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28 novembre 2014

Il Était une Fois en Italie: Les Westerns de Sergio Leone

 

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Catégorie : Littérature

Genre : Biographie, analyse, cinéma

Année : 2005

Nombre de pages : 240

Nation : Grande Bretagne

Auteur : Christopher Frayling

Sujet : Sergio Leone est devenu une icône du cinéma italien en tant que créateur du western spaghetti. Ce réalisateur a d’abord commencé avec le Péplum en tant qu’assistant réalisateur, avant de faire son premier long métrage Le Colosse de Rhodes. Il gagne la célébrité dans un nouveau genre de western qu’il crée et qui sera surnommé « Western Spaghetti ». Christopher Frayling revient sur le parcours de Leone, l’analyse de ses films et l’héritage du réalisateur. 

Analyse critique :

Dans la continuité de notre cycle dédié à Sergio Leone, j’aborde ce bouquin de Sir Christopher Frayling intitulé Il Etait une Fois en Italie : Les westerns de Sergio Leone. Etant donné que nous en avons fini avec la période western du bonhomme, j’ai pensé qu’il était logique d’aborder ce livre, très bien fait et qui fut une source d’information très riche pour mes précédentes chroniques.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Sir Christopher Frayling est, on peut le dire, le spécialiste de Leone. Recteur du London’s Royal College of Art, il fut également professeur d’histoire culturelle pendant vingt ans. Il est surtout connu pour son travail à la BBC.

Ici, Frayling nous propose d’aborder les westerns de Leone. On ne parlera donc pas du dernier film du réalisateur Il Etait une Fois en Amérique. Ici il n’est question que des westerns.

En introduction on a la préface d’Estella Chung, conservatrice adjoint associé de L’Autry National Center’s Museum of the American West de Los Angeles et conservatrice adjointe de l’exposition « Il Etait une Fois en Italie : Les westerns de Sergio Leone ». Elle revient donc sur les figures mythiques de l’œuvre du réalisateur italien.

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Ensuite Christopher Frayling nous offre une biographie partielle de Leone qui traite aussi de son rapport au western. Cet italien est né dans une famille de cinéma. Sa mère était actrice et son père réalisateur.

Sergio Leone grandit sous une Italie fasciste dirigée par Mussolini et dans laquelle le cinéma était très contrôlé et calibrée par la censure (ce qui n’empêchera cependant pas de voir naître plusieurs chefs d’œuvres). C’est pourquoi lors des rares fois où il pouvait voir un western avec John Wayne, le jeune homme s’évadait. Pour lui l’Amérique représentait la liberté, ce désert aride étendu aussi loin qu’un océan qui offrait tous les horizons de liberté. A la fin de la seconde guerre mondiale, Leone deviendra assistant réalisateur et travaillera notamment sur le chef d’œuvre de Vittorio De Sica, Le Voleur de Bicyclette en 1946. Par la suite Leone travaillera avant tout sur des péplums. En 1960 il réalise enfin son premier film qui est lui aussi un Péplum de bonne qualité, intitulé Le Colosse de Rhodes. Après cela, on sait que Leone rêvait de faire des westerns (ce qui avait été déjà fait en Italie mais avec médiocrité). Il reprit alors un film d’Akira Kurosawa intitulé Le Garde du Corps pour faire un western d’un nouveau genre intitulé Pour une Poignée de Dollars. Le film tourné avec seulement 200 000 dollars fut un énorme succès. Succès qui lui permit de réaliser les opus suivant (...Et Pour Quelques Dollars de Plus, Le Bon La Brute et le Truand) d’une trilogie (la Trilogie des Dollars). Son style éclatant explose alors au grand jour. Un nouveau genre est né. Leone est même contacté par les studios américains pour lesquels il réalise un nouveau western qui est Il Etait une Fois dans L’Ouest. Frayling revient également sur les influences majeures qu’a utilisé Leone pour réaliser ses films. Dans Le Bon, La Brute et Le Truand par exemple on peut retrouver un ton proche de celui de Vera Cruz. Dans Il Etait une Fois dans L’Ouest, on trouve un clin d’œil à L’Homme des Vallées Perdues… Par la suite il se consacre à un autre projet, un film de gangsters intitulé Il Etait une Fois l’Amérique. Mais entre temps il réalisera Il Etait une Fois la Révolution, un autre western sur la révolte mexicaine et produira Mon Nom est Personne qui signera son adieu au genre.

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Après cette biographie/analyse, Frayling revient sur chaque western de Leone : Pour une Poignée de Dollars ; ...Et Pour Quelques Dollars de Plus ; Le Bon, La Brute et Le Truand ; Il Etait une Fois dans L’Ouest ; Il Etait une Fois la Révolution et même Mon Nom est Personne (bien que Leone l’ait seulement produit). Chaque film a droit à son résumé et à son analyse. Frayling resitue le contexte de la sortie du film, traite de ses thèmes, de son succès… Pour Il Etait une Fois dans L’Ouest, Frayling propose même un tableau récapitulatif de plusieurs pages sur les clins d’œil à d’autres westerns. Cette liste de référence a été obtenue suite à des longs entretiens avec Leone, Bertolucci, Argento et Donati. Les clins d’œil sont subtils, tellement parfois qu’on se demande si la référence est exacte (Frayling précise que ses interlocuteurs n’étaient pas certains de tout).         

Ensuite, on a la partie Interview, toutes réalisées par Frayling lui-même. La première interview est bien sûr celle du principal intéressé, à savoir Sergio Leone. Cette entrevue date de 1982 (donc avant la sortie d’Il Etait une Fois en Amérique), Leone venait de rendre visite à George Lucas sur le plateau du Retour du Jedi. Le réalisateur revient sur les différentes étapes de sa carrière, sur ses influences, sur la place de son œuvre dans la culture populaire, sur sa vision du monde et du cinéma. Une interview longue et très riche. Ensuite il y’a l’entretien avec Ennio Morricone le compositeur. Là encore une interview enrichissante dans laquelle le compositeur raconte que sa première rencontre avec Leone remonte à l’enfance. Morricone évoque bien évidemment sa façon de travailler mais également sa vision de Leone.

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Viennent ensuite les interviews des acteurs : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Eli Wallach et Claudia Cardinale. Tous reviennent également sur le personnage de Leone, leurs relations avec lui sur le plateau et en dehors. L’interview d’Eastwood est particulièrement intéressante puisqu’elle est recueillie en 1985 (en plein tournage de Pale Rider). Eastwood désormais réalisateur depuis longtemps évoque l’influence de Leone (bien qu’il semble réticent à la reconnaître) mais également sa vision du travail du réalisateur italien. Eastwood reproche à Leone de ne pas travailler sur des histoires riches, à ce sujet il déclare « En ce qui concerne les films que j’ai tournés avec Sergio, ils n’auraient pas valu grand-chose sans le style, car les histoires n’étaient pas très fortes. J’aime les bonnes histoires. » Ou encore « demandez au quidam dans la rue de quoi il y était question, il sera incapable de vous répondre. En Revanche, il se rappellera certains détails visuels qui l’ont marqué [faisant semblant de rejeter le poncho par-dessus son épaule] et le ‘’da-da-da-da-dum’’ [chantonnant les mesures d’ouverture du Bon, La Brute et Le Truand], et le cigare, le pistolet, ce qui nous ramène une fois de plus à l’aspect ‘’technique’’ ». Sa conclusion est donc « j’aimerais qu’il tourne un film à partir d’un scénario vraiment dense, d’une histoire forte. Ford, Hawks, Anthony Mann ne s’intéressaient pas d’abord aux détails pour s’occuper ensuite de l’intrigue. ‘’Commençons par ce superbe plan d’un Indien à L’horizon. ‘’ Ils choisissaient de bonnes histoires, denses et fortes. Sergio a parfois l’air de se demander : ‘’Voyons ce que symbolise cette bouteille’’ avant de réfléchir à l’histoire. »       

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Après les acteurs, on a les entrevues de Carlo Simi (chef décorateur), Tonino Delli Colli (directeur de la photographie), puis ceux des scénaristes : Luciano Vincenzoni, qui évoque également son  travail avorté sur un quatrième épisode des Dollars, en nous racontant le début de ce film-projet ; Sergio Donati et Bernardo Bertolucci. Toutes ces interviews sont plus enrichissantes les unes que les autres.

Ensuite on a droit à un article célèbre datant du 20 août 1983, publié par le journal italien Corriere della Serra et intitulé « A John Ford de la part d’un des ses disciples reconnaissants » par Sergio Leone. Dans cette article, Le réalisateur italien rend hommage à son maître, à celui qui l’a le plus influencé, et évoque son admiration pour le réalisateur américain. « Car si John Ford admirait ‘’Leoni’’ (nom que Ford avait attribué par erreur au réalisateur italien lors d’une lettre d’admiration), Leone ne cessera jamais de le regarder avec envie et un respect mêlé de révérence. » déclare Leone.     

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Après cela Frayling reprend la plume pour un long chapitre sur l’héritage de Leone. L’importance de son œuvre et son influence sur le cinéma en général. Leone contribua à relancer le western, donna naissance à un genre qui fut très prolifique dans les années 60 en Italie. Mais son œuvre permis également de remettre en selle le western américain qui eu droit à une seconde génération porté par Clint Eastwood, Don Siegel, Sam Peckimpah… Tous reconnaissent  le travail de Leone. Mais cela dépasse le cadre du western. La nouvelle génération d’Hollywood des années 70 (Coppola, Scorsese, Spielberg, Milius, Lucas, Carpenter) revendique son influence. Une influence qui perdurera encore des années plus tard sur George Miller, Quentin Tarantino ou encore Robert Rodriguez. A l’Est également avec des réalisateurs comme John Woo et Tsui Hark qui avoueront être inspiré par Leone. Bref un héritage riche qui dépasse largement le cadre du western.

Pour terminer, la Postface du livre est un entretien avec Martin Scorsese. Ce dernier avoue avoir mis du temps à apprécier les westerns de Leone, évoquant la réaction négative qu’il a eu à la vision du Bon, La Brute et Le Truand et d’Il Etait une Fois dans L’Ouest (qui est depuis devenu l’un de ses films préférés selon lui). Scorsese évoque également sa rencontre et son amitié avec Leone mais aussi l’influence de ce dernier. Le réalisateur américain avoue avoir puisé dans les chorégraphies des duels d’Il Etait une Fois dans L’Ouest pour les scènes de combat de Raging Bull.

Tout au long du bouquin, on a droit à des citations sur Leone venant de Clint Eastwood, Eli Wallach, Henry Fonda, James Coburn, Quentin Tarantino, Michael Madsen…

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A la fin du livre, on trouve toutes les fiches techniques des westerns de Leone.

Il Etait une Fois en Italie : Les Westerns de Sergio Leone se révèle donc être une source riche d’informations. Mais c’est aussi un livre très bien foutu, très bien présenté et très bien illustré. Par là entendez que le livre est plus que généreux en ce qui concerne les photos de films, de tournage, d’acteurs, de réalisateur. On trouve aussi les vieilles affiches en des tas de versions différentes.

Avec ce livre, Christopher Frayling signe ce qui est sans doute l’édition définitive sur les westerns de Leone. Du très beau boulot.   

        

Note : 17,5/20

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