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30 janvier 2015

The Captain and the Shark

 

Captain and the shark

 

Catégorie : Cinéma

Genre : Drame, Historique, Projet

Année : 2001

Public : ?

Durée : ?

Nation : USA

Réalisateur : Barry Levinson (ou Chris Kentis)

Acteurs : Mel Gibson

Synopsis : Le 30 juillet 1945, L’ « Indianapolis », navire de guerre américain, revient de livrer des composants pour la bombe d’Hiroshima dans une île du pacifique Sud. Sur le voyage du retour, il est coulé par un sous-marin japonais. Les marins se retrouvent à l’eau et doivent faire face à la panique, aux risques de noyades, de déshydratation et aux requins qui bientôt deviennent leur pire cauchemar.     

 

Analyse critique :

Nous continuons donc notre petit cycle concernant les films de requins et plus précisément ceux influencés (au final presque tous les films de requins) par le célèbre chef d’œuvre à succès de Steven Spielberg : Les Dents de la Mer. Depuis sa sortie en 1975, ce film a lancé un nouveau sous genre (qui semble presque être devenu un genre à part entière) et a influencé énormément d’œuvres cinématographiques.

Nous en avons évoqué quelques unes. La plupart du temps il s’agit de films qui plagient les scènes ou l’histoire de celui de Spielberg ou qui tente sans trop de succès de reprendre le même concept. Mais Les Dents de la Mer va avoir une autre influence plus sérieuse qui se concentre dans une scène qui est d’ailleurs la préféré de Steven Spielberg. Cette scène, c’est celle où nos trois héros partis à la pêche au squale géant décompressent la nuit tombée buvant autour de la table du bord. L’ambiance est joyeuse jusqu’à ce que Brody fasse remarquer à Quint la marque d’un vieux tatouage qu’il a sur son bras. Quint déclare alors que ça date de l’époque où il était sur le cuirassé « USS Indianapolis » qui transportait la Bombe d’Hiroshima. Il raconte ensuite l’histoire vraie du naufrage et surtout les trois jours passés en mer subissant les assauts incessants des requins qui firent un véritable carnage. Cette scène permet de comprendre l’acharnement quasi mystique de Quint contre les requins (ce qui le rapproche encore plus du Capitaine Achab de Moby Dick). Mais il permet aussi d’introduire un moment de mémoire pour les naufragés de l’Indianapolis et d’évoquer ce fait particulièrement cruel, qui est le naufrage le plus meurtrier de l’histoire de la marine américaine. 

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Spielberg en évoquant cette séquence (qui une fois encore est sa préférée) déclara au sujet de l’histoire de L’Indianapolis, « Eh, ça c’est du film ! Il faut que quelqu’un tourne un jour un film sur l’Indianapolis. ». Mais à l’époque, Universal n’est pas intéressé par ce projet, rétorquant « ce n’est pas le genre d’image qu’on veut donner ». Et pour cause l’Histoire de L’Indianapolis n’est pas très reluisante pour l’image de l’armée américaine et plus précisément celle de la Navy.

Car en effet le récit du personnage de Quint dans la scène des Dents de la Mer se veut assez généraliste, et occulte pas mal de faits. Premièrement l’histoire de l’Indianapolis c’est celle d’un capitaine, le capitaine Charles McVay. Cet homme commandait donc l’USS Indianapolis ayant pour mission une livraison sur l’île de Tinian. Vraisemblablement, McVay ignorait que sa marchandise était en fait des composants qui allaient être utilisés pour construire les bombes d’Hiroshima et Nagasaki. Après cette livraison  l’ « Indy »  part pour rejoindre la flotte de Leyte dans les Philippines. C’est au cours de sa route qu’il croise celle d’un sous-marin nippon qui le torpille et l’atteint de 2 coups. Un dans la proue l’autre dans le réservoir. A ce moment là, de nombreux marins qui dormaient sur le pont sont projetés dans l’eau. Le bateau chavire. Les hommes reçoivent l’ordre d’abandonner le navire. Mais dans la panique certains sautent à l’arrière et sont déchiquetés par les hélices. Environ 800 hommes se retrouvent ensuite à la mer. L’USS Indianapolis coule en seulement douze minutes  et les canots de sauvetage qui n’ont pas été emportés avec le navire sont hors d’atteinte. Les hommes forment alors des groupes compacts et nombreux pour tenter de rester à flot. Par la suite les marins sont submergés par les tonnes de Fuel qui s’échappent du navire en train de sombrer. Ils se retrouvent alors dans une eau noire et polluée. Le soleil tapant fait rapidement son effet.

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Pour survivre les marins sont obligés de boire de l’eau de mer. Nombreux sont alors pris de coma, fièvre et hallucinations. La tension monte, les rescapés comment à s’agresser mutuellement et tout ce climat débouche sur une explosion de violence qui fait 50 morts. Nous en sommes seulement au premier jour. Les marins sont dans une situation critique et le capitaine McVay tente de contenir ses hommes. Mais le pire arrive alors. Les premiers cadavres, déjà nombreux, des naufragés ayant succombé à la noyade, à la déshydratation ou aux violences de leurs camarades, attirent inévitablement les requins. Au début, les squales semblent uniquement intéressés par les cadavres flottant mais s’en prennent bien vite aux marins vivants se situant au bord des formations. C’est un véritable carnage. Quelques hommes sont sauvés par l’épaisse couche noire de Fuel qui recouvre leurs corps refoulant ainsi les requins. Au quatrième jour, un avion de la Navy repère les naufragés mais ne parvient pas à identifier leur nationalité. Il reçoit l’ordre de continuer sa route. Cependant le pilote désobéit et amerrit pour tenter de sauver les rescapés. Certains, pour être prioritaires à monter dans l’avion, décident d’ôter leur gilet de sauvetage mais la plupart perdent la vie en se noyant immédiatement au vu de leur épuisement. Ensuite l’avion est trop petit pour faire monter le peu de rescapés encore vivants. La plupart désespérés vont jusqu’à s’attacher  aux ailes de l’avion avec des parachutes. Au final sur les 1197 marins de l’USS Indianapolis, seuls 56 ont survécu.

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Mais Pour le capitaine McVay, le cauchemar ne s’arrête pas encore. En effet il est traduit en cour martiale. La Navy en faisant un bouc émissaire car les familles des victimes exigent de savoir pourquoi le navire n’a pas été secouru à temps. Au début la Navy accusa McVay de ne pas avoir envoyé de SOS. Mais c’est faux et il sera prouvé que trois signaux de détresse furent envoyés mais ignorés. Apparemment le capitaine du premier bateau était ivre lorsqu’il reçu le signal, le second avait demandé à ne pas être dérangé et le troisième croyait que c’était un piège des japonais. La Navy accusa alors McVay de ne pas avoir su éviter les torpilles. Or, c’était totalement impossible pour le capitaine, car l’Indianapolis n’était pas muni d’un sonar pour détecter les sous marins. C’est d’ailleurs pour cela que McVay avait demandé à être escorté, mais la Navy avait rejeté sa demande. C’était donc bel et bien la Navy qui était la plus responsable dans cette histoire. Et pourtant, elle se couvrit en rejetant tous les torts sur McVay. Les rescapés du naufrage témoignèrent alors en faveur de leur capitaine, affirmant que ce dernier avait tenu son rôle jusqu’au bout et avait permis de sauver des vies durant le drame. Mais rien n’y fit, la Navy avait trouvé le coupable idéal pour se dédouaner de ses torts. McVay perdit tout devant la cour martiale. Détruit, il se suicida en 1968 à l’âge de 70 ans. On comprend donc pourquoi l’histoire de l’Indianapolis était taboue et que les grands studios comme Universal ne préférèrent pas s’y frotter. L’Indianapolis était le navire qui livra les composants pour fabriquer les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Ce détail était déjà polémique, et il confère presque au drame terrible de ce croiseur américain la dimension d’un châtiment divin. Mais c’est bien évidemment l’histoire qui entoure McVay qui était subversive car elle démontrait au grand jour les méthodes ordurières de la Navy.

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Mais d’un autre côté, le récit de l’Indianapolis paraît très cinématographique et prometteur pour un film catastrophe mais aussi pour un drame humain. De plus, c’est également l’occasion noble de réhabiliter un homme condamné et persécuté à tort. De nombreux réalisateurs s’intéressent alors au projet. En 1991, Richard Thomas et Stacy Keach se lancent en réalisant un téléfilm intitulé Mission of the Shark : The Saga of the USS Indianapolis qui retrace le drame. Et il le retrace même de façon fidèle. Problème, ce film ne dispose que d’un format TV et d’un budget peu conséquent qui l’empêche d’avoir la puissance visuelle et dramatique nécessaire pour rendre justice au naufrage de l’Indianapolis. Seul le grand écran semble avoir ce pouvoir.

En 2001 cependant, une nouvelle enquête est ouverte et réhabilite le capitaine Charles McVay. Ce dernier est même blanchi par la Navy et la résolution est signée par le président Bill Clinton en personne. Cela ouvre donc de nouvelles perspectives au cinéma. Dans le courant de cette même année 2001, la Warner annonce déjà tenir un script sur le sujet baptisé The Captain and the Shark. Le scénario est signé John Hoffman et basé sur un livre de Doug Stanton. Pour la réalisation, les studios pensent à Barry Levinson, auteur de Good Morning Vietnam ou encore Rain Man entre autres ; mais aussi futur réalisateur de The Bay ne l’oublions pas.

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Pour le rôle du capitaine McVay qui sera au cœur de l’histoire, Mel Gibson est clairement envisagé, et perso quand y’a Mel Gibson qui est de la partie j’aime bien regarder. Le but de Captain and the Shark est donc de livrer une version fidèle et sans concessions du drame de l’Indianapolis. On parle déjà de tourner avec de vrais requins pour donner de la crédibilité et du réalisme au film. Mais quels requins ? En effet l’identité des squales tueurs de l’Indianapolis n’a pas vraiment été révélée. Dans la séquence des Dents de la Mer, Quint semble décrire des requins blancs. Certains ont ensuite parlé de plusieurs espèces (requins tigres, requins mako, requins de récifs). Mais au final les spécialistes soupçonnent surtout un requin assez peu connu du grand public qui est le requin longimane aussi appelé requin océanique. Un squale immédiatement identifiable de par son aileron et ses nageoires arrondis et ponctués d’une pointe blanche. Ce requin, pouvant atteindre les 3m50,  fut décrit par le commandant Cousteau comme « le plus dangereux des requins », plus même peut-être que le féroce requin-bouledogue. Comment se fait-il alors que ce prédateur n’ait pas fait parler plus de lui ? En réalité ces attaques sur l’homme sont officiellement rares car c’est un squale qui vit en haute mer et ne s’approche pas des côtes. Nous sommes donc peu amenés à le croiser. Cependant, étant particulièrement actif au grand large, il serait le principal meurtrier des naufragés et des rescapés de crash aérien. Ainsi, les scientifiques ont de bonnes raisons de penser que si le Requin océanique ne figure pas officiellement parmi les espèces les plus dangereuses pour l’homme, officieusement, il pourrait être le responsable d’un très grand nombre de morts dont les meurtres furent attribués à d’autres squales. The Captain and the Shark donnerait donc l’occasion de mettre en scène un prédateur de l’ombre inconnu de tous qui serait cependant le plus dangereux des requins.

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Je fais également un lien avec ce que j’avais dit dans ma chronique de Peur Bleue sur le fait que le renouveau du genre « Film de requin » se tourne vers l’aspect survival. The Captain and The Shark illustre clairement cette tendance. 

J’insiste beaucoup sur l’aspect « film de requin », mais au final, The Captain and the Shark est beaucoup plus ambitieux dans son projet. Il ne s’agit pas de faire un énième film surfant sur l’influence des Dents de la Mer mais bien un film historique et dramatique qui reproduit fidèlement le naufrage en incluant, outre les attaques de requins, les tueries entre les naufragés qui sont à l’origine de grand nombre de morts, la déshydratation, la noyade, la folie provoqué par l’eau de mer et la chaleur, les hallucinations… Mais surtout, le film s’intéresse au parcours du capitaine McVay avant, pendant et après le naufrage. Ainsi The Captain and the Shark a bien l’intention de montrer l’injustice dont fut victime cet homme et la descente aux enfers qu’elle engendra.

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Le projet est donc ambitieux et prometteur. La Warner semble bien vouloir s’impliquer. Mais The Captain and the Shark a un rival. Universal qui, comme je l’ai dit plus haut, avait d’abord refusé de faire un film sur le sujet a changé d’avis (sans doute suite à la réhabilitation officielle de Charles McVay). Leur projet d’intitule The Good Sailor et il serait réalisé par Brent Hanley (réalisateur d’Emprise). Cependant Universal veut elle aussi Mel Gibson pour interpréter McVay. Tiraillé entre les deux projets, l’acteur choisit finalement celui de The Captain and The Shark. Mais le projet tombe à l’eau.

Gibson est alors recontacté pour The Good Sailor qui serait désormais réalisé par Peter Weir ou Ron Howard (qui envisage cependant moins Mel Gibson que Russell Crowe dans le rôle du capitaine McVay). Mais en 2005, la distribution change encore et on parle de faire réaliser le projet par J.J.Abrams, connu à l’époque comme auteur de séries cultes telles qu’Alias ou Lost : Les Diaparus. Pour Abrams ce serait l’occasion d’effectuer son baptême de la réalisation sur grand écran. La production serait confiée à Chris Moore (producteur d’American Pie). Mais Abrams, ne voulant sans doute pas prendre de risques pour sa première réalisation, choisit l’offre de Tom Cruise pour réaliser Mission Impossible 3. Universal ne lâche cependant pas l’affaire. Elle décide de faire appel au scénariste, Robert Nelson Jacobs. Celui-ci s’inspire alors de l’histoire vraie d’Hunter Scott un jeune écolier de douze ans qui, après avoir vu Les Dents de la Mer, se fascina pour le drame de l’Indianapolis et qui rédigea un devoir qui était le fruit de rencontres avec des survivants. The Good Sailor mettrait alors en scène l’entretien entre l’enfant et le rescapé qui reverrait des scènes en flash-back.  

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Cependant, The Captain and the Shark refait surface en 2007. Il est désormais porté par Chris Kentis qui s’était fait remarquer avec son Open Water, en eaux profondes en 2003, film qui traitait d’une histoire de plongeurs perdus et confrontés à des requins. Kentis a donc déjà touché au « sujet requin ». Mais Le projet ne décolle pas. De plus, Open Water n’avait pas été une réussite, ce qui a surement découragé les studios. A l’image de l’Indianapolis, le projet de The Captain and the Shark semble couler définitivement.          

Il faut aussi dire qu’un tel film n‘est pas facile, le célèbre tournage torturant des Dents de la Mer a bien montré les difficultés qu’il y’a à tourner en pleine mer. De plus, le projet a perdu un peu (et j’ai bien dit un peu) de son intérêt, de son charme et de son audace car il est naît après la réhabilitation publique du capitaine McVay, or il aurait été encore plus intéressant avant. Ajoutez à cela qu’Hollywood est revenu sur les vieux préceptes d’ « Happy End » et a tendance à juger un projet tel que The Captain and the Shark comme trop sombre et trop déprimant pour le grand public.

8,5

Et Pourtant ! The Captain and The Shark, n’a apparemment pas encore sombré corps et biens tel que l’Indianapolis. En 2011, soit 10 ans après la naissance du projet, Robert Downey Jr et sa femme Susan, le relancent. Ils font appel au scénariste Robert Schenklan, lauréat du prix Pulitzer. Ce dernier serait reparti sur de nouvelles bases tout en s’inspirant du travail de Robert Nelson Jacobs sur le projet The Good Sailor.

Voilà donc de belles perspectives, car au vu de la popularité grandissante de Robert Downey Jr, le projet pourrait se voir pousser des ailes. De plus, Downey serait apparemment un ami fidèle de Mel Gibson qui est resté jusqu’à présent le premier pressenti pour le rôle du Capitaine McVay. Rien n’est cependant fait. Au final, aucune autre info n’a été dévoilée et à Hollywood les rumeurs vont bon train. The Captain and the Shark reste peut être à flots mais n’a pas vraiment fait surface.

9

Bien sûr le projet reste intéressant et ambitieux. Une fois encore, c’est d’ailleurs caricatural de ma part d’avoir inclus cette chronique dans un cycle « films de requins », car The Captain and the Shark vise clairement plus haut et semble vouloir se hisser au rang de drame Historique intense. Cependant vu la conjoncture actuelle à Hollywood, l’avenir du film est quelque peu compromis, au niveau de son éventuelle réalisation, mais aussi au niveau de sa tonalité qui risque d’être édulcorée pour répondre aux conventions actuelles. Ce film représente donc à mon sens moins d’intérêt, c’est pourquoi je l’évalue aussi sur ce dernier point.          

                     

 

Note Projet: 15,5/20

Note Viabilité : 08,5/20

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Commentaires
V
à James: problème c'est que la liberté artistique à Hollywood à l'heure actuelle.
J
Tout dépend de qui s'en charge. Pour le coup, il faudrait un réal de la vieille école. Ca ne sert à rien d'avancer des noms, mais je verrais bien un Robert Zemeckis, ou un Joe Johnston récupérer le filon et l'exploiter avec dignité...
V
à James: c'est vrai mais d'un côté il a lancé un nouveau concept dans le genre. Pour ce qui est du projet, il est évidemment très intéressant, mais j'ai peur qu'une adaptation à l'heure actuelle soit édulcorée.
J
Le fameux projet dont nous avions parlé ! Espérons qu'il verra le jour, pour peu qu'on ait un peu de réalisme et un tournage bien organisé, et hop, nouvelle référence du genre ni plus ni moins. Franchement, Open Water, c'était une horreur anti divertissante au possible (rien que la logique de penser à ce réal me dépasse).
V
à Borat: Ah je me disais aussi ! ;)
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