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13 janvier 2015

Megalopolis

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Drame, Science Fiction, Projet

Année : 1984-2005

Public : ?

Durée : ?

Nation : USA

Réalisateur : Francis Ford Coppola

Acteurs : Russell Crowe, Nicolas Cage, Robert De Niro, Paul Newman, Kevin Spacey, Edie Falco, Uma Thurman.

Synopsis : New York dans le futur. Un bras de fer acharné s’engage entre Serge Catilina, architecte de génie mégalomane, et homme torturé (qui aurait éventuellement le don d’arrêter le temps) et Frank Cicéron le maire de la ville et homme de pouvoir. Tout deux veulent reconstruire New York mais chacun à leur façon. Catilina pense en faire une utopie ultra moderne. Il s’engage alors dans une véritable croisade contre le gouvernement. 

Analyse critique :

Aujourd’hui je choisis de clore ce cycle dédié à Francis Ford Coppola. Certes on pourra me rétorquer que je n’ai pas abordé tous les films du cinéaste loin de là même. Mais entre ceux que je n’ai pas encore vu et ceux que j’ai visionné il y’a trop longtemps, j’avoue préférer me les réserver pour un second cycle éventuel.

Pour finir celui-ci disais-je, je choisis d’aborder son projet de film très ambitieux et jamais réalisé : Megalopolis. Comme pour le cycle Sergio Leone, je termine donc par un article de la section « Projets ».

Megalopolis a fait fantasmer plusieurs générations de cinéphiles, car Coppola le décrivait comme celui qui devait devenir son œuvre ultime de cinéma dans laquelle il donnerait tout. Quand on connaît le CV de Coppola, qui est sans doute l’un des plus grands noms du cinéma et le pilier du Nouvel Hollywood, cela fait saliver.

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Dans les années 70, ce cinéaste s’est rendu célèbre avec les deux premiers volets du Parrain qui furent tous deux oscarisés et qui rencontrèrent un succès public phénoménal. Il avait récidivé avec l’hallucinant et grandiose Apocalypse Now. Coppola savait allier art et succès public. Ces films témoignaient d’une puissance visuelle rarement égalée. Il était le roi d’Hollywood et pouvait donc espérer faire ce qu’il voulait avec l’appui des studios.

Mais dans les années 80, les choses changent radicalement. Le Nouvel Hollywood se meurt suite à l’échec retentissant de La Porte du Paradis de Michael Cimino. Coppola tente de réhabiliter le cinéma d’auteur avec Coup de Cœur qui sera un bide total qui endettera le réalisateur pendant près de dix ans.

Et pourtant, en 1984, le cinéaste a un énorme projet en tête. Ce projet c’est Megalopolis. Il était d’abord question d’une histoire de Science Fiction mettant en scène un architecte dissident, doué du don de pouvoir arrêter le temps et qui aurait pour ambition de transformer New York en une Mégalopole ultra moderne et utopique. A travers ce scénario, on peut retrouver, l’une des obsessions de Coppola : Le temps. D’ailleurs on notera que son film Rusty James sorti en 1983 parlait déjà du temps qui passe. Ici Coppola s’identifie à un homme capable de contrôler ce temps, il matérialise ainsi l’une de ses obsessions de cinéaste.

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En réalité pour cette histoire, le réalisateur s’inspire beaucoup d’un livre d’Ayn Rand intitulé La Source Vive. Ayn Rand, dont la philosophie est « le concept d’homme comme être héroïque ayant pour but son propre bonheur, pour activité la plus noble la réussite productive, et pour seul absolu raison. »

C’est à partir de là Coppola bâtit un univers proche de celui de Rand. Il rédige alors un premier scénario de 212 pages.   

Cependant, c’est un projet très ambitieux à travers lequel Coppola veut mettre tout son génie et sa force. Et les studios n’ont pas vraiment l’intention de le suivre.

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Cela peut paraître surprenant, au vu du palmarès de Coppola (Le Parrain, Le Parrain 2, Apocalypse Now). Mais les années 80 ne sont guère florissantes pour le cinéaste endetté qui accumule les échecs commerciaux (Coup de Cœur, Rusty James, Cotton Club, Les Jardins de Pierre). C’est aussi pour cela qu’en 1989, Coppola accepte de renier ses promesses et de réaliser un troisième chapitre du Parrain qui ne convaincra pas vraiment le public et ne lui permettra pas de retrouver sa notoriété.

Mais en 1992, il revient en force avec Dracula, une commande, qui est un énorme succès artistique et commercial. Il peut espérer retrouver la confiance des studios. Mais ces derniers se méfient de Coppola. Ils voient à travers lui un génie mégalo et incontrôlable qui pourrait les entraîner dans sa perte, si ce projet monumental échouait. Les Studios considèrent Megalopolis comme un délire irréalisable qui n’est qu’un fantasme dans l’esprit fou de Coppola. Cela dit on pouvait en dire autant d’Apocalypse Now qui fut une totale réussite et un gros succès. Mais on est trop loin des années 70 et les studios ne sont plus près à prendre de tels risques. Hollywood est définitivement devenu une industrie.

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Mais surtout le projet a largement évolué. A tel point que dans son discours, Coppola va désormais plus loin que Rand. Le cinéaste a trouvé une nouvelle inspiration, dans l’histoire de Rome. « Le New York d’aujourd’hui, soit l’Amérique Contemporaine, ressemble étonnamment à la République Romaine » déclare le cinéaste dans une interview à Scenario Magazine. Désormais l’histoire se concentre sur la lutte de pouvoir entre Serge Catilina, architecte de génie, libertaire et en proie à ses propres démons, et Frank Cicéron le Maire de New York avide de pouvoir. Coppola explique le lien entre son scénario et l’histoire romaine : « Je suis parti d’un incident très connu et très mystérieux de l’histoire romaine, pendant la période républicaine : La Conjuration de Catilina. Personne ne sait vraiment qui était Catilina, car ceux qui ont écrit sur lui étaient ses ennemis. J’ai replacé les protagonistes de cette histoire dans le New York d’aujourd’hui…il s’agit donc par beaucoup d’aspects, d’une métaphore, car si l’on se balade à New York en regardant bien, on pourrait croire Rome. »

Le cinéaste s’éloigne donc du projet initial qui semblait plus axé sur le futurisme et le fantastique.

 Au final, le réalisateur ne semble plus vraiment vouloir réaliser un film de Science fiction, mais plutôt un film contemporain sur la construction de notre futur.

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A travers cette histoire, Coppola veut montrer que notre monde et notre avenir se bâtissent sur les conflits personnels et les destins croisés d’hommes de pouvoir et de génie.

Il veut donc livrer une étude de la société humaine dans son ensemble. Traiter de son évolution mais également livrer une fresque riche et puissante méditant sur les aspects politiques, sociaux et culturels de la société humaine. Vous l’aurez compris, le projet, s’il est plus que fascinant, se révèle également ultra ambitieux. La productrice Linda Reisman, qui a travaillé avec Coppola sur ce projet, déclare « ce que je me rappelle du film, ce sont les grands thèmes ; les jeux de pouvoir, le racisme, la lutte entre le passé et l’avenir ; et la manière dont la métaphysique lie toutes ces choses ».  Le réalisateur ajoutera plus tard « le monde dans lequel nous vivrons se négocie maintenant » « Megalopolis est un film futuriste dans lequel on se soucie de savoir comment les artistes, les hommes d’affaires et les ouvriers vivront demain ».

Au niveau des influences cinématographiques, on peut sans risques citer le Metropolis de Fritz Lang et le Citizen Kane d’Orson Welles. Pour le scénario, le réalisateur semble, comme à sa manière se centrer avant tout sur les personnages plutôt que sur la politique. Et avec Serge Catilina, il s’offre un personnage haut et en couleur et complexe. Un génie architecte mégalo qui a aussi ses propres démons pour échapper à une vie torturé. Catilina mène une vie de débauche et de dépravation. D’ailleurs une des versions du scénario mettait en scène un scandale médiatique dû à une vidéo porno montrant Catilina avec une star du show biz dans le style de Britney Spears. Quelque part, avec ce personnage, Coppola se permet une vraie réflexion sur le pouvoir et la folie qui en découle. On peut imaginer jusqu’où Coppola aurait pu aller à ce niveau quand on regarde Apocalyspe Now ou Le Parrain. On peut aussi imaginer que Catilina soit par certains aspects un autoportrait de Coppola qui se retrouve dans la mégalomanie et l’ambition du personnage. C’est peut-être aussi pour cela, que dans un premier temps, le personnage de Catilina pouvait arriver à contrôler le temps, c’était un des fantasmes du cinéaste.

6,5

Mais plus que le protagoniste de Catilina. On sait qu’il y’ aurait eu une multitude de personnages secondaires qui seraient intervenus en lien avec la vie dépravé de Catilina. Tous les étages de la société et toutes les classes auraient ainsi pu être représentés à travers ces tas de personnages.

Clairement le projet de Coppola fait rêver, mais qui est prêt à le financer ? Le réalisateur tente de faire intervenir l’opinion publique en exposant son projet au grand jour.

Cependant au début du 21ème siècle, le cinéaste semble clairement déterminé et prêt. Il pense à un casting d’enfer qui réunirait Russell Crowe, Nicolas cage, Robert De Niro, Paul Newman, Kevin Spacey, Edie Falco et Uma Thurman. En 2001, le cinéaste aurait même tourné 30 heures de séquences d’essai à New York. Le projet semble se mettre en marche. La United Artist, au vu du travail préliminaire effectué par Coppola, serait prête à se charger de la distribution. Mais la grande marche sera stoppée par les attentats du 11 septembre 2001. Le traumatisme est tel, qu’il paraît mal venu pour beaucoup de réaliser un film sur la reconstruction de New York. Coppola raconte « Ça nous a vraiment compliqué la tâche…Tout à coup, on ne pouvait plus écrire sur New York sans parler de ce qui s’était produit, et des implications de ces évènements. Le Monde était en état de siège, et je ne savais pas comment parler de ça. J’ai essayé d’en parler ».

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Le projet reçoit donc un sérieux coup d’arrêt. Mais Coppola n’entend pas jeter l’éponge et continue à travailler durement sur Megalopolis jusqu’en 2005. Malgré sa volonté de fer, le cinéaste est bien obligé de s’incliner. A l’heure où les studios ne prennent plus aucun risque, il ne pourra pas obtenir 100 millions de dollars pour faire un film sur des architectes et ce malgré sa notoriété.

Il s’enfonce encore plus avec son film L’homme sans âge qui reçoit un accueil mitigé lors de sa sortie en 2007.

Le cinéaste tente de regagner sa notoriété d’autrefois, mais il n’est pas prêt à se prostituer comme ont pu le faire certains de ses confrères tels que Martin Scorsese ou Brian De Palma. Coppola reste le héros du Nouvel Hollywood, le symbole de la victoire du cinéma artistique sur le cinéma commercial dans les années 70. Aujourd’hui même si les temps ont changé et que ses confrères se sont adaptés à la grande industrie qu’est désormais Hollywood, Coppola reste insoumis et même s’il est prêt à accepter des commandes, il n’y renie jamais ses principes et en ce sens il est plus qu’admirable. Ce fut le pilier et l’un des initiateurs les plus importants du Nouvel Hollywood. Et aujourd’hui il en reste le seul vrai représentant. 

Qu’en est-il donc actuellement de Megalopolis ? Coppola pour sa part n’a jamais renoncé à faire le film, ce qui donne espoir à ses fans. Mais le réalisateur ne semble pas se faire d’illusions. En 2009 il déclarait « Je suis satisfait d’avoir écrit quelque chose. Un jour je lirai ce que j’ai écrit sur Megalopolis, et peut être que je changerai d’avis, mais c’est aussi un film qui coûte beaucoup d’argent, et personne n’est prêt à investir. Vous voyez bien ce que font les studios en ce moment ».

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Et oui Francis, malheureusement on le voit et on aimerait voir autre chose.

S’il avait pu être réalisé, Megalopolis aurait sans doute été un film aussi monumental que Le Parrain ou Apocalypse Now, voire même probablement le chef d’œuvre absolue de Coppola. A mi chemin entre la science fiction et le film contemporain il aurait pu presque lancer un nouveau genre, une sorte de film pré-futuriste.

Cependant les chances de voir ce film sont clairement très faibles vu la conjoncture actuelle à Hollywood. Le seul moyen pour Coppola serait de faire d’énormes compromis qui détruiraient probablement son histoire. Dans ce cas, je me range du côté du réalisateur. Mieux vaut que Megalopolis reste ce qu’il est : Un bon scénario et un fantasme cinéphage.       

    

 

Note Projet : 20/20

Note Viabilité : 06/20

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Commentaires
V
à Borat: Exactement
B
Ce serait trop cher et il lui faudrait l'appui d'un gros studio. Mais pour quel recette?
V
à Borat: Oui puis quand tu vois l'ampleur de Megalopolis...
B
Surtout que même ses autoproductions n'ont pas été de gros succès. Bon Tetro s'est bien défendu mais Twixt beaucoup moins.
V
à Borat: tout comme toi je ne pense pas qu'il le réalise un jour. L'autoproduction semble impossible vu l'ambition du projet. D'ailleurs même Coppola ne semble plus y croire
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