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3 février 2015

The Reef

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Thriller, Survival, Horreur, Epouvante

Année : 2010

Public : Interdit aux moins de 12 ans

Durée : 1H24

Nation : Australie

Réalisateur : Andrew Traucki

Acteurs : Damian Walshe-Howling, Zoe Naylor, Adrienne Pickering, Gyton Grantley.

Synopsis : Un été en Australie, un groupe de cinq jeunes amis en vacances, partent faire une croisière en voilier. Plongée, bronzette et bonne humeur sont au programme. Mais un matin, le voilier heurte un récif et chavire. Bien vite la bande d’amis réalise que le seul moyen de s’en sortir est de nager vers une île située à plusieurs kilomètres. Mais les eaux de ce récif australien sont dangereuses. Les requins y rôdent. L’un d’eux a justement pisté le groupe et le traque sans relâche. Pour les naufragés, le cauchemar commence. 

 

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Ces derniers temps, nous avons abordé le genre « Film de requin » sur ce blog. Un genre dont la référence incontestable est Les Dents de la Mer de Steven Spielberg. Pourtant avant ce chef d’œuvre de l’épouvante-horreur, il y’avait déjà eu des requins au cinéma. On pourrait remonter dans les années 30 avec la version de l’Ile au Trésor de Victor Fleming ou encore le film de John Ford, Je n’ai pas tué Lincoln dont le titre original était justement « Shark Island » (L’Ile aux requins). Il y’a eu également certains épisodes de la série James Bond qui ont mis en scène des squales affamés. Puis il y’a eu le film Shark ! en 1969, qui est devenu célèbre à cause d’une légende morbide concernant un cascadeur réellement tué par un requin devant caméras pendant le tournage. Un fait terrible que les producteurs avaient tenté d’utiliser comme tremplin marketing à l’époque.

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Mais clairement, c’est Les Dents de la Mer qui a lancé le genre. Nous avons d’ailleurs vu sur les précédentes chroniques l’influence de ce film sur le cinéma. On pourrait y appliquer sans risque la formule « souvent imité, jamais égalé ». Et encore, les termes sont faibles. En effet le genre « requin » va surtout donner naissance à des nanars en puissance. La plupart tentaient sans y arriver de refaire Les Dents de la Mer. Puis en 1999 il y’a eu Peur Bleue, un de mes péchés mignons. Ce film d’action nanardeux fun a finalement tenté un concept un petit peu différent des Dents de la Mer. Il est même au final devenu une influence pour les films de requins qui suivront dans les années 2000. Je dirais même qu’il aura deux types d’influences. La première et la plus évidente, c’est celle du film d’action à requin bourrin, nanardeux et décomplexé, qui donnera naissance à des nanars tels que Malibu Shark Attack et à des supers nanars tels que L’Attaque du requin à deux têtes ou Sharknado. Mais la seconde influence, qui peut être en fait n’en a pas été vraiment une, c’est celle de l’aspect survival avec des requins. Ce côté survival était également l’une des bases du projet de film The Captain and the Shark. Mais il va être réellement exploité en 2003 avec le film de Chris Kentis, Open Water : En Eaux profondes. Ce film avait au final de très bonnes intentions. Il reprenait l’histoire vraie d’un couple de plongeurs perdu en haute mer qui se retrouvait harcelé par des requins. Le film jouait ensuite sur la suggestion de la présence des squales pour instaurer une ambiance de paranoïa et de terreur. Malheureusement, en poussant ce concept très loin, Open Water finissait par se casser la gueule pour devenir un film ennuyeux et assez ridicule. Les acteurs se révélaient peu crédibles et au final, il ne se passait rien dans le film. Pourtant, malgré ce ratage, Open Water avait le mérite de proposer un concept vraiment nouveau et bien qu’il soit mauvais, ce film de Chris Kentis va influencer à son tour le cinéma du genre.

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A commencer par le réalisateur australien Andrew Traucki qui en 2007 nous offrait Black Water, soit le meilleur film de crocodile jamais fait avec Solitaire (aussi connu sous les noms de Rogue ou Eaux Troubles). Black Water reprenait pourtant le même concept qu’Open Water. Mais là où Chris Kentis se chiait lamentablement, Andrew Traucki (et David Nerlich) réussissai(en)t avec brio. Malheureusement, ce bienfait avait été offert au genre « crocodile ». Mais Traucki est pour l’égalité des espèces, car en 2010 il nous proposait de refaire la même expérience dans le genre « requin » avec The Reef.

On se retrouve plongé dans l’histoire de jeunes gens  dont le bateau est renversé. Ces derniers pour échapper à la déshydratation et éviter de se laisser amener encore plus loin au large, décident de nager vers une île située à plusieurs kilomètres. Mais ils sont pris en chasse par un grand requin blanc qui va leur faire vivre l’enfer. 

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Déjà on peut dire que The Reef partait sous une mauvaise étiquette. En effet le film fut importé en France directement en DVD et rebaptisé pendant un certain temps The Reef : Les Dents de l’Océan. Ajoutez à cela que la Bande annonce nous disait que depuis 35 ans nous avions oublié ce qu’était la peur d’aller se baigner. On tombait dans des références claires et nettes aux Dents de La Mer. Si c’était pour faire la promo, ça avait surtout le mérite de refroidir. Car ceux qui ont cherché à refaire Les Dents de la Mer se sont souvent chié en beauté. On pouvait donc croire avoir affaire à un nouvel ersatz du chef d’œuvre de Spielberg.

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Et bien pas du tout ! Puisque Traucki nous propose un bon survival qui s’impose comme un Open Water réussi. Andrew Traucki confirme les espoirs placés en lui depuis Black Water. Il fait même encore mieux que ce dernier. Dans un premier temps, le réalisateur prend son temps pour mettre en place le décor. Une bande de jeunes potes, tous assez sympathiques, qui partent faire une virée sur la mer australienne avec un voilier. La plongée et l’exploration d’îlots font partie du menu. Les premières séquences de plongée sont donc importantes, on peut constater que le réalisateur sait plutôt bien filmer les fonds marins. Il nous amène à découvrir la faune et la flore marine (ainsi on notera la première apparition d’un petit requin inoffensif pour nos protagonistes). Ensuite le réalisateur développe quelque peu les relations entre notre groupe. On a donc un couple et deux anciens amants qui semblent peut être pouvoir renouer, et un skipper. Mais le tout est rapidement interrompu par le retournement du bateau. A partir de là le film prend un autre rythme. Premièrement on notera le réalisme des effets et de la mise en scène. Sans compter que le tournage sur mer n’a pas du être facile. Le réalisateur va alors jouer avec le suspense et la tension. Ainsi il peut reprendre un procédé qu’utilisait déjà Spielberg dans Les Dents de la Mer qui consiste à « donner des fausses alertes » pour faire monter et rechuter la tension.

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Bref, Traucki joue avec nos nerfs. Quand nos quatre héros se retrouvent à l’eau (le skipper choisit de rester sur l’épave, il le regrettera…), ils n’ont que quelques bouées et un masque. Ainsi la roue tourne, ils ne peuvent plus contrairement à leur première plongée voir vraiment les fonds marins. Seul un personnage (celui qui possède le masque) peut décrire ce qu’il voit sous l’eau. C’est là que The Reef devient tendu et reprend le principe d’Open Water. Les personnages ne savent pas ce qu’ils voient. Ils savent qu’il y’a des requins dans ces eaux et le moindre bruit, la moindre forme aperçue leur mettra le doute. Là encore, Traucki nous fait partager l’angoisse des personnages et joue volontiers avec nos nerfs. Il insiste également sur le personnage qui possède le masque et qui se retrouve ainsi avec de lourdes responsabilités. S’il aperçoit un requin loin sous l’eau, faut il le dire ou éviter de paniquer les autres ? Une fois encore The Reef nous refait alors du Open Water en mieux foutu (que ce soit sur le plan visuel ou de la mise en scène, ça a beaucoup plus de gueule). Mais surtout, là où Open Water ne démarrait jamais, The Reef finit par délivrer la marchandise. Inévitablement un requin blanc finit par pointer le bout de son museau et se met à harceler le groupe. La tension monte dans les niveaux. De plus, The Reef se veut très crédible sur son squale de service.

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Premièrement le tout a été tourné avec un vrai requin blanc (les images des acteurs ont ensuite été insérées avec brio). Pas de risques de défaillances techniques ou d’aspects ratés sur la physionomie du poisson donc. Mais même son comportement est crédible. Le squale n’attaque pas directement, il tourne autour, fonce sur les naufragés puis se détourne au dernier moment, leur passe juste à côté sans les toucher, disparaît puis réapparaît et attaque. Traucki a bien étudié son sujet et ne transforme pas le Grand blanc en mangeur d’hommes mais en un animal sauvage dangereux et craintif (un peu comme un chien finalement). Bien sur après la première attaque l’animal disparaîtra pendant un certain temps avant de réapparaître, et cela va se produire plusieurs fois.

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Autant dire que Traucki réussit un coup de maître et nous livre un film angoissant et flippant non seulement par sa mise en scène très bien foutue, mais aussi par son sujet réaliste et tiré d’un fait réel. A ce niveau là, le slogan du film est bien choisi, « Oserez-vous rester en vie ? ». En effet Traucki nous plonge dans un enfer ou la mort apparaît presque comme une délivrance face à l’angoisse oppressante.     

Le réalisateur peut aussi s’appuyer sur un bon casting. De jeunes acteurs qui parviennent à nous rendre attachant et sympathiques leurs personnages (ce qui n’était pas vraiment le cas dans Open Water). De plus, leur jeu est tout à fait crédible. Ces derniers sont en état de choc, d’angoisse, mais cherchent aussi par moment à détendre l’atmosphère et à se redonner l’espoir.

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La musique pour sa part joue un rôle assez mineur (au contraire des Dents de la Mer), le réalisateur reste dans la tradition du film d’angoisse et cherche plutôt à jouer sur les sons (ou la quasi-absence de sons sous l’eau) et le résultat est à la hauteur des attentes.

The Reef s’impose alors comme la correction d’Open Water. C’est un survival vraiment oppressant qui fonctionne à merveille et qui nous permet de prendre connaissance de ce fait divers particulièrement glauque et terrible. D’ailleurs, certains à l’époque n’apprécieront pas le côté « histoire vraie » du film. D’une part, l’industrie touristique d’Australie qui trouvait le film nuisible pour leurs affaires et d’autre part, certaines personnes trouveront choquants qu’un tel drame soit exploité au cinéma, il faudra cependant rappeler que cela s’est fait avec l’accord et même la collaboration de la seule survivante.

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The Reef est sorti en 2010 et aurait apparemment été sélectionné hors compétition au festival de Cannes de la même année. Pour autant, dans notre beau pays hexagonal, le film ne passera pas par la case cinéma et sortira directement en DVD. C’est assez dommage, car cette aventure doit être impressionnante sur grand écran. Cela aurait pu également le condamner à un certain anonymat, mais au final le DVD édité chez Wild Side aura du succès et The Reef se taillera une petite réputation dans le milieu.

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Mad Movies en parla comme « Le plus grand film de requin depuis Les Dents de la Mer », je suis totalement d’accord avec cette affirmation. Certains me diront que ce n’était pas difficile vu le nombre de nanars que comporte le genre. Je répondrai qu’au contraire, ce grand nombre de nanars ou navets témoignent de la difficulté de renouveler le genre. Or, Traucki a pris des risques. Il aurait pu suivre la novelle tendance du genre qui consiste à faire des nanars de plus en plus improbable tels que les Sharknados, Two Headed Shark Attack, Ghost Shark, Sand Sharks, Killer Sharks, Super Sharks et autres Mega Sharks. Mais non ! Le réalisateur a tenté de renouveler le cinéma de requin avec sérieux et qualité et il y’est parvenu avec panache.

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The Reef est donc bel et bien sur Thriller survival angoissant très réussi qui s’impose comme le second meilleur film de requins de tous les temps, mais aussi comme le plus réaliste.                    

           

   

Note : 15,5/20

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Commentaires
V
à Jamesluctor: ils vont bien finir par nous le faire.
J
La bonne petite surprise, quoi. Malheureusement, c'est pour moi le seul film potable de Traucki. Pas un grand amateur de Black water, et son court métrage dans ABC's of Death est si mauvais qu'on a peine à croire qu'il s'agisse d'un travail professionnel. Il reste encore un moyen de renouveler le genre : le requin cyborg. A rayons laser.
V
à Titi: Mais je le connais et je l'avais bien aimé en plus mais bon le manque de moyens se fait trop sentir dans ce film
T
Malgré tout, je te conseille fortement ce long métrage de 1980 écrit par le scénariste de Piranhas, John Sayles, avec un alligator lâché en pleine ville de New York.
V
à Titi: Une fois encore on est pa sur la même ligne alors ;)<br /> <br /> De plus il s'agit d'un alligator non d'un croco ;)
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