Le Colosse de Rhodes

4 novembre 2014

Catégorie : Cinéma

Genre : Péplum, Aventure

Année : 1961

Public : Tous Publics

Durée : 2H15

Nation : Italie

Réalisateur : Sergio Leone

Acteurs : Rory Calhoun, Lea Massari, Georges Marchal

Synopsis : Darios un guerrier athénien, part rendre visite à son oncle sur l’île de Rhodes. Sur le port de cette île, vient d’être construit une gigantesque statue d’Apollon baptisée « Le Colosse ». A Rhodes, Darios s’éprend de Diala la fille de l’architecte du Colosse. Mais il va également se retrouver impliqué dans une action rebelle dirigée par Peliocles contre le tyran Xerxès. Darios devra combattre pour la rébellion, la survie et son amour avec Diala.

Analyse critique :

(Attention SPOILERS !)

Sergio Leone est avant tout connu pour être le père du western dit « Spaghetti ». Pourtant il faut savoir que le réalisateur italien a d’abord été enfermé dans le genre Péplum.

Sergio Leone, né à Rome d’un père réalisateur et d’une mère actrice, avait de bonnes dispositions pour le cinéma. Après des études sans le domaine, il a longtemps participé à plusieurs tournages en tant qu’assistant réalisateur ou réalisateur de seconde équipe. Il a notamment travaillé à la réalisation du chef d’œuvre de Vittorio de Sica, Le Voleur de Bicyclette, dans lequel il tient également un petit rôle de prêtre.

Ensuite, dans les années 50, il va travailler sur beaucoup de films, notamment des péplums. Les plus notables étant Quo Vadis de Mervyn Le Roy en 1951, Hélène de Troie de Robert Wise. Il va également travailler avec Fred Zinnemann sur Au Risque de te perdre. Il a aussi beaucoup bossé avec Mario Bonnard notamment sur Phryné, Courtisane d’Orient ou encore L’Esclave d’Orient. En fait, Leone va devenir l’assistant réalisateur par excellence des directeurs américains qui viennent faire leurs films en Italie. Le cinéaste italien raconte : « Comme Wise et Walsh avaient été satisfaits de moi, tous les américains s’étaient passé le mot. Dés qu’un film devait se faire sur le sol italien, j’étais contacté pour en être le premier assistant ». C’est ainsi qu’en 1959 William Wyler fait appel à lui pour l’assister sur le tournage du mythique et légendaire Ben-Hur. Leone y sera entre autres chargé de filmer la célèbre scène de la course de chars. En 1962 il assiste également Robert Aldrich sur Sodome et Gomorrhe. Mais le tournage qui va jouer un rôle certain dans sa carrière est celui des Derniers Jours de Pompéi réalisé par Mario Bonnard qu’il connaît donc déjà très bien. Durant le tournage, Bonnard tombe malade. C’est donc Leone avec l’aide de son futur rival Sergio Corbucci, et Ducio Tessari, qui finit le film. Pour le remercier Bonnard lui propose de réaliser un péplum. Leone accepte le défi un peu à contre cœur, car le réalisateur commence à en avoir marre de faire des péplums. Mais ce qui le convainc, c’est le fait que désormais il ne sera plus assistant réalisateur mais réalisateur ! Il a donc enfin l’occasion de réaliser son premier long métrage.

C’est en lisant un article sur les Sept Merveilles du monde, que le producteur Paolo Moffa proposera à Leone l’idée de faire un péplum sur le Colosse de Rhodes. Les 2 hommes vont bien s’entendre et se lancer dans le tournage.

Le Colosse de Rhodes narre donc l’histoire du guerrier athénien Darios et ses aventures sur l’île de Rhodes où un coup d’état se prépare.

Alors pour ce qui est de l’aspect historique du film, il vaut mieux passer son chemin car Le Colosse de Rhodes condense sans scrupules 5 siècles d’histoires ensemble. Et les anachronismes ne manquent pas, puisque déjà 100 ans environ séparent la bataille de Rhodes et le tremblement de terre de l’île.

Le Colosse de Rhodes reste un Péplum au fond assez classique. D’ailleurs on peut même dire qu’il se révèle très inspiré par Les Derniers jours de Pompéi dont on a parlé plus haut. Mais le traitement opéré par Leone fait quelque peu la différence. Certes au niveau de la réalisation cela reste assez digne d’un péplum classique bien foutu. De même que les décors en toc. Mais le réalisateur parvient à trouver également quelques trouvailles visuelles et profite de n’importe quelle occasion pour imposer son style en train de naître, à celui du péplum classique. Par exemple on peut parler d’un plan très cité, qui est le panoramique étendue sur 360° dans la vue de Darios qui découvre la salle des momies. A noter aussi que les chorégraphies du film ont été faites par Carla Ranalli l’épouse de Leone.

En réalité, on peut déjà voir à travers Le Colosse de Rhodes les éléments qui composeront le futur cinéma du réalisateur italien. L’intrigue (qui une fois encore est très inspirée des Derniers jours de Pompéi) met en scène deux clans (Les résistants Grecs et les phéniciens) et un « héros » au milieu pris dans le conflit.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que le héros Darios n’est pas vraiment l’archétype du héros de péplum. Rory Calhoun qui l’interprète, n’a rien à voir avec un Steve Reeves. Calhoun se veut même assez peu musclé pour un héros de péplum. Mais le personnage joue plus sur la ruse. Darios n’agit d’ailleurs pas vraiment au service d’une idéologie mais plus pour son intérêt. Ce qui deviendra une constante chez les personnages de Leone, qui avoue dans son cinéma son scepticisme face aux idéologies. Cela dit le personnage de Darios reste encore dans les normes et n’est pas le mercenaire que l’on pourra retrouver dans le film suivant du réalisateur. Il agit également pour l’amour de Diala.

Le Colosse de Rhodes se veut également être un péplum d’aventures ludique, entre batailles, jeux de cirque et fuites dans les sous terrains, dont même un repère secret à l’intérieur du Colosse, dans lequel a été aménagé une prison et une salle de torture, ce qui donne lieu à des séquences de violence. Là encore on peut voir préfigurer le style des prochains films de Leone à travers cette violence. Gorges transpercées par des flèches, séances de tortures. A ce propos le supplice de la cloche sera censuré à la sortie en salles du film. Cela dit la violence dans les péplums n’était pas nouvelle non plus.

A noter aussi que la séquence du combat sur le Colosse, serait une référence à La Mort aux Trousses et plus précisément à la célèbre séquence du Mont Rushmore. A travers le Colosse, certains ont même vu une vision critique de la Statue de la Liberté.

C’est d’ailleurs le réalisateur et comédien Noël Simsolo qui remarque à juste titre que dans le film les chaînes sont partout. Il y voit alors la métaphore d’un Sergio Leone enchaîné au genre du Péplum. Le tremblement de terre final détruisant tout, pourrait quelque part signifier la libération du réalisateur. Et le plan final montrant Darios qui s’enfuit avec Diala à cheval dans un paysage digne d’un western, annonce la future carrière de Leone.

Le Colosse de Rhodes reste donc un péplum de bonne facture qui doit avant tout à la réalisation de Leone. Avec le temps et la grandissante réputation du réalisateur, Le Colosse de Rhodes est devenu un film culte ! Un très bon Péplum ! Et de très bons débuts pour Sergio Leone !

Note : 15/20

Posté par Vince12 à 07:00 - Commentaires […] - Permalien [#]

Tags: Film Culte, Aventure, Années 60, Historique, Le Colosse de Rhodes, Péplum, Sergio Leone