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7 novembre 2014

Pour une Poignée de Dollars

 

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Catégorie : Cinéma

Genre : Western Spaghetti

Année : 1964

Public : Tous Public

Durée : 1H30

Nation : Italie

Réalisateur : Sergio Leone

Acteurs : Clint Eastwood, Marianne Koch, Gian Maria Volonté, Wolfgang Lukschy, José Calvo, Josef Egger

Synopsis : Peu de temps après la guerre de Sécession, à la frontière américano-mexicaine, un étranger en poncho, arrive, à dos de mulet, dans la petite ville de San Miguel. Là bas, il ressent immédiatement le climat macabre et sordide du coin. Le tavernier, un certain Silvanito, lui apprend que la ville est le théâtre sanglant d’une guerre de clans entre les Baxter, des américains qui trafiquent des armes, et les Rojos, des mexicains qui font de la contrebande d’alcool. L’étranger tire profit de la situation en offrant ses services à l’un et l’autre clan. Mais dans cet affrontement sanglant, il tente également de sauver Marisól une jeune femme ainsi que sa famille. Cela va le placer dans une situation dangereuse.   

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Sergio Leone est considéré à juste titre comme le père du western spaghetti. Son premier du genre n’est autre que Pour une Poignée de Dollars, film culte qui rencontra un vif succès à l’époque. Pour une Poignée de Dollars a été une façon nouvelle d’aborder le western. Il est aujourd’hui considéré par beaucoup comme un film date et novateur. Si l’influence de cette œuvre est indéniable, il faut aussi savoir que le film ne mérite pas toujours les louanges qu’on lui chante.

Resituons d’abord le contexte. Sergio Leone avant d’être un faiseur de western, a surtout été mêlé aux Péplums. Ayant notamment collaboré sur Hélène de Troie, Les Derniers jours de Pompéi, Ben Hur et Sodome et Gomorrhe. Mais c’est en 1961 qu’il réalise son premier long métrage intitulé Le Colosse de Rhodes (chroniqué sur ce blog), un péplum de qualité qui l’a aidé à lancer sa carrière. Leone semble donc être partie pour devenir un réalisateur culte du genre. Mais il en a assez des péplums, ce genre qui pullule en Italie ne l’intéresse plus. Il pense alors au western un genre qu’il affectionne particulièrement en tant que grand fan de John Ford. Problème, le western est « la vache sacrée des américains », a-t-on le droit d’y toucher ? De plus quelle crédibilité pour un réalisateur italien faisant un style de film typiquement ricain ?

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Par ailleurs, contrairement à ce qui a été dit, Leone n’est pas le premier à avoir eu cette idée, et Pour une Poignée de Dollars n’est pas le premier western italien de l’histoire. Un certain nombre de films du genre avaient vu le jour en Italie entre la fin des années 50 et le début des années 60. Cependant ces westerns se révélaient bien souvent être des pâles copies des westerns américains. Et clairement ça sonnait faux (les acteurs étant généralement très mauvais).

En 1962, Sergio Leone avec Sergio Sollima (qui fait partie des 3 Sergios du western spaghetti) proposent ensemble aux producteurs de faire  un western italien. Mais ils vont se faire prier de foutre le camp les trois quarts du temps. Pourtant le western existe en Europe et marche. La preuve étant le western allemand alias « Western Choucroute » qui marche très bien avec Les Aventures de Winnetou. Mais en réalité, Leone et Sollima n’ont pas été les premiers à avoir un projet de western italien nouveau genre. C’est le troisième Sergio, à savoir Sergio Corbucci, ami et rival de Leone et futur réalisateur de Django, Le Grand Silence et Compañeros. Ce dernier travaillait sur un projet intitulé L’Homme du Minnesota, un western mettant en scène un pistolero aveugle qui se bat pour la justice. Il travailla sur le projet avec le chef décorateur Carlo Simi. Ce dernier va donc se renseigner sur l’ouest américain et dresser plusieurs plans et croquis. Mais Corbucci l’appellera pour lui dire que finalement le projet a été annulé. Plus tard Simi travaillera avec Leone sur son projet de western et ressortira le travail effectué pour Corbucci (voilà un argument utile pour les pros-Corbucci anti-Leone).

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Leone de son côté n’avait pas jeté l’éponge et avait bien l’intention de faire un western d’un genre nouveau. Il fut alors interpellé par un film intitulé Yojimbo ou Le Garde du Corps en français, réalisé par le grand Akira Kurosawa. Ce film, dont l’histoire est plus ou moins inspirée de La Moisson Rouge de Dashiell Hammet, met en scène un samouraï qui débarque dans un petit village où deux clans rivaux se livrent une guerre sans merci. Vicieux, manipulateur et excellent combattant, le samouraï décide de tirer profit de la situation, proposant ses services à l’un et à l’autre des clans. Ici le « héros » est donc aussi pourri que les méchants. Il ne se bat pas pour protéger les opprimés mais pour remplir sa bourse. Voilà le type de héros sur lequel veut travailler Leone. Par ailleurs John Sturges n’a-t-il pas eu la gloire avec son western Les Sept Mercenaires ? Simple remake des Sept Samouraïs du même Kurosawa. De plus l’adaptation du Garde du Corps en western ne nécessite pas un gros budget (le réalisateur composera avec 200 000 dollars seulement). Il entame alors le projet d’un western intitulé l’Etranger Magnifique dans un premier temps. Le scénario, écrit en seulement trois jours par Leone lui-même, reprend simplement les lignes du film de Kurosawa.

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Avec ce petit budget, Leone ne peut pas avoir grand-chose. Il doit se contenter du décor d’un film de série B espagnol, Zorro, au fin fond de l’Andalousie. Le tournage ne doit pas être trop long et a lieu dans la province d’Almeria en Espagne. Pour les acteurs, il doit là aussi faire avec ce qu’il a. Il utilise beaucoup d’acteurs italiens, souvent issus du Théâtre, et peu connus, comme pour José Calvo et Gian Maria Volonté. Il fait aussi appel à des interprètes allemands pour les seconds couteaux comme Wolfgang Lukschy et Sieghardt Rupp. Mais pour le rôle principal, il veut un américain. Il pense d’abord à Charles Bronson mais ce projet est très vite oublié, il se rabat alors sur Robert Harrisson, acteur culte de péplum qui décline l’invitation. Leone va alors se tourner vers un jeune acteur totalement inconnu à l’époque et nommé Clint Eastwood. Ce dernier joue un rôle dans la série western Rawhide, commencée en 1959. Leone était épaté par la façon dont le personnage de Clint Eastwood  arrivait à éclipser sans rien dire le héros officiel du film Eric Fleming. Il déclara à ce sujet « J’ai remarque que Clint ne parlait pas beaucoup. J’ai été frappé par sa manière décontracté, un peu paresseuse, d’entrer en scène et de voler la vedette à Eric Fleming sans avoir l’air d’y toucher ». Eastwood, lu une version très mal traduite du script, mais accepta ce pari casse gueule d’un western tourné en Italie et se basant sur un film japonais. L’acteur affirma qu’il voulait travailler « avec ce petit nouveau », mais on  peut légitimement penser que sa carrière n’était pas flambante et qu’il avait besoin de bouffer (tout à son honneur). Par ailleurs Eastwood se battra pour avoir le moins de dialogue possible, voulant rendre son personnage mystérieux.   

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Le tournage sera assez rapide. Bien sûr Leone montre vraiment pour la première fois (malgré les qualités du Colosse de Rhodes) sa capacité à manier la caméra. Evidemment on a beaucoup parlé de la mise en scène de Pour une Poignée de Dollars dans laquelle on retrouve de nombreux gimmick typiques du cinéaste (gros plan sur les yeux, rythme lent, gros plan sur les détails…). Mise en scène très théâtrale par ailleurs et qui est apparu comme novatrice. Pour en revenir à ce que je disais au début, il y’a tout de même du recul à prendre (ce que beaucoup ne veulent pas faire). En effet sur plusieurs séquences, Leone se contente de pomper parfois plan par plan le film du Kurosawa. C’est notamment le cas lors des plans de l’allée principale, de la découverte du personnage de Piripero.

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Le réalisateur italien a par ailleurs déclaré, bien des années plus tard, s’en être « inspiré sans complexe ». « J’ai vu un film de Kurosawa : Yojimbo. On ne peut pas dire que c’était un chef-d’œuvre. Il s’agissait d’un démarquage de La Moisson rouge de Dashiell Hammett. Pourtant, le thème me plaisait : un homme arrive dans une ville où deux bandes rivales se font la guerre. Il se place entre les deux camps pour démolir chaque gang. J’ai songé qu’il fallait replacer cette histoire dans son pays d’origine : l’Amérique. Le film de Kurosawa se passait au Japon. En faire un western permettait de retrouver le sens de l’épopée. Et comme ce récit s’inspirait également d’Arlequin, serviteur de deux maîtres de Goldoni, je n’avais aucun complexe d’être italien pour opérer cette transplantation. Sans compter que l’inventeur du western n’est autre qu’Homère. Sans oublier que le western est un genre universel parce qu’il traite de l’individualisme. ». Voilà, donc c’est assez malhonnête de la part de Monsieur Leone (qui d’ailleurs n’était pas réputé pour être quelqu’un d’honnête) car il repompe parfois sans vergogne le film de Kurosawa.

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Il y’a d’ailleurs pas mal de fans acharnés du réalisateur italien qui ont tenté la contre attaque en invoquant le film La Clé de Verre, réalisé en 1942 par Stuart Heisler dont le réalisateur japonais se serait inspiré. En effet Kurosawa n’a jamais caché cette influence et d’ailleurs il est vrai que l’ambiance de son œuvre rappelle parfois celle du film d’Heisler. Cela dit on est loin du pompage contrairement à ce que prétendent certains « Leoniens », qui vont jusqu’à affirmer que la scène d’évasion du film de Kurosawa reprendrait au plan par plan celle de La Clé de Verre. J’invite quiconque à comparer les deux scènes et à me maintenir que Kurosawa pompe sur le film d’Heisler, car déjà les méthodes d’évasion sont totalement différentes et les plans aussi. Par contre, une fois les deux scènes comparées, visionnez celle de l’évasion de Pour une Poignée de Dollars et vous constaterez sans difficultés qu’elle est pompé presque plan par plan sur celle du film de Kurosawa.

Donc Leone a clairement pompé le grand maître du cinéma japonais, c’est d’ailleurs assez drôle de savoir que Sergio Leone est le réalisateur préféré de Quentin Tarantino alias « QT Color Laserjet 2200 », qui est un spécialiste du pompage, sauf que lui est plus malin, il se planque derrière l’hommage (je préfère Leone qui est plus franc dans le fond). Par ailleurs le réalisateur italien s’est plus ou moins racheté de sa déclaration en disant des années plus tard au sujet du Garde du Corps « en voyant ce film, j’ai compris tout le génie du maître Kurosawa ».

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Parlons des personnages à présent, le rôle principal tenu par Clint Eastwood est celui de L’étranger, l’homme sans nom (nommé Joe dans certaines versions). Eastwood, comme je l’ai dit plus haut, a très peu de dialogues et c’est tant mieux car ce n’est pas l’essence de son personnage. Il impose le mythe du héros taciturne, relax, fumeur de cigare qui deviendra le stéréotype du héros de western Spaghetti. On retrouve même ce type de héros dans Le Samouraï de Melville. Le jeu d’Eastwood est donc surtout dans son visage, ses expressions et sa gestuelle. En effet, le personnage propose un contraste très intéressant. Il marche doucement, il fume le cigare lentement, parle lentement, bouge lentement, prend son temps pour répondre… bref tout est très lent chez lui puis soudain ! Il dégaine le revolver et devient ultra rapide ! C’est ce contraste qui fait toute la force et tout le charme du personnage. Il s’apparente à un serpent qui dort mais dont la morsure est rapide comme l’éclair. Là encore il y’a certaines controverses sur le jeu d’Eastwood. Certains prétendent que c’est Leone qui a dirigé l’acteur de bout en bout, allant même jusqu’à poser une corde au sol pour lui montrer où marcher. A ce bruit qui court l’acteur a répondu ironiquement « Curieux qu’il soit le seul à avoir été obligé de faire ce genre de chose ».

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On retrouve ensuite Gian Maria Volonté, très grand acteur du cinéma italien engagé. Mais à l’époque de ce film, il était très peu connu et son rôle du bandit impitoyable Ramón va le propulser au rang de star. Volonté est parfait dans ce personnage, il a peut être tendance à sur-jouer un peu, mais sa prestation est franchement décapante. Mais à l’instar d’Eastwood (et de la plupart des acteurs qui travaillent avec Leone j’ai envie de dire), il doit beaucoup à son visage extraordinaire. Le casting est également composé de José Calvo très bon dans le personnage de Silvanito, Marriane Koch, actrice au regard marquant dans le rôle de Marisól. Les seconds couteaux sont également savoureux, puisqu’on retrouve des vraies « gueules », ce qui deviendra une marque de fabrique chez Leone. Comment oublier les visages de Mario Brega, Sieghardt Rupp, Benito Stefanelli, Aldo Sandrell entre autres. On peut aussi citer Josef Egger dans le rôle de Piripéro le croque Mort (que l’on retrouvera dans beaucoup de films de Leone).

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Pour rester sur les personnages et notamment sur le personnage principal (qui est une fois encore repris de celui du film de Kurosawa) il est en quelque sorte le « héros » officiel du film qui n’en est pas un. Il est même difficile de parler d’antihéros en ce qui le concerne, bien qu’il en soit probablement un. C’est un mercenaire, un tueur à gages, qui ne se bat pas pour défendre la veuve et l’orphelin comme les cow boys des westerns américains, mais pour empocher les dollars. Il n’a aucune idéologie, et ne pense qu’à son intérêt. Sur ce point là, c’est un personnage caractéristique des films de Leone. Le réalisateur italien exprime à travers son personnage son scepticisme sur les idéologies. Cela peut s’expliquer peut être par son père qui est passé de fasciste à socialiste, ce qui a pu donner à Leone une vision désillusionné des idéologies. Mais le personnage se montrera capable d’acte héroïque, notamment en sauvant les vies d’une femme et de sa famille. C’est pourtant ce personnage de mercenaire sans foi ni loi, attiré uniquement par l’appât du gain qui va séduire le public et qui conféra plus de réalisme au genre. C’était le contraire des westerns américain dans lesquels « On prenait les bonnes valeurs actuelles et on les appliquait à une époque qui avait été profondément violente » comme le disait si bien Leone. A travers ce personnage, se véhicule également la violence. La violence qui est aussi présente à travers les images et la mise en scène. Les personnages sont sadiques et tuent en riant.

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Mais surtout Pour une Poignée de Dollars est le premier western à montrer l’impact d’une balle. En effet dans les westerns américains, on voyait surtout les hommes s’effondrer à genoux quand ils étaient touchés. Ici, l’homme est éjecté en arrière sous le coup de la balle, ce qui renforce le réalisme. Aujourd’hui cela paraît banal, mais à l’époque c’était une révolution. A ce propos, Eastwood rapporte que Leone a brisé un autre tabou. A Hollywood, il existait une règle qui obligeait à montrer le tireur tirer, puis la victime tombant sur un autre plan (règle d’ailleurs appliqué à Rawhide). Leone, qui n’était pas au courant de cette règle, filmait le tireur et la victime, on pouvait ainsi tout voir dans le même plan pour la première fois. Le sang est également plus présent, la violence gratuite. Les passages à tabac, sévices et tortures vont devenir des passages obligés des westerns spaghettis. A un moment donné on voit même le meurtre d’une femme sans défense, chose rare à l’époque.

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Mais le gros point fort de ce film, c’est bien sur la Bande sonore. Pour la musique Leone se dirige vers un certain Ennio Morricone. Ce compositeur commence à se faire connaître dans le milieu. Leone fait appel à lui une fois le montage terminé. Anecdote sympa, lors de leur première rencontre, le compositeur reconnaît le réalisateur avec qui il avait autrefois été à l’école lors de leur enfance. «Notre dernière rencontre avait eu lieu dans la cour de récréation, où nous jouions encore au gendarme et au voleur » se souvient Morricone. A la base la musique de Morricone se veut assez classique, puisqu’il commence par un deguello très inspiré de celui de Rio Bravo. Puis petit à petit, il se met à se diriger vers d’autres horizons à la vision du film. Autre anecdote, Sergio Sollima, qui était présent à ce moment là, raconte qu’Ennio Morricone s’est endormi pendant la projection et qu’une fois la bobine terminée, il s’est installé et a commencé à composer la musique du film. « Pour moi ça tenait du miracle ! » raconte Sollima. La partition de Morricone n’a rien à voir avec la musique symphonique des westerns traditionnels, elle est instrumentale. Elle est aussi totalement inédite pour un western. Morricone raconte « Leone tenait à débarrasser ses films de tous les sons superflus. En outre, il voulait isoler les sons qu’il gardait et améliorer leur qualité. » Pour la première fois dans un western, on entendait une BO étonnante composée de Guitare Stratocaster, sifflements, claquements de fouet, cris étranges, cloches, cœurs, tambours…. La musique de Morricone tient peut être le plus grand rôle. A ce propos, Leone a déclaré « Je peux dire que Ennio Morricone n’est pas mon musicien. Il est mon scénariste, j’ai toujours remplacé les mauvais dialogues par la musique soulignant un regard ou un gros plan. C’est ma façon d’en dire beaucoup plus que par les dialogues ». Ainsi la musique de Morricone donne vie à ce film. La BO se vendra par ailleurs très bien.

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Peu avant sa sortie, le film qui se nommait l’Etranger Magnifique est renommé Pour Une Poignée de Dollars. Pas forcément confiant, Leone a choisit le pseudo de Bob Robertson (clin d’œil à son père réalisateur, dont le pseudo était Roberto Roberti). Nombreux membres de l’équipe vont prendre des pseudos américains pour donner de la crédibilité au western. Au final, Pour une Poignée de Dollars fait un énorme succès en Italie puis dans toute l’Europe. Certaines critiques sont mitigées et dénonce la violence et le style du film, d’autres y voient le renouveau du western, l’avenir donnera raison à ces derniers. Pour une Poignée de Dollars remplit les salles et lance un nouveau genre : Le Western Spaghetti. « Ce nom de western spaghetti est le plus con que j’ai jamais entendu » disait Leone. Le film sera un énorme succès, imposant Clint Eastwood acteur américain, comme une star en Europe et un inconnu dans son pays natal, ironie quand on connaît la future carrière du bonhomme. Cela dit, le boomerang finit toujours par revenir et le succès du film sera entravé par la question des droits. En effet, en plus d’avoir outrageusement pompé le film de Kurosawa, Leone ne s’est pas occupé de la question des droits d’auteur. Au final le réalisateur japonais traînera l’italien au tribunal et gagnera le procès. Kurosawa obtiendra tous les droits de Distribution sur tout l’Extrême Orient où le film fut également un énorme succès. Conclusion, les deux hommes y ont trouvé leurs comptes. Cela dit, ça coûtera cher à Leone qui ne percevra aucun salaire de la Jolly production étant donné le procès pour plagiat. Geste pas très jolie de la part de la Jolly, mais qui découle aussi de la malhonnêteté de Leone il faut le dire. Au final c’est ce qui poussera le réalisateur à monter sa propre société de production.

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Pour une Poignée de Dollars ne sortira aux USA qu’en 1967 (à cause du fait que les américains n’étaient pas du tout tentés par un western italien, mais aussi du blocage concernant la question des droits par rapport au film de Kurosawa). Le film sera éreinté par la critique, qui le qualifia d’ « ersatz de western » et qui lui reprochera son mauvais doublage et sa violence. Le public en revanche sera conquis et viendra remplir les salles.

Indéniablement Pour une Poignée de Dollars a changé la face du western et a permis l’avènement d’un nouveau genre. Pour autant son côté novateur doit, une fois encore, être relativisé, le film étant en grande partie une copie parfois plan par plan  du Garde du Corps de Kurosawa. Au final on admirera surtout l’ambiance  et la musique de Morricone. 

        

Note : 15/20

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Commentaires
V
à Hdef: Disons que sur Naveton il y'a eu tellement d’œuvres chroniquées, qu'au bout d'un moment je bloquais. Ensuite, depuis un certain temps, je préparais ce blog, et je bossais donc moins sur Naveton
V
à Hdef: Par ailleurs je ne publie pas autant que Naveton et me contente de 2 articles par semaines, le mardi et le vendredi.
H
Par ailleurs, évidemment, l'article est formidable et m'apprends pas mal de trucs sur le film. Et je trouve ta remarque sur le fait que Leone cadre tireur et victime dans un même plan, contrairement aux westerns hollywoodiens très juste ! Tu me donnes envie de le revoir pour la onzième fois !
H
C'est donc ton blog ! Ah bah c'est chouette ça! Moi qu'étais triste de voir si peu de chros de toi, Vince, sur naveton, je vais être gâté ! Félicitation, l'orque (c'est un orque ?) est super sur la couverture du blog ! Je viendrais souvent !
V
à Borat: Oui un bon film il faut cependant relativiser l'aspect novateur
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