d’activités comme jouer avec son chien (ce détail est fictif, en réalité Cartier n’avait pas de chien). Bref une vie quotidienne, si ce n’est que Cartier fait un examen médical pour voir si tout va bien. Le soir avant de partir, il se regarde dans un miroir et simule un nez cassé. Ensuite on le retrouve dans les vestiaires avant le combat, où il s’échauffe. Le combat arrive alors et Cartier abat son adversaire en marquant un KO brutal au second round.

 

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Ce qui frappe d’abord dans Day of the Fight, c’est bien évidemment la façon de filmer. Déjà Kubrick démontre qu’il a un œil hyper affuté qui saisi le moindre détail dans le champ. Bien que ce soit un petit documentaire, le réalisateur appuie déjà sa mise en scène. Je pense notamment au « travelling compensé » souvent utilisé chez Kubrick, qui consiste à reculer la caméra en même temps que la personne avance vers vous. On évoquera aussi la scène du miroir où Cartier contemple son visage et s’imagine avec un nez cassé. Et puis bien évidemment la scène du combat. Kubrick filme très près et par moment on constate qu’il étale sa caméra sur le bord du ring. Le tout est donc filmé en plein cœur de l’action et le réalisateur montre son talent à s’adapter à la situation. Il y’a d’ailleurs un plan que j’adore, c’est quand le boxeur se lève de sa chaise pour entamer le second round, Kubrick place sa caméra en dessous du tabouret. Le réalisateur va donc chercher des angles originaux. Sur cette scène de combat on peut aussi s’apercevoir qu’il montre déjà un certain talent à jouer avec la lumière (avec les néons de la salle en l’occurrence). Stanley Kubrick ne se contente donc pas de filmer comme le font les caméras habituelles des matchs de boxe. Il rentre au contraire dans le vif du sujet pour nous faire partager la violence de la situation et ce que vit Cartier sur le ring. On remarque aussi l’emploi d’une voix off qui berce tout le documentaire. Un procédé souvent utilisé à l’époque mais qui va aussi devenir important dans la filmographie de Kubrick. 

 

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Le réalisateur signe donc son premier film et montre déjà un certain talent. Il parviendra d’ailleurs à vendre son documentaire à la RKO pour la somme de 4000 dollars, la plus haute somme que le studio n’ait jamais dépensé pour un court métrage, c’est dire la qualité du travail de Kubrick. Cependant le film avait finalement coûté 3900 dollars à Kubrick. Le réalisateur aura donc droit à un petit bénéfice de 100 dollars. Cependant mieux encore, la RKO lui propose de produire son second court métrage.

De son côté, Walter Cartier ne confirmera jamais les espoirs placés en lui. Il faut dire qu’il tomba dans une période difficile et s’inclina face à des grands champions tels que Kid Gavilan, Bobo Olson ou encore Randy Turpin. A contrario, le pronostic d’une belle carrière se révèlera plus qu’exact pour Kubrick.   

 

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Day of the Fight marque donc les débuts de la carrière d’un des plus grands cinéastes de tous les temps. Ce documentaire très bien réalisé inspirera énormément le travail du réalisateur sur Le Baiser du Tueur.      

Bref Kubrick réussit un premier coup de maître !       

   

Note : 14,5/20

FLYING PADRE

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Documentaire

Année : 1951

Public : Tous Publics

Durée : 9 minutes

Nation : USA

Réalisateur : Stanley Kubrick

Acteurs : Père Fred Stadmueller.

Synopsis : Le père Fred Stadmueller doit gérer une paroisse qui s’étire sur 6400 km² contenant onze églises. Pour cela il utilise un avion. Durant ses journées quotidiennes, le Père Stadmueller prêche partout, conseillant et réconciliant des enfants, procède à des funérailles et utilise son avion pour diverses autres missions. Un jour il apprend qu’un bébé est malade, il va donc chercher le nourrisson et sa mère avec son avion et les amène à l’hôpital.    

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Après Day of The Fight, son premier court métrage sorti en 1951, Stanley Kubrick se lance dans Flying Padre. En réalité, Day of the Fight avait beaucoup impressionné la RKO qui avait acheté le film 4000 dollars à Kubrick (un record pour un court métrage). C’est pourquoi elle s’engagea à produire son prochain film. Elle lui fournit un budget de 1500 dollars (le même que son film précédent).

Kubrick choisit alors de réaliser un nouveau documentaire mais qui cette fois ci serait dédié à un prêtre, le Père Fred Stadmueller. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette réalisation se rapprochait beaucoup de certaines missions qu’il avait pu effectuer pour le magazine Look.

 

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On suit donc la vie du Père Stadmueller sur deux jours. Celui-ci doit gérer onze églises réparties sur un vaste territoire situé au nouveau Mexique. Père Stadmueller donne la messe, réprimande un petit garçon qui querellait une fillette avant de réconcilier les deux enfants, procède à une cérémonie de funérailles. Mais ce qui rend le Père Stadmueller original, c’est son moyen de locomotion. Un avion Piper Cub baptisé « Spirit of Joseph » (« l’Esprit de Joseph »). Cet avion qui lui sert à effectuer des missions rapidement sur son vaste territoire et qu’il pilote d’une main de maître. Un jour, il l’utilise même comme ambulance de secours pour amener une mère et son bébé malade à l’hôpital rapidement.

 

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Kubrick nous livre donc un court documentaire de seulement 9 minutes qui se révèle cependant passionnant. En réalité Flying Padre se situe dans la lignée de Day of the Fight, car le réalisateur filme de façon documentaire, tout en se testant et en tentant quelques ingéniosités visuelles toujours bien foutues. Premièrement on remarque que Kubrick sait profiter de son décor, c’est notamment visible lors de la scène des funérailles. Mais les meilleures séquences restent bien évidemment celle de l’avion filmé sous plusieurs angles. Kubrick en montre l’intérieur et les différentes commandes, puis le filme en plein vol là encore sous plusieurs angles différents et bien trouvés. On note aussi la superbe prise de vue aérienne lors du décollage. Parmi les ingéniosités visuelles on retiendra celle où Kubrick filme l’ombre du Père Stadmueller en train de tourner l’hélice de son avion. Mais on se souviendra surtout du travelling somptueux final montrant le Père Stadmueller sur une prise fière avec son avion en arrière plan. Ce type d’image sera souvent réutilisé dans le septième art. On note également la voix off déjà présente sur le film précédent.

 

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Bref Kubrick fait du bon boulot. On a droit à une réalisation travaillée. Rien d’étonnant puisqu’à cette époque déjà, le jeune réalisateur s’amusait à décortiquer les chefs d’œuvres du très grand cinéaste russe Sergueï Eisenstein, tels que Le Cuirassé Potemkine, Alexandre Nevski et Ivan le Terrible. Pour autant si Day of the Fight lui avait rapporté 100 dollars, Flying Padre ne lui rapportera absolument rien. Cependant Kubrick s’en moquait, il voulait surtout se prouver que Day of the Fight n’était pas qu’un coup de chance et qu’il était capable de faire des bons films. Pari réussi.

D’ailleurs à la suite de Flying Padre, Kubrick pris une décision déterminante qui témoigne de sa confiance en lui : il abandonna son poste de photographe au magazine Look pour se consacrer uniquement au cinéma. Par ailleurs il déclara même que les tas de mauvais films qu’il voyait à l’époque l’encouragèrent dans cette voie. Il confessa qu’il se disait à lui-même « je n’y connais strictement rien, mais je suis sûr que je peux faire mieux que ça ».

 

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Flying Padre est donc une nouvelle réussite du cinéaste à ses débuts. Bien que ce soit une œuvre totalement mineure, elle montre déjà un grand talent de mise en scène et elle permet de comprendre les racines du génie artistique de Stanley Kubrick.        

   

Note : 14/20

THE SEAFARERS

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Documentaire

Année : 1953

Public : Tous Public

Durée : 30 minutes

Nation : USA

Réalisateur : Stanley Kubrick

Acteurs : Don Hollenbeck

Synopsis : La SIU (Seafarers International Union) est l’union des syndicats marins américains. Cette puissante organisation offre un foyer aux marins rentrés de longs voyages. Mais c’est surtout un syndicat qui procure aux hommes de la mer, plusieurs avantages sociaux et financiers. Une grande organisation fondée par les marins. 

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Et nous arrivons donc au dernier court métrage de Stanley Kubrick qui est même un moyen métrage d’environ 30 minutes et qui fut réalisé en 1953. Comme nous l’avons vu plus haut, Kubrick a définitivement renoncé à la photographie pour le cinéma.

Il part alors questionner des tas de professionnels sur le sujet à New York. Son but est d’acquérir beaucoup de connaissance sur le septième art. Mais Kubrick a du mal à trouver du boulot. Certes, ses deux courts métrages ont bien été bien reçus mais ce n’est pas suffisant pour une carrière.

 

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Le jeune réalisateur fait donc la seconde chose qu’il sait faire le mieux : Jouer aux échecs. Il y a été instruit par son père et en est devenu un virtuose. Ilparticipe alors à des tournois qu’il remporte souvent (il gagnait environ 3 dollars par jour). Mais là encore c’est trop peu pour pouvoir survivre. De plus, au cours de cette année 1953 Kubrick va se lancer dans son premier Long métrage intitulé Fear and Desire. Ce projet va le mettre dans une situation financière très délicate. La chance lui sourit lorsque la SIU (Seafarers International Union), le plus grand syndicat marin des Etats-Unis lui propose de réaliser un film de promotion. Pour Kubrick qui doit générer une source de revenus c’est l’occasion idéale.

 

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Il se lance alors dans la réalisation de The Seafarers, un documentaire sur la SIU.

La SIU (Seafarers International Union) est donc le syndicat des marins américains par excellence. Cette organisation propose plusieurs structures dédiées aux marins rentrant de voyages. Cantines, salles de jeu, bars, magasins… La SIU est aussi un très gros levier pour les avantages. Les marins peuvent jouir des congés payés après avoir passé 90 jours dans la marine, ils ont droit à des allocations familiales et peuvent même obtenir des bourses d’étudiant pour leurs enfants. Leurs droits de travailleur sont par ailleurs défendus redoutablement par la SIU. Les membres de la SIU élisent leurs représentants par suffrage. Ainsi la SIU s’impose comme une puissante organisation syndicale crée par les marins eux-mêmes.

 

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The Seafarers est donc le troisième court métrage de Stanley Kubrick et aussi sa première œuvre en couleurs (technicolor en l’occurrence). Après nous avoir fait un documentaire qui traitait quelque peu de l’aéronautique, le réalisateur s’attaque à la marine. Pour autant, il s’agit avant tout d’un documentaire promotionnel pour la SIU. On pourrait même y voir un appel à s’engager dans la marine américaine. Ici Kubrick utilise comme toujours le procédé de la voix off qui nous présente la SIU. Cette fois, il s’agit de la voix de Don Hollenbeck qui apparaît au début et à la fin du film.

Pour le reste, la réalisation de Kubrick est très bonne. Cependant, on sent que le réalisateur adopte une attitude derrière la caméra qui se veut plus conventionnelle. En même temps il répond à une commande de la SIU, donc cela n’est pas vraiment un terrain favorable pour l’expérimentation visuelle. C’est sans doute pour cela que The Seafarers est l’œuvre la moins retenue de Kubrick. Pour autant, le réalisateur parvient à nous glisser quelques trouvailles visuelles ici et là. On pensera notamment à l’image d’ouverture mais surtout à son grand travelling (sa spécialité) lors de la séquence se déroulant dans la cantine.

 

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The Seafarers se veut donc être avant tout un documentaire promotionnel sur la marine et surtout sur la SIU. On sent que Kubrick veut avant tout remplir une commande pour pouvoir bouffer à la fin du mois. Malgré quelques ingéniosités visuelles de la part du réalisateur, The Seafarers présente un intérêt assez limité. Bien qu’il soit le plus long de ses trois premiers courts métrages, il se révèle au final le moins intéressant dans l’optique de comprendre les racines de l’art Kubrickien.

Loin d’être indispensable donc, ça reste cependant un documentaire de bonne facture qui permit à Stanley Kubrick de peaufiner son expérience derrière la caméra et de se maintenir à flots.                    

 

Note : 13/20

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