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21 novembre 2014

Il Était une Fois la Révolution

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Western, Western Spaghetti, Western Zapata

Année : 1971

Public : Tous Publics

Durée : 2H30

Nation : Italie, USA

Réalisateur : Sergio Leone

Acteurs : Rod Steiger, James Coburn, Romolo Valli, Antoine Saint John, David Warbeck, Maria Monti

Synopsis : Mexique 1913, La Révolution fait rage. Emiliano Zapata et Pancho Villa remportent des victoires, Le président Francesco Ignacio Madero répartit les terres entre paysans par des réformes agraires et Victoriano Huerta, dont la fin est proche, tente d’inverser le processus révolutionnaire. Dans cette période de troubles et de chaos, Juan Miranda, bandit de grand chemin s’attaque à une diligence de bourgeois, puis fait ensuite la rencontre de John Mallory un ancien terroriste irlandais membre de l’IRA, spécialiste en dynamites et qui est venue au Mexique pour échapper au gouvernement britannique. Juan convainc John de s’associer à lui pour attaquer la banque de Mesa Verde. Les deux hommes veulent profiter du climat révolutionnaire pour mener leur attaque. Mais ils vont se retrouver malgré eux entraînés dans une révolution dont ils vont devenir les héros.    

Analyse critique :

En 1971, L’histoire d’amour qui liait Sergio Leone au western semble terminée. Après la Trilogie des Dollars, le réalisateur italien pensait déjà dire adieu au genre. Il avait en tête un nouveau projet intitulé Il Etait une Fois l’Amérique, un film de gangster mettant en scène des immigrés italiens de la pègre New Yorkaise. La Paramount, à laquelle il proposa le projet, lui demanda d’abord de réaliser un nouveau western. Et Leone réalisa un nouveau chef d’œuvre qui était Il Etait une Fois dans L’Ouest. Ce film marquait son adieu au genre qu’il enterrait en grande pompe.

A partir de là, il se consacra à Il Etait une Fois l’Amérique. Cependant le western n’en avait pas encore fini avec Sergio Leone. Il faut savoir que la Trilogie des Dollars avait lancé la naissance d’un nouveau genre, le western spaghetti qui donna naissance à une grande quantité de films en Italie. Le western spaghetti ne divisa même en sous genres : western opéra, western comédie, western thriller, western d’horreur, western musical et aussi et surtout western zapata. Ce dernier genre fut initié par le western à succès El Chuncho de Damiano Damiani qui se déroulait pendant la période de la révolution mexicaine. Par la suite d’autres films suivront le même mouvement, notamment le Compañeros de Sergio Corbucci. Ces westerns pouvaient être vus comme des westerns révolutionnaires reflétant le contexte de l’époque. Nous sommes en effet en plein cœur de la révolution maoïste, et les tendances de rébellion vont bon train en Europe. Pour sa part Leone veut au contraire faire un film qui va à l’encontre de l’idéologie de ces westerns et montrer ainsi la révolution sous un angle différent. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai hésité à mettre le tag western zapata pour ce film car quelque part il s’agit d’un anti western zapata. Ce nouveau projet devait aussi aider son ami et producteur Claudio Mancini et son beau frère Fulvio Morsella à produire un film ensemble. Cela aboutira à la création de leur société : la Rafran.

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Pendant un moment le réalisateur songea même à faire un remake de Viva Villa de 1934 et de remplacer Wallace Beery par Toshiro Mifune.    

Mais voilà, Leone estime en avoir finit avec le western. Intéressé cependant par ce nouveau film du genre, il choisit de seulement le produire et d’en confier la réalisation à un autre. Les Studios pensent d’abord à Peter Bogdanovitch réalisateur de La Cible. Mais lors de leur premier entretien, les deux hommes ne s’entendent pas. Lorsque Leone parla de zoom à Bogdanovitch, celui-ci aurait rétorqué qu’il détestait les zooms. Vous comprendrez aisément que le courant ne soit pas passé entre les deux hommes. Le scénariste Luciano Vincenzoni raconte lui-même « Dés le début, on a pu se rendre compte que ça ne marcherait pas avec Peter Bogdanovitch comme réalisateur et Sergio Leone comme producteur. Sergio était arrogant et plutôt inculte, et Peter était arrogant et cultivé ». Il pense ensuite à Sam Peckimpah dont il avait admiré La Horde Sauvage. Mais ce dernier refuse pour tourner Les Chiens de Pailles.  

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Leone se dira que l’on est jamais mieux servi que par soi même et acceptera la réalisation de ce qui doit être son dernier western. Il choisit de l’intituler C’era una Volta la Rivoluzione (soit « Il Etait une fois la Révolution »). Les producteurs refusent, craignant la confusion avec Prima della Rivoluzione de Bernardo Bertolucci. Leone rebaptise le film Giù la testa, Coglione (« Baisse la tête, couillon ») Le « coglione » sera retiré. Pour l’importation à l’international, le titre italien est traduit par Duck You Sucker (phrase emblématique du film traduite en français par « Planque-toi connard !». Finalement le film est là encore rebaptisé A Fistful of Dynamite (« Pour une Poignée de Dynamites ») en référence à Pour une Poignée de Dollars. Seul la France respectera la volonté initiale du réalisateur et exploitera le film sous le titre d’Il Etait une Fois la Révolution (sans doute pour jouer sur le succès énorme qu’avait obtenu Il Etait une Fois dans L’Ouest en France).

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Leone met donc lui-même en scène cette histoire d’un bandit mexicain rencontrant un terroriste irlandais, ancien membre de l’IRA. Alors qu’ils prévoient de braquer une banque, ils vont se retrouver entraînés dans la Révolution.

Pour écrire le film, il fait appel à son ancien scénariste Luciano Vincenzoni qui avait déjà travaillé sur les scénarios de ...Et Pour Quelques Dollars de Plus et du Bon, La Brute et le Truand. Mais aussi à Sergio Donati qui avait bossé sur les deux mêmes films que Vincenzoni, mais aussi sur Il Etait une Fois dans L’Ouest.   

Déjà à la base, l’idée d’une amitié entre un terroriste irlandais et un hors-la-loi mexicain est absolument géniale. Cela dit, elle s’inspire sans doute de l’amitié entre un truand mexicain et un trafiquant d’armes suédois, mise en scène dans Compañeros. Car oui le film de Corbucci a probablement quelque peu inspiré Il Etait une Fois la Révolution (juste retour des choses dans le fond puisque Leone a énormément influencé son ami et rival intime Sergio Corbucci).

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On citera volontiers l’introduction qui ouvre le film avec une phrase de Mao Tsé Toung :

« La Révolution n’est pas une fête, elle ne peut se faire avec élégance et courtoisie, la Révolution est un acte de violence ».

Cette phrase est bien vue car en même temps elle impose le film dans le même contexte que les westerns zapata et de l’autre elle montre que la vision de Leone va être radicalement différente.

Pour ce qui est de la réalisation, Leone fait une fois de plus part de l’étendue de son talent. La scène d’ouverture avec un jet de pisse sur une colonie de fourmis. La scène dans la diligence avec les zooms gros comme des buildings, montrant ces bourgeois comme étant les bêtes qu’ils prétendent dénoncer. Le film regorge d’ingéniosités visuelles. Mais Il Etait une Fois la Révolution se révèle aussi être très spectaculaire. Leone met en scène plusieurs scènes de batailles impressionnantes. L’explosion du pont (comme dans Le Bon, La Brute et le Truand, mais en plus spectaculaire), la bataille finale suite à l’attentat du train, les scènes de massacres dans les fosses…. Le cinéaste veut du grand spectacle. Comme d’habitude tout est très bien filmé.

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Au niveau de la tonalité, le film débute sur un ton plutôt humoristique typiquement Leonien. Un ton notamment dût à la pâte de Vincenzoni dans les dialogues. Quelques exemples :

« Planque-toi Connard ! »

« Mèche Courte »

« Si tu appuie sur la gâchette tu me descend et si tu me descend je tombe. Et tu vois si je tombe, les cartes de ce pays ne sont plus valables »

« Tout ce dont on a besoin c’est d’une boîte d’allumettes et d’une paire de couilles et je t’assure que j’ai ça dans mon pantalon »

« Maintenant vous avez compris pourquoi on a besoin du grand connard ? »

« Mon doigt quand on l’a dans le cul ça fait mal ! »

On est presque dans la même veine humoristique et picaresque que celle de la Trilogie des Dollars. On peut d’ailleurs noter quelques petites ressemblances avec ...Et Pour Quelques Dollars de Plus qui narre lui aussi l’attaque d’une banque.

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Par la suite le film prend une tonalité beaucoup plus sombre, voire apocalyptique même, sur le final. L’humour est délaissé et les scènes dramatiques arrivent. Quelque part on peut voir dans ce changement radical de tonalité la désillusion de Sergio Leone par rapport aux mythes du western. D’ailleurs, Il Etait une Fois la Révolution semble s’imposer comme le film le plus sombre du réalisateur. Mais là où il fait fort, c’est au niveau de la profondeur des personnages et des sentiments. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur ce point. Il utilise à nouveau les Flash-back qui avaient eu un rôle important dans son film précédent (et qui en auront un encore plus important dans le film suivant). Ces Flash-back, comme dans Il Etait une Fois Dans L’Ouest, ont une tonalité parfois surréaliste (peut être entretenu par l’aspect muet). Ils contrastent avec les paysages désertiques servant de décor au présent du film, en nous montrant les vertes prairies et les pubs d’Irlande. A ce niveau là, on peut dire sans grand risque de se tromper que Leone est influencé par L’Homme Tranquille de son maître et idole John Ford. Bref on a droit à du grand Leone. Le réalisateur profitant notamment de son paysage (le film fut comme les précédents tourné en Andalousie).

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Pour ce qui est du décor, Leone pense immédiatement à Carlo Simi, qui jusqu’à présent s’est occupé de tous les décors des westerns du réalisateur. Mais malheureusement Simi n’est pas disponible pour faire le film. C’est finalement Dario Micheli qui le remplace, parvenant plutôt bien à reproduire cette période sombre de l’histoire mexicaine. Par ailleurs certains de ses décors sont clairement influencés par le travail de Simi sur les films précédents. Ce dernier qui était le décorateur attitré de Leone déclara plus tard : « Il y’a peut être des scènes que j’aurais vu autrement, mais chacun a sa propre sensibilité ».

Parlons maintenant du casting. Le film s’articulant sur un duo de personnages : John Mallory et Juan Miranda.

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Pour le premier, qui est un terroriste, expert en dynamite et ancien membre de l’IRA (là encore on peut voir une référence à Ford, ceci dit on note aussi une incohérence, puisque l’histoire se déroule en 1913 et que l’IRA ne sera fondée qu’en 1919), il pense d’entrée à Jason Robards pour qui le rôle a d’ailleurs été écrit. Robards avait déjà joué le personnage du Cheyenne dans Il Etait une Fois dans L’Ouest. Cependant les studios ne sont pas trop chauds pour Robards et de plus les membres de l’IRA étaient plutôt des jeunes têtes brûlés et de ce fait l’acteur n’a pas le profil. Ils choisissent donc Malcolm McDowell, beaucoup plus jeune, et qui vient de se faire repérer pour son excellente prestation dans If de Lindsay Anderson. Mais l’acteur déclinera l’offre pour aller faire L’Orange Mécanique avec Stanley Kubrick (d’ailleurs l’actrice qui joue la petite ami de John Mallory fait également une apparition dans L’Orange Mécanique). Une rumeur prétend que pendant un moment Clint Eastwood fut également envisagé mais qu’il refusa. Leone se rabat alors sur James Coburn, avec lequel il voulait travailler depuis longtemps. Coburn qui avait déjà joué dans plusieurs films, parmi lesquels des westerns (notamment Les Sept Mercenaires, Major Dundee et L’Or des Pistoleros). L’acteur signe une superbe prestation dans le rôle de cet aventurier solitaire qui n’est pas un pistolero comme dans les films précédents, mais un spécialiste de la dynamite (une sorte de « Dynamitero »). Son personnage est très intéressant car il est hanté par son passé et notamment ses erreurs se rattachant à cette période et qui lui pèsent sur la conscience. C’est également un ancien terroriste aux tendances révolutionnaires qui va perdre toutes ses illusions au long du film. Coburn prête alors ses traits incroyables (une gueule taillée au couteau avec des dents de cheval) pour ce personnage. Ce rôle va littéralement faire monter la carrière de Coburn un cran au dessus et rester l’un de ses plus célèbres mais également l’un des meilleurs.

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Le second personnage, celui de Juan Miranda, le bandit mexicain, fut écrit par Sergio Donati pour Eli Wallach. « Juan est le fils de Tuco » (Personnage du Bon, La Brute et le Truand) déclare t-il. Et clairement on n’en doute pas une seconde tant les deux personnages se ressemblent. Deux bandits sales, rusés, sans morale, grossiers, déballant des vulgarités très élaborées. D’ailleurs si vous parlez avec des gens qui ne sont pas trop cinéphages ou cinéphiles, vous pourrez voir que certains confondent les deux personnages ou les deux acteurs. Il n’y a donc pas de doutes, c’est Wallach qui  doit jouer le personnage. Problème l’acteur a d’autres engagements, Mais Leone insiste « Pas question ! Tu dois le faire ! », Il supplia Wallach d’accepter. Ce dernier qui était devenu un grand ami de Leone depuis Le Bon, La Brute et Le Truand finit par céder et fut d’accord pour interpréter Miranda. Quelques jours plus tard, Wallach qui s’était détaché de ses engagements, apprendra que les studios, qui voulaient une star américaine au casting, avaient finalement choisi Rod Steiger. « J’étais furieux » raconte Wallach, il est allé voir Leone pour lui demander de tenir sa promesse et l’a même menacé d’un procès mais le réalisateur s’en moquait et était surtout préoccupé par son film. Cette histoire mettra un terme définitif à l’amitié entre les deux hommes. C’est donc Rod Steiger, qui s’était rendu célèbre mondialement par son rôle dans le film Dans La Chaleur de la Nuit, qui est choisi. En réalité, on peut penser que Leone a regretté en partie le choix des studios. En effet les deux hommes ne vont pas du tout s’entendre et ne cesseront d’avoir de violentes disputes tout le long du tournage. Malgré tout, ils finiront par trouver un terrain d’entente et Steiger quelques années plus tard vantera même la façon dont Leone met en valeur ses acteurs. Steiger signe une prestation remarquable. Personnellement je trouve que c’est peut être le meilleur rôle de toute sa carrière. Il incarne remarquablement Juan, ce bandit pensant avant tout à lui et à sa famille. L’histoire d’un truand qui rêve de braquer une banque et qui, en allant jusqu’au bout de son idée, finit par devenir un héros de la révolution. Une sorte de Pancho Villa malgré lui. D’ailleurs, il dit à ce propos « Pancho Villa, le roi des bandits, il avait une paire de couilles comme ça ! Et maintenant qu’est ce qu’il est ? Rien du tout euh colonel…général. Et beh pour moi il a finit dans la merde ! ». Pourtant lui aussi va finir « dans la merde » et au final s’impliquer dans la révolution alors que le personnage de John Mallory va la lâcher. Les deux tendances entre les personnages s’inversent. Juan se veut également un personnage profond, d’abord assez stéréotypé (comme le personnage de Tuco dans la Trilogie des Dollars), puis il prend de plus en plus d’humanité notamment lorsqu’il perd sa famille. Steiger est une fois encore remarquable et contribue à la réussite du film.

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On a donc un duo intéressant car les deux personnages évoluent apprenant chacun l’un de l’autre et du contexte dans lequel il se trouve. Ce qui n’était pas le cas pour l’amitié Le Manchot/Colonel Mortimer, Blondin/Tuco, Harmonica/Cheyenne. Les personnages restaient eux-mêmes et très stéréotypés. On a dans ce film une profondeur au niveau des protagonistes qu’on ne trouvait pas dans les précédents.

Pour rester sur le casting, je citerai également Romolo Valli dans le rôle du Docteur Villega. Valli avait joué dans plusieurs chefs d’œuvres du cinéma italien comme La Grande Guerre, Le Guépard ou encore Le Jardin des Finzi Contini. Son personnage est lui aussi très intéressant. Villega est l’un des chefs de la révolution qui reste en retrait des combats (ce qui lui est reproché par le personnage de Mallory), c’est en quelques sorte l’un des cerveaux de la révolution. Il pourrait donc apparaître comme un méchant, notamment lorsqu’il vend ses alliés à l’ennemi mais pouvait-il en être autrement sous la torture ? C’est d’ailleurs là encore où le film prend ses distances sur les héros de résistance, en dressant le portrait d’un homme profondément convaincu par ses opinions qui finit inévitablement par oublier ses convictions sous la torture. Mais Villega est honnête et sa sincérité est prouvée lors de la scène finale par son suicide. Valli livre lui aussi une très bonne prestation. A ce propos, la scène de torture avait été tournée mais elle sera finalement retirée. Dommage on aurait pu voir encore mieux le talent de Valli mais d’un autre côté la suggestion de cette scène est puissante.

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Parlons maintenant des inévitables seconds couteaux des westerns leoniens. En tête du lot, un français. Antoine Saint John  accoutumée au rôle de sales types, faut dire qu’il a la gueule de l’emploi. Il incarne ici le colonel Günther Reza, un officier glacial, sanguinaire et impitoyable qui ne lâche pas un seul mot de tout le film. Pour le reste on retrouvera quelques têtes connus comme Benito Stefanelli ou encore Nazzareno Natale. Il y’a d’ailleurs une séquence qui à un moment donné montre défiler tout les leaders révolutionnaires recevant les instructions de Villega et on a droit à un sacré défilé de gueules comme les aime Leone.

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Concernant la musique, Le cinéaste renoue avec son éternel compositeur et ami Ennio Morricone. Comme dans les deux films précédents la musique est composée avant la réalisation. Une fois encore le maestro nous offre un plaisir auditif intense. Il signe ici l’une de ses plus belles partitions teintés par l’émotion que ce soit l’humour, l’amour, la tristesse ou la nostalgie. La musique est connue pour son fameux « Sean, Sean, Sean » qui est le nom de l’ancien ami irlandais de Mallory (d’ailleurs la première fois quoi que Juan lui demande son nom il répond Sean, à la seconde il corrige par John). La musique témoigne du fait que Mallory est encore hanté par ses souvenirs d’Irlande, la mort de son ami et la culpabilité. Morricone joue magnifiquement bien avec cette bande originale. Notamment dans le dernier flash back qui fut retiré de beaucoup de versions lors de la première sortie (ce qui était très regrettable). La musique montre la joie et le bonheur de John embrassant la fille puis petit à petit le son s’éteint et laisse place à une autre musique où Sean embrasse à son tour la jeune femme, on peut voir le sourire de John s’effacer peu à peu. Bref on a droit à du grand Morricone une fois de plus.  

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Pour en revenir à l’œuvre en elle-même, Il Etait une Fois la Révolution semble être le western de la désillusion pour Leone. Il y démystifie d’abord le Far West (il n’y a plus de duels, de héros solitaires, le gouvernement est l’oppresseur, il n y a plus de libertés ou de légendes…) puis la révolution. Leone répond aux soixante-huitards et aux westerns zapata et  montre que la révolution n’est pas la solution miracle, ni une fête mais bien un carnage manipulé et orchestré. On peut retenir le monologue de Juan : « Je les connais tes putains de révolutions, j’y suis né dedans figure toi ! Ceux qui savent lire dans les livres vont voir ceux qui savent pas lire dans les livres et leur disent ‘’il est temps de changer tout ça’’, puis s’assoient autour d’une table et ils parlent, et ils bouffent et ils parlent et ils bouffent, et pendant ce temps là les pauvres ils sont où ? Ils sont morts ! ….S’il te plaît, ne me parle plus de révolution… Et Quand c’est fini qu’est ce qui se passe ? Rien du tout ! Tout redevient comme avant pauvre con ! ». Suite à ce monologue John jette dans la boue Etatisme et Anarchie de Bakounine. Pour Leone c’est clair, il ne croit plus en la politique. Il déclara à ce propos « Les hommes de ma génération ont entendu trop de promesses. Ils avaient des rêves. Il ne leur reste que des regrets. Voilà pourquoi la révolution mexicaine de 1913 est mon prétexte pour faire dire : ‘’Qui dit révolution dit confusion’’ ». Les précédents films de Leone montraient déjà, la non croyance de son auteur aux idéologies. Mais ici c’est la première fois que le réalisateur évoque directement le sujet. En ce sens Il Etait une Fois la Révolution est son film le plus politique tout en étant paradoxalement apolitique.

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Certains voient en ce film une œuvre cynique, avis que ne partage pas Sergio Donati qui déclare « Je ne dirais pas cynique. C’est l’histoire d’un homme qui croyait à quelque chose, mais qui a perdu ses illusions. Or il rencontre un homme qui a des qualités de leader mais qui ne le sait pas. Il ne se décide à bouger que lorsqu’on massacre sa famille. Il ne comprend pas que le peuple mexicain est sa famille élargie. Je ne trouve pas que cette histoire soit cynique. Je la trouve même noble ». Personnellement je suis totalement d’accord avec lui.                           

A sa sortie Il Etait une Fois la Révolution n’obtiendra pas beaucoup de succès, à part en Italie où il fut mieux accueilli par la critique que les précédents films de Leone et en France. Comment expliquer cet échec ? Un mauvais titre d’exploitation, comme nous l’avons évoqué plus haut, Duck you sucker c’est beaucoup moins vendeur qu’Il Etait une Fois la Révolution. D’ailleurs étant donné que seule la France  possède ce titre, c’est aussi le seul pays où il existe la trilogie sur l’Amérique composée d’Il Etait une Fois Dans L’Ouest, Il Etait une Fois la Révolution et Il Etait une fois en Amérique.

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Ensuite le film étant vraiment démystificateur, certains aficionados n’ont pas répondu présents. On notera aussi que les affiches n’étaient pas terribles. Il Etait une Fois la Révolution est le western de Leone qui obtiendra le moins de succès, et l’œuvre la plus oublié de son auteur.

Il reste pourtant un masterpiece et une étape importante dans la filmographie du réalisateur. Un chef d’œuvre injustement peu cité.

    

Note : 18/20

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Commentaires
B
Disons qu'il est moins cité que les films réalisés avant comme après. Un très bon film où le duo fonctionne à merveille avec un James Coburn mélancolique et un Rod Steiger qui casse la baraque. Un film mélancolique en soi où on regarde le passé avec nostalgie... Beau!
V
Franchement la plupart des livres qui font des résumés dur Leone ou les autres réalisateur qui en parlent n'évoquent au final jamais ce film, donc oui je le trouve peu cité. Comme je le précise dans a chro je pense que c'est dû au manque de succès du film ailleurs qu'en France
A
peu cité... Faut pas exagérer non plus. Ca reste tout de même une sacrée référence, totalement justifiée par ailleurs
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